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Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 2 janvier 2010 19:04:12

J'avais déjà abordé « l'histoire » de la poste à Fès, à propos de la photo du premier bureau de poste de la ville nouvelle; la perspicacité de notre correspondant local Ismaîl nous a permis de localiser l'emplacement.

J'ai retrouvé dans mes notes de lecture ..... en désordre, d'autres informations. Un ouvrage publié par la Résidence Générale de France au Maroc à l'occasion des dix ans du protectorat m'a fourni d'autres éléments complétés par des renseignements piqués à droite à gauche, dans des articles de journaux ou des livres évoquant au hasard d'un récit l'épopée de la poste marocaine. C'est la « compile » de mes connaissances actuelles sur la Poste au Maroc que je vous propose.

La première tentative française au Maroc de transport et de distribution de courrier a lieu en 1865 lorsque l'administration française ouvre à Tanger, une agence coloniale de poste, rattachée à la Direction d'Oran et gérée par le chancelier du Consulat de France : son action se limite à l'échange de courrier entre Tanger et la France.

Un service postal embryonnaire et privé existe dans les années 1870, assuré par des coureurs à pied- les rekkas- qui moyennant finance portent des plis dans tout le Maroc mais surtout vers le nord. Ils sont payés à la course selon la distance et l'urgence, par les commerçants et négociants qui ont organisé ce service.

On amène son courrier dans un lieu déterminé où les départs ont lieu, en principe, à des jours fixes, les plis urgents font l'objet d'un acheminement particulier. Un ramassage du courrier chez les expéditeurs est même organisé.
Le courrier est transporté dans des sacs ou des besaces en palmier nain (el carab)

A Fès les départs ont lieu au fondouk Nejjarine et l'on peut toujours voir à côté de la fontaine, l'emplacement de l'ancienne boutique postale, probablement le 1er bureau de poste de Fès.

Les commerçants européens utilisent peu ce service postal, jugé peu fiable. Chaque nation se méfie d'ailleurs des services organisés par les autres et veut contrôler l'acheminement des plis de bout en bout.



Les intérêts européens se développant à Tanger et à un degré moindre au Maroc, les postes étrangères essayent de s'implanter dans le pays et risquent à terme de concurrencer la poste française. La France décide alors de renforcer ses services et le 1er mai 1887, l'agence de Tanger, est transformée en recette de plein exercice, rattachée à la Direction des Bouches-du-Rhône et gérée cette fois par un agent de carrière.
Cette extension des attributions théoriques de ce bureau de poste ne modifie guère son champ d'action: seule la banlieue immédiate de Tanger est desservie, car l'arrière pays reste isolé et difficile à atteindre en particulier les villes de Fès et de Marrakech.

L'initiative privée européenne va devancer l'administration publique et organise un réseau de communications entre les villes de l'intérieur et de la côte. Les français Brudo et Gautsch créaient en 1891 et 1892 des services de coureurs à pied, l'un entre Mazagan et Marrakech, pour l'autre entre Tanger et Fès par Larache et El Ksar.

C'est ainsi que le 13 juillet 1892 un employé du magasin « Le Printemps » de Tanger arrive à Fès pour organiser le service de la « Poste française » entre Fès et Tanger.

Ce service postal français privé sera rattaché à l'administration française des P.T.T en 1893.

Les anglais, à l'initiative de Mac Léod, organisent en 1892 un service postal entre Tanger et Fès
Marx, un allemand, ouvre en 1893 un service entre Mogador et Marrakech, qui fut l'embryon de la poste allemande au Maroc.

Ces postes privées ne transportent au début que le courrier de leurs organisateurs, mais devant l'extension de l'activité commerciale au Maroc et pour diminuer les frais d'exploitation de leur service, elles proposent de transporter toutes les lettres que l'on voudra bien leur confier. Brudo et Gautsch mettent alors en vente des timbres-poste de valeurs diverses qui servent à l'affranchissement des lettres transportées dans leur réseau respectif.

Devant les résultats positifs acquis par ces postes privées, le Maghzen et les administrations françaises et étrangères décident d'organiser des services postaux réguliers et les entreprises privées finissent par disparaître devant les organisations officielles.

A suivre...



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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 2 janvier 2010 20:51:29

Par dahir chérifien, le Sultan Moulay Hassan créé, le 22 novembre 1892, des services de rekkas entre les villes du littoral et les villes de l'intérieur avec quatre lignes principales et cinq secondaires employant une trentaine de « rekkas » permanent

C'est ainsi que les principales villes du Maroc sont régulièrement desservies par des rekkas à pied. Des agents des postes chérifiennes appelés oumana el moustafadat sont à demeure dans ces villes et constatent la perception des droits postaux au moyen d'un cachet qu'ils apposent sur les lettres à transporter. Ils décrivent ensuite les lettres sur un registre, rétribuent directement eux-mêmes les rekkas avec le produit des taxes et versent semestriellement l'excédent dans les caisses du Maghzen !

