LES VINGT ANS DU PROGRÈS DE FEZ

Le 21 juin 1942, le Progrès de Fez rappelle ses vingt ans d’existence :

C’est le 4 juin 1922 qu’il parut pour la première fois, et depuis cette date, il a continué à paraître régulièrement sauf une interruption de trois mois lors de la déclaration de la guerre en septembre 1939
Que de chemin parcouru depuis cette époque qui paraît déjà fort lointaine.
C'est en mai 1922 que l'idée de la création d'un journal à Fès commença à prendre consistance. Nous étions à cette époque la seule ville du Maroc sans « gazette ». Votre voisine Meknès éditait déjà, depuis six ans le « Meknès-Fez » aux destinées duquel présidait notre vieil ami Rutily. Marrakech possédait deux hebdomadaires : « Le Sud