De Pierre GROUIX,

Ce livre biographique nous aurions aimé l’écrire tant il est émouvant. Nous aurions aimé l’écrire parce que votre serviteur est dans les tranches d’age du père de Pierre Grouix et que les sentiments sont ressentis, partagés … Nous aussi de la génération de Camille Grouix nous avons fait à la fin de vie de nos parents, un retour aux origines. Génération plus une dira t-on.
Pierre Grouix écrit une histoire personnelle sur un fond historique du Maghreb entre 1850 et de nos jours. Pierre Grouix est à la recherche du père. Un père qui quitte Fès en 1958 à l’âge de 17 ans, qui n’y revient pas et qui ne parlera pas plus de cette période du Maroc.
Alors « Une jeunesse marocaine » est un « reflet de mon père ».
Pierre Grouix en écrivain averti et à qui on doit une trentaine d’ouvrages, va à 40 ans faire un travail biographique avec une précision saisissante s’étendant sur plusieurs générations. Il remonte aux origines de sa famille espagnole de Elche et aux origines auvergnates de sa famille française. En même temps il raconte finalement une histoire de l’immigration avec une description historique depuis la colonisation de l’Algérie et le protectorat marocain.
Tout y est conditions sociales, drames, réussite sociale, aventures, insécurité, passions. Tout cela alors que le monde connaît la période coloniale, 2 guerres, une guerre civile, la décolonisation. C’est une véritable saga qu’aurait aimé le cinéma américain. Ce cinéma américain dont Marc Fumaroli de l’Académie Française, qui en fait la préface, nous dit quel a été  son influence au cinéma Empire …
Ce livre est une histoire personnelle, dépasse l’auteur et devient une histoire des Français du Maroc. Pierre Grouix a le mérite de combler le déficit de littérature de mémoire de cette période au Maroc. Pensez donc une ville surgie de rien à Dar Debibah , Fès Ville Nouvelle (Fès VN), sous l’impulsion de Lyautey bâtisseur de génie, dont la croissance est fulgurante et qui 30 ans plus tard se vide de ses habitants chrétiens et juifs.
Cette vie éphémère pour certains comme le père de Pierre Grouix au Maroc n’a pu se construire ailleurs sans laisser des traces dans l’âme. Marc Fumaroli confond dans sa préface la période éphémère politique, de la durée des sentiments vécus qui marquent une jeunesse. Cela nous anciens fassis nous le savons.