Parallèlement à ce réseau maghzénien l'administration française, pour ne pas se faire distancer par les réseaux étrangers, ouvre des recettes-succursales, des recettes-distributions et des agences postales à Fès, El Ksar, Larache en 1893, Tetouan en 1895, puis dans les villes de la côte atlantique en 1899, Marrakech en 1903, Meknès en 1906 etc....

Ces bureaux sont reliés entre eux par des lignes de rekkas qui suivent à peu de chose près les mêmes itinéraires que les lignes chérifiennes.

Seuls les principaux bureaux effectuent toutes les opérations postales. Les bureaux secondaires n'assurent que l'acheminement des objets de correspondance ordinaires et recommandés.

L'organisation rationnelle des postes françaises et étrangères, basées sur des méthodes d'exploitation plus « modernes» recueillent les faveurs du public et la poste chérifienne périclite rapidement. Pour éviter d'être complètement dépassé le Maghzen décide de réorganiser son service postal sur des bases modernes et en janvier 1911 il confie ce soin à M. Biarnay, directeur des télégraphes chérifiens qui réunit alors les divers services marocains sous la dénomination d'Administration Chérifienne des Postes, des Télégraphes et des Téléphones.

Biarnay adjoint aux anciens agents marocains, des agents de carrière français, crée des timbres chérifiens, remplace les rekkas à pied par des courriers à cheval quotidiens, ce qui assure au service une régularité nouvelle. Mais les opérations effectuées par la poste chérifienne sont limitées uniquement au Maroc. Il reste donc difficile de rivaliser avec les postes étrangères.

C'est pourquoi, en 1913, le gouvernement du protectorat confie la réorganisation et l'exécution du service postal à l'administration française des Postes et des Télégraphes. Une convention est conclue le 1er octobre 1913, aux termes de laquelle l'administration française s'engage à supprimer les bureaux français établis dans la zone française du protectorat et à mettre à la disposition du Maghzen les fonctionnaires et les moyens nécessaires pour assurer l'exécution du service postal au Maroc

L'Office Marocain des Postes , des Télégraphes et des Téléphones est né.

Comme conséquence d'un accord intervenu entre la France et l'Espagne, les bureaux de poste espagnols sont supprimés dans la zone française le 1er août 1915, en même temps que les bureaux français disparaissent dans la zone espagnole. Les bureaux allemands furent « naturellement » fermés définitivement dès le 4 août 1914. Les bureaux anglais subsistent jusqu'au milieu des années 1920.

A l'intérieur du Maroc, le transport des dépêches se fait peu à peu par fourgon postal, puis automobile, automotrice, ou par les chemins de fer militaires. L'office des postes passe aussi des marchés avec des entreprises de transport et dans les régions éloignées les rekkas à cheval ou à pied auront encore longtemps une place.
Les correspondances militaires pour les postes de l'avant sont acheminées à partir du dernier bureau « civil » par les soins du Service de la Trésorerie et des Postes aux armées par les moyens les plus appropriés au terrain !

Le service des colis postaux est assuré à partir du 1er mars 1916, d'abord limité à Casa intra-muros, il est étendu progressivement à toutes les villes du Maroc sièges d'un bureau de poste.

Les relations postales entre le Maroc et la France sont assurées par voie maritime entre Casa et Bordeaux ( Compagnie générale transatlantique),et entre Casa et Marseille (Compagnie Paquet).
Il existe aussi une voie dite mixte, maritime de Casa à Tanger et Algésiras ou Gibraltar, puis voie terrestre par l'Espagne.
La compagnie Latécoère assure la voie aérienne Casa-Rabat-Toulouse en moins de 2 jours ! 5 fois par semaine.

A suivre....

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 2 janvier 2010 21:45:05

A côté du service du courrier , l'Office marocain a aussi en charge le télégraphe. Jusqu'au début des années 1900, les seules communications télégraphiques « de l'intérieur » ne concernent que les lignes militaires de l'amalat d'Oudjda reliées au réseau algérien.

Vers 1906, à l'initiative d'Henri Popp, une société se constitue pour installer et exploiter des postes de télégraphie sans fil mais des difficultés surtout diplomatiques entravent le développement du projet. En 1908, le Maghzen rachète la société tout en laissant la direction de l'entreprise à Popp et crée l'administration des Télégraphes chérifiens. Des stations radiotélégraphiques sont ouvertes dès 1908 dans les villes de la côte atlantique (Tanger, Rabat, Casa et Mogador).
La station de Fès est ouverte en octobre 1911 et l'on sait les services qu'elle rendra lors des émeutes d'avril 1912 et le dévouement dont feront preuve les télégraphistes dans leur local du Douh (future chapelle St Michel), d'où Biarnay tentera de les faire échapper. Il ne réussira pas à les sauver tous.

Samuel Biarnay succède à Popp (dont il était l'adjoint depuis 1906) en 1910 et est à l'origine de la construction du réseau de lignes télégraphiques pour pallier aux insuffisances de rendement de la télégraphie sans fil. Tâche qui n'est pas exempte de difficultés quand on sait que dans beaucoup d'endroits au Maroc à cette époque là, les tribus rebelles n'hésitent pas à couper les poteaux télégraphiques . Heureusement Biarnay est Directeur de l'Administration chérifienne des Postes, des Télégraphes et des Téléphones et il peut toujours pour pallier aux insuffisances du télégraphe et aux poteaux coupés utiliser les rekkas pour faire passer les messages !

Les communications télégraphiques entre la France et le Maroc à la création du service s'écoulent par la voie terrestre Rabat-Tanger puis par les câbles Tanger-Oran-Marseille. Puis le câble Brest-Casa est mis en service en 1916. A l'intérieur du Maroc, les relations télégraphiques s'effectuent par des lignes aériennes appartenant en partie à l'Office chérifien et au Génie militaire.

Avant 1913, le réseau téléphonique urbain n'existe au Maroc qu'à Oudjda et il est relié au réseau algérien.
Dès la fusion des services français et chérifiens, le réseau téléphonique urbain est mis en place en 1913, à Rabat et à Casa d'abord et ces 2 réseaux sont rapidement reliées entre eux; puis le téléphone est installé à Fedhala, Salé et dans les villes de l'intérieur. En 1915, le réseau téléphonique avec ses circuits interurbains est presque complet...pouvant bientôt rivaliser avec les réseaux des voisins algériens et tunisiens.

Comme dans beaucoup d'autres domaines on est frappé par la rapidité avec laquelle ce service des Postes, Télégraphes et Téléphones s'est développé, signe du dynamisme des nouveaux arrivants mais aussi de l'efficace coopération des différentes populations pour la modernisation du pays.

A propos de Samuel Biarnay j'ajouterai qu'il resta à la direction de l'Office des PTT jusqu'en 1914, avant de prendre à la demande de Lyautey, la direction du service des Habous. Il mourût en octobre 1918.....de la grippe espagnole à 40 ans à peine.



La légende de la photo peu lisible: Groupe de télégraphistes survivant le 17 avril 1912 et dont les efforts ont beaucoup contribué à sauver la situation



2 modifications. Plus récente: 13/07/13 15:15 par jpb.

Pièces jointes: Télégraphistes ab.jpg (264.3KB)  
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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: angelo (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 18 janvier 2010 20:46:54

Bonjours, Bonsoir,
Je voudrais vous faire savoir, si vous ne le savez pas, que les abonnés ADSL de SFR, peuvent téléphoner au Maroc (aux n° fixes) gratuitement. Jusqu'au 31/12/2011.

Sauf les N° commençant par: 212 526 / : 212 527 / : 212 533 / : 212 534/ . ( Numéros à mobilité restreinte de l'opérateur WANA ).

Angelo

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Article sur les Postes
Envoyé par: OumAlawen (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 16 mars 2011 18:22:01

Bonjour Mr Georges Michel,
Je suis journaliste au magazine d'histoire Zamane et j'aimerais beaucoup vous poser des questions sur l'histoire postale marocaine.
Pourriez-vous me donner un numéro de téléphone en m'écrivant sur zoedeback (at)gmail.com? Merci beaucoup!

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 22 juin 2011 09:31:42

Zoé Deback vient de publier dans le numéro de juin de la revue Zamane l'article sur l'histoire de la poste au Maroc "la poste et le Makhzen". Malheureusement la revue n'est pas disponible en France(sauf abonnement) ....mais je l'ai acheté à Sefrou il y a 2 jours.

Je vais contacter Zoé et la revue Zamane pour voir s'il peuvent publier ou nous autoriser à publier au moins le texte de cet intéressant article, sur le site. Nous mentionnerons bien sûr les sources et les infos sur la revue car je sais que certains journaux ont "piraté" quelques articles de Zamane sans citer les sources ou les auteurs

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 18 août 2011 23:46:02

Zoé Deback et le directeur de la publication de Zamane, magazine francophone dédié à l'histoire du Maroc, diffusé uniquement au Maroc .... pour l'instant, nous autorisent à reproduire l'article de Zoé "La poste et le Maghzen" paru dans le numéro de Juin 2011.

J'ai scanné l'article et je l'envoie à notre webmallem pour publication sur le site sous la forme la plus adaptée.

Merci à l'équipe de Zamane.

Je mettrai un post sur le forum à propos de cette revue, premier et seul (?) magazine historique du Maroc

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: BISBIS (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 29 août 2011 02:51:51

Salut Georges,
J' espère que tes vacances se sont bien passées, et heureusement que tu as repris la plume pour remettre en route le forum !!
Comme toujours tes articles sont une mine d 'Or et je comprend que Zoé Deback ai eu envie de te contacter !! Maintenant il pourrait aussi glisser un petit article dans son journal sur notre Amicale. Nous comptons sur ta verve pour nous présenter à lui !
Amitiés DANY

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 24 octobre 2011 22:15:58

En attendant que le webmaster mette en ligne la version complète (texte et illustrations) du texte de Zoé Deback que je lui ai adressé mi-août je vous propose le texte seul. Un peu aride sans les images mais bien documenté sur les débuts de la poste chérifienne.

La poste et le Makhzen

Sous la pression coloniale, la compétition pour maîtriser le territoire marocain se traduit par une multitude de postes. Comment le transport du courrier va devenir un enjeu national.
Par Zoé Deback

Pendant des siècles, les Marocains se sont envoyé des messages (écrits ou oraux) en les confiant simplement à des voyageurs ou à des passeurs (zettat). Pour écrire à l'étranger, on pouvait remettre son courrier à un navire de passage, en priant pour qu'il arrive à bon port.

Depuis les années 1870, il existait aussi un service postal embryonnaire, celui des rekkas. Ces coureurs à pied étaient rétribués à la course, selon la distance et l'urgence. On amenait son courrier dans un lieu déterminé, souvent le souk, où les départs avaient lieu à des jours fixes. Parfois même, le courrier était ramassé chez les expéditeurs.

La féroce compétition des postes européennes
Mais au XIXème siècle, les négociants occidentaux, de plus en plus nombreux à s'installer sur le littoral marocain, ont besoin de correspondre avec leurs banques, filiales ou clients à l'étranger. Par ailleurs, il leur manque un service de courrier fiable pour l'arrière-pays, relié au littoral par d'occasionnelles caravanes. Ils n’utilisent guère le système des rekkas, jugé peu sûr. Tout naturellement, ce sont les représentations diplomatiques qui vont accueillir les premiers bureaux de poste européens. Ainsi, en 1852, le tout premier bureau français est simplement hébergé par le consulat de Tanger (avec des départs réguliers par bateau vers Marseille et Oran). En 1857, ils sont imités par les Britanniques (qui opèrent via Gibraltar), et en 1870, par les Espagnols. Les Allemands utilisent plutôt le transport proposé dès 1890 par leurs trois compagnies de paquebots (Atlas, OPDS et Woermann).
Face à la concurrence, la France décide de renforcer ses services. Le 1er mai 1887, l’agence de Tanger devient un bureau de recettes géré par un agent de carrière. Entre 1893 et 1902, les Français vont ouvrir quatorze bureaux de distribution (tous rattachés à Tanger), d'abord dans d’autres villes côtières puis dans l’arrière-pays. De même, les Britanniques vont inaugurer huit bureaux de 1886 à 1907. Les Allemands sont les derniers à arriver sur le marché de la poste proprement dite (en 1899), mais ils vont rapidement le dominer. Après avoir fait une étude de marché et envoyé des fonctionnaires de la poste allemande, ils ouvrent sept agences le 20 décembre 1899, dont Tanger comme bureau principal. Cassant les prix, offrant des primes de célérité à leurs rekkas, ils se retrouvent en tête en seulement cinq ans, notamment pour les mandats. Dans « L’A1lemagne et le Maroc de 1870 à 1905 » (éd. PUF, 1967), Pierre Guillen note que la poste allemande au Maroc a envoyé 1, 38 million de lettres, contre 1,13 pour les Français. Forte de son succès, 1’Allemagne va ouvrir neuf agences supplémentaires jusqu'en 1911.

Tous ces bureaux utilisent des timbres de métropole (puis de Gibraltar pour la Grande-Bretagne), qui seront très vite «surchargés» (tamponnés) pour signaler une utilisation exclusive au Maroc. La plupart portent une valeur «surchargée» en pesetas, une subdivision du rial hassani, la monnaie marocaine de 1’époque. Toujours est-il que l’essor de ces postes étrangères constitue une forme d’atteinte à la souveraineté de 1’Etat chérifen. En l’absence de poste nationale, le Makhzen ne peut guère protester, mais il va saisir la première occasion de créer lui-même une poste moderne.

Des courriers locaux sous influence
A leurs débuts, les postes étrangères restent essentiellement tournées vers l'extérieur et ne comblent pas le besoin d’un système postal au sein du pays.
C’est finalement l'initiative privée qui va se lancer dans ce marché, devançant l'administration. publique. En septembre 1891, le fils du vice-consul de France à Mazagan (E1 Jadida), un certain Isaac Brudo, crée le premier service postal privé entre Mazagan et Marrakech. Il engage d’intrépides rekkas capables d’effectuer en deux jours les 100 km du trajet, chargés de sacs de courrier pesant jusqu’à 30 kg ! C’est le premier service à émettre son propre timbre-poste, intitulé « Mazagan à Maroc » (ancien nom de Marrakech) et coûtant 25 centimes de peseta hassani. La «poste Brudo » rencontre un tel succès que sa fréquence (qui était d’un départ par semaine) augmente rapidement. Du coup, dès septembre 1892, les tarifs sont revus à la baisse: 10 centimes au lieu de 25. Autre preuve de réussite, un modèle de timbre devra être abandonné en 1899 car il a été « piraté»! Mais surtout, l'essor éclatant de la poste Brudo va inspirer d’autres entrepreneurs, très souvent issus de la communauté juive. Par exemple, le directeur de l'école israélite de Fès, Messod Bensimon, crée en 1897 la ligne Fès-Meknès. D’ailleurs, sur plusieurs modèles de timbres, figure une étoile à six branches, un symbole populaire particulièrement prisé dans la communauté juive. En tout, vingt «postes locales » seront créées jusqu’en 1906, sur seize trajets différents. Chacune émet ses propres séries de timbres, valables seulement pour un trajet donné. La plupart ont une durée de vie courte (1 à 4 ans), voire éphémère (4 mois). Les plus durables seront la poste Brudo (1891-1900) ; le courrier Fès-Sefrou, une ligne très active avec un courrier par semaine de 1894 à 1901 ; et la ligne Mogador-Marrakech (1893-1911), fondée par un Allemand (Marx & Co).
Au départ, toutes ces postes sont des initiatives privées, répondant souvent au besoin précis d’une compagnie. Parmi les entrepreneurs, on trouve beaucoup de commerçants, ainsi que deux banquiers européens – comme James Nahon, un banquier britannique de Tanger qui innove avec une liaison maritime Tanger-Larache en 1898.Toutefois il serait naïf de penser que la nationalité de ces propriétaires des postes importe peu, au moment où le territoire marocain est le théâtre d'une concurrence sans merci entre plusieurs puissances aux tendances colonisatrices prononcées (Grande-Bretagne, France, Espagne, Allemagne et, dans une moindre mesure, Italie et Portugal).
Dans certains cas, l'obédience est plus marquée: un particulier s’associe a un bureau de poste étranger ou à un diplomate. Ainsi, c’est un accord entre la poste française et la maison (française) Gautsch & Co qui crée la ligne Tanger-Fès en 1892. Le directeur de la poste anglaise, lui, s’associe au vice-consul d’Italie en 1897 pour concurrencer Brudo en ouvrant une ligne Mazagan-Marrakech. Au total, on dénombre dix postes sous « influence »française; les Espagnols en ont six sous leur coupe; les Britanniques, les Allemands et les Portugais, une seulement. Chaque nation se méfie plus ou moins des services organisés par les autres et veut contrôler l'acheminement de ses plis de bout en bout.
Si l’on y ajoute les quatre réseaux postaux « officiellement » étrangers, on aura une idée de la complexité de la situation postale marocaine au début du XXème siècle. Avec tous ces timbres différents, pas étonnant que le pays intéresse autant les philatélistes et les collectionneurs d’objets postaux ! D’autant que, le Maroc ne faisant pas encore partie de l’Union postale universelle (UPU), les lettres destinées à l'étranger doivent être remises aux postes étrangères, qui complètent l’affranchissement avec leurs propres timbres: ce sont les « affranchissements mixtes ». Toutefois les postes locales disparaîtront en moins de vingt ans, soit par manque de rentabilité, soit absorbées par les réseaux des postes étrangères (comme la ligne Brudo, cédée a la France en 1900).

Le sultan veut sa propre poste
Hassan Ier, suivant de près l’essor de la première poste privée, constate l’énorme potentiel économique du secteur. Les correspondances se développant aussi vite que le commerce, tous ces affranchissements sont autant de recettes perdues pour les coffres du Makhzen. Plus cruciaux encore sont les enjeux politiques. Par réflexe identitaire, certains notables voient les courriers étrangers d’un mauvais oeil. Le chérif de Ouezzane interdit même aux croyants d’utiliser les deux lignes de courriers El Ksar-Ouezzane inaugurées en 1896... Quant au Makhzen, il a bien conscience que le courrier, c’est l'information. Moulay Hassan ne peut accepter de perdre le contrôle des correspondances sur son territoire. Des l’année de la création de la poste Brudo, sa décision est prise : il propose de la racheter... et essuie un refus du Français, qui n’a guère envie de céder sa petite affaire déjà florissante !

La gloire du sceau,le fiasco du timbre
Qu'à cela ne tienne, Hassan Ier va l'imiter. Le dahir du 22 novembre 1892 organise la première poste chérifienne unifiée, appelée souvent « poste Makhzen ». Dans treize villes, est nommé un directeur régional (amin) qui dispose d’une autonomie financière. Dans les villes côtières, il reçoit 5% des taxes douanières prélevées dans les transactions commerciales des ports. Et dans les villes intérieures, 5% des taxes sur les moustafadat (proprietés de 1’Etat, comme les souks hebdomadaires et les abattoirs). Le amin est chargé de percevoir les droits postaux et de rétribuer rekkas et fonctionnaires. Chaque semestre, il verse l'excédent dans les caisses du Makhzen.
Une trentaine de rekkas vont desservir les treize villes en suivant huit lignes qui épousent les principales voies commerciales: Rabat-Essaouira, Rabat-Marrakech, Rabat-Tétouan, Rabat-Fès, Essaouira-Marrakech, Meknès-Fès, Fès-Tétouan et Larache-El Ksar. Le dahir est impressionnant de précision sur les fréquences, les jours de la semaine où les rekkas doivent partir, ainsi que les délais à respecter. On apprend par exemple que « l’amin de Fès assurera an départ sur Tanger tous les lundis et jeudis, emportant les lettres destinées à El Ksar, Larache, Tanger et Tétouan, et retournera à Fès porteur des lettres destinées à Fès et El Ksar, où il prendra également celles destinées à Fès et Meknés. Le délai de route de Fès à Tanger est fixé à cinq jours, le retour devant s’effectuer dès le lendemain. Le départ de Tanger aura lieu tous les mardis et samedis ». L’endurant rekkas doit donc abattre 50 km par jour, pendant cinq jours d'affilée, et repartir le lendemain.Le tout sur des routes peu praticables et dangereuses...
Au lieu de timbres, le dahir opte pour la force symbolique du sceau, marque historique du sultanat. Chacun des treize bureaux dispose de deux « cachets Makhzen »: un rond, destiné aux sacoches des rekkas, et un octogonal pour les lettres — sauf qu'apparemment ils n’ont jamais été utilisés ainsi. Par ailleurs, six couleurs d’encre sont employées : violet, noir, bleu, rouge, vert et orange. La combinaison de formes et de couleurs constituaient certainement un code destiné à aider les rekkas analphabètes. Mais les spécialistes (non pas historiens, mais collectionneurs passionnés !) ne l'ont toujours pas déchiffré... « Chaque amin, poursuit le dahir, mettra dans le sac un bulletin indiquant le nombre de lettres envoyées. L'amin des bureaux de transit prendra les lettres qui lui seront destinées et visera le bulletin; de même, il y ajoutera 1e nombre de lettres de son bureau qu’il remettra au rekkas. (...) Quant au tarif des lettres, il s'établit comme suit : les lettres qui pèseront une demi-once paieront le minimum, c'est-à-dire 8 mouzounat [sub-division traditionnelle du rial hassani]. Jusqu'à une once : 15 mouzounat. jusqu'à une once et demie: 24 mouzounat. (...) Les salaires des rekkas seront fixés par l'amin de chaque bureau. Les rekkas devront s’engager à ne pas se charger de lettres de particuliers qui ne seront pas mises dans les sacs; ceux qui enfreindront cette règle seront punis en conséquence ».
Hélas, la poste Makhzen souffre vite d'un manque de discipline des directeurs régionaux et a du mal à concurrencer les postes étrangères en pleine expansion, qui suivent de plus en plus des lignes de courrier similaires. Pour éviter d’être dépassé, le Makhzen décide de réorganiser son service postal de façon moderne. En janvier 1911, il confie cette tâche au Français Samuel Biarnay, qui réunit les divers services marocains sous le nom d'administration chérifienne des postes, des télégraphes et des téléphones. Biarnay va adjoindre aux Marocains des postiers de carrière français et remplacer les rekkas à pied par des courriers à cheval quotidiens.

Le dahir de réorganisation des postes de 1911 (signé par Moulay Abdelhafid) prévoit également une innovation importante pour l'international: le premier timbre chérifien, représentant la zaouïa des Aissaoua de Tanger. Malheureusement, le temps que cette série de vignettes soit imprimée (en France !) et émise au Maroc...nous sommes déjà le 22 mai 1912. Trop tard! Le traité du protectorat a été signé (le 30 mars). Ce qui aurait pu devenir le troisième symbole de souveraineté de la nation (après le drapeau et la monnaie) restera une curiosité pour les collectionneurs : un timbre émis alors que son pays n'est déjà plus souverain...

Une poste sous protectorat
La nouvelle situation politique a des répercussions immédiates sur la poste. Le 1er octobre 1913, la poste chérifienne fusionne avec les bureaux français (sauf à Tanger) pour créer l’Office marocain des postes, des télégraphes et des téléphones. Conséquence de la Première guerre mondiale et des accords entre puissances coloniales, la situation postale se clarifie peu à peu. Dès le 4 août 1914, les bureaux allemands sont fermés (mais perdurent jusqu’en 1919 du côté espagnol). Le 1er août 1915,les bureaux de poste espagnols sont supprimés dans la zone de protectorat français, et vice-versa. En revanche, les postes britanniques perdureront jusqu'en 1938 en zone française.
Reste aux colonisateurs une question à régler, celle des timbres. Elle est loin d'être anecdotiques: ces vignettes expédiées dans le monde entier (et, déjà, convoitées par les philatélistes) sont les meilleurs ambassadeurs des nations... mais aussi des possessions des puissances coloniales !Par exemple, en Algérie, les Français émettent des timbres marqués de leurs symboles nationaux. Mais ils savent qu’il leur faut ménager la fierté des Marocains, qui ne sont officiellement que sous protectorat.
L'unique timbre chérifien de 1912 va être utilisé jusqu’en 1913 (1917 à Tanger), avant d'être remplacé par des timbres des bureaux français. Dès 1902, ils contenaient le mot «Maroc», outre les emblèmes de la France. Pourtant, en 1914, ils sont surchargés «Protectorat français» : une façon discrète mais limpide de marquer le territoire! C'est seulement en 1917 qu'apparaissent les timbres définitifs du protectorat, conçus par le résident général Lyautey pour apaiser les Marocains. Ils ne portent aucune mention de la France, mais seulement le mot « Maroc », en français et en arabe. Dessinées par le peintre orientaliste Joseph de la Nézière, la série représente six monuments, tous construits à une période dorée de l'histoire marocaine, comme le grand mechouar de Fès (Mérinides), la tour Hassan à Rabat (Yacoub El Mansour) ou Bab-el-Mansour à Meknès (Moulay Ismael). De même, en zone nord, les Espagnols utilisent d’abord des timbres métropolitains surchargés «Protectorado Español en Marruecos», mais optent en 1928 pour des émissions semblables à celles des Français. On peut même y voir une forme de compétition. Les timbres des Espagnols ont des thématiques moins « orientalistes », plutôt liées au quotidien et aux traditions.
Quant au transport du courrier, il se modernise peu à peu. Un service de colis postaux est assuré à partir du 1er mars 1916 et les fourgons postaux sont de plus en plus utilisés. L’office des postes passe aussi des marchés avec des entreprises de transport. En 1924, Lyautey inaugure le premier courrier ferroviaire. Mais dans les régions éloignées, les rekkas à cheval ou à pied vont jouer encore longtemps leur rôle. Pour l'international, les bateaux transportent toujours la plupart du courrier; mais une petite révolution a lieu le 12 mars 1919, quand la compagnie Latécoère emporte les premières lettres de Casablanca vers Toulouse. En 1920, la poste marocaine intègre enfin l’UPU.
Mais pour que le mot « Maroc » sur les timbres cesse d’être un mensonge poli, il faudra attendre 1956 !

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: carole (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 25 octobre 2011 09:10:20

Merci, Georges, pour cette passionnante histoire du courrier au Maroc qui amène un peu de nouveauté sur le site

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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 13 juillet 2013 22:37:30

A propos de la 1ère liaison aéropostale au Maroc à l'occasion du raid du Petit Journal en septembre 1911, de Casablanca à Fez en Aéroplane.

M.Prevet directeur du Petit Journal propose à René Lebaut, un de ses journalistes qui a déjà « rouler sa bosse » sur différentes missions de la Pologne à la Mandchourie, en passant par le Caucase et qui a couvert comme correspondant de guerre la campagne de la Chaouïa des généraux d'Amade et Moinier, d'aller de Casablanca à Fès en aéroplane.

L'idée de base est qu'à cette époque où l'avion n'a jamais été utilisé en campagne, un raid de Casablanca à Fès, en terrain inconnu permettrait de montrer que l'avion est devenu d'un usage pratique et inspirerait « aux populations survolées un salutaire respect ».

René Lebaut est à peu près totalement ignorant de tout ce qui touche à l'aviation mais accepte sans hésiter la proposition de son directeur.

Il examine monoplans et biplans pour trouver celui qui sera le plus apte à répondre aux contraintes de la mission. Il choisit un appareil Bréguet et le constructeur Louis Bréguet, intéressé par le projet lui dit : « Choisissez et emportez. Je ne vous le vend pas, je vous le donne … ».

Henri Brégi, détaché à la Brayelle comme sapeur aérostier et qui venait de demander à servir au Maroc est le pilote de ce raid.

Les choses vont alors très vite. Le Bréguet, ailes démontées, enfermé dans une caisse, quitte Douai (où sont fabriqués les Bréguet) sur un truck de la Compagnie du Nord. En moins de cinq jours la caisse est amenée de Douai à Marseille et en quatre jours elle est transportée de Marseille à Casablanca.

Le seul terrain d'envol acceptable à Casablanca est … la plage où le sable humide à marée basse offre une piste possible. Une semaine de réglages est nécessaire pour permettre les essais en vol.

Le 11 septembre 1911 à 17 heures « l'oiseau à vapeur » comme l'appelle les marocains décolle. Le biplan survole Casablanca, avec ses maisons à terrasse et ses minarets, puis la rade avant de se poser « sans la moindre secousse » sur la plage.

Le départ pour Fès, prévu en principe pour le 12 septembre, est repoussé d'une journée : le consul de France à Casablanca, estimant nécessaire de survoler une nouvelle fois la Chaouïa pour impressionner les populations locales … au cas où un accident surviendrait au cours du raid et où on ne reverrait pas le Bréguet !

Un circuit d'une quarantaine de kilomètres est donc effectué le 12 septembre au dessus de l'oued Bouscoura, de Médiouna et de Fédhala pour impressionner d'ailleurs tout autant les européens dont beaucoup n'avaient jamais vu d'avion que les marocains.

Lebaut, décide avec le receveur des postes à Casablanca d'emmener du courrier pour Rabat, Meknès et Fès, un tampon spécial « Poste aérienne au Maroc du Petit Journal » a été fait pour l'occasion.

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L'avion est préparé et chargé: sac d'outils pour les réparations, pièces de rechange, la poste, des bidons d'huile et d'essence, du linge de rechange, un pistolet automatique, un browning et des munitions. Au total, c'était un poids de plus d'une tonne qui allait tenter le premier raid aérien au Maroc à une vitesse de 95 kilomètres à l'heure ».

En outre Lebaut emporte dix mille exemplaires d'un manifeste imprimé en arabe et qu'il se propose de lancer de l'avion tout le long de la route (autre façon de distribuer le courrier !)

Le 13 septembre 1911 au matin Lebaut prend place à l'avant de l'appareil, relié par une ficelle au pilote Brégi en place arrière. Cette ficelle attachée à son bras est destinée, dans l'impossibilité où ils sont de s'entendre à cause du bruit du moteur, à permettre à Brégi de lui demander de filer l'huile ou de pomper l'essence.

Le décollage s'effectue sans problème. Le vol n'est perturbé que par quelques turbulences aux passages au dessus des oueds, l'atterrissage à Rabat, au camp français, près du fort Rottembourg, est simple : 55 minutes pour couvrir 90 kilomètres avant de faire sauter les bouchons de champagne pour fêter l'événement.

Quelques réparations et le sirocco ne permettent pas de partir pour Meknès avant le 19 septembre. En attendant des vols de courte durée sont effectués pour impressionner les populations.

Du côté de Souk-el-Arba des Zemmours, des coups de feu sont tirés en direction de l'aéroplane, sans conséquence. La fin du vol est perturbée par une panne d'essence, alors que l'avion est à 1 500 mètres d'altitude et encore à une douzaine de kilomètres de Meknès. Brégi réussit en planant, à poser, sans encombre, son appareil dans un champ moissonné à quelques kilomètres du camp français. La descente avait duré 9 minutes.

Le 20 septembre au matin, départ pour Fès. « Le voyage de Meknès à Fès n'a pas d'histoire : il fut heureux. Partis à 5h40, trente cinq minutes plus tard nous atterrissons au camp de Dar Dbibagh après avoir décrit deux grandes spirales au-dessus de la capitale chérifienne ».

Le vol a été si rapide que la dépêche annonçant leur départ de Meknès arriva 10 minutes après eux et le Sultan ne put apercevoir depuis les terrasses du palais l'arrivée de l'avion.

Les deux aviateurs furent reçus par le Sultan Moulay-Hafid et lui remettent une lettre du général Moinier. Le Sultan souhaite un vol au dessus du palais … en ayant pris soin de leur demander auparavant s'ils avaient pu voir ce qui se passait dans les cours et sur les terrasses ! Mais le temps médiocre sur Fès ne permet pas un vol au dessus de la ville ce jour là et par la suite une panne de magnéto immobilise définitivement l'aéroplane.

Brégi et Lebaut ont accompli en trois fois, 300 kilomètres en trois heures et cinq minutes.

Même si ce n'était pas le but initial, c'est la première liaison aéropostale au Maroc. Lebaut avait prévenu au départ qu'il ne garantissait pas l'acheminement, mais tout le monde veut envoyer son courrier « par avion ». Lebaut ne prend qu'un paquet de cartes postales à chaque escale où le cachet « Trésor et Postes aux armées » avec la date du jour est appliqué au pied de l'avion juste avant le départ.

Brégi et Lebaut quittent Fès pour Tanger le 26 septembre 1911 … à dos de mulets. Ils embarquent pour Marseille sur le vapeur hollandais Sindoro le 1er octobre 1911, mission terminée.

A lire: De Casablanca à Fez en aéroplane (raid du petit journal) René Lebaut. Librairie du Petit Journal 19 rue Cadet Paris 1911



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Re: Postes,Télégraphes ,Téléphones
Envoyé par: jpb (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 14 juillet 2013 16:18:04

Bonjour Georges,

Un 13 juillet studieux pour le premier article rédigé comme promis avec l'insertion directement de photos dans le texte.
C'est une agréable illustration et l'oeil capte aussi par rapport à la photo l'intérêt du texte.
Merci pour le récit de cette aventure de "l'oiseau à vapeur", et on n'imagine mal comment il pilotait et surtout ce qu'ils emportaient avec eux.
On est fier de nos pionniers au Maroc !!

J'ai fait "ressortir" quelques photos dans d'autres textes.

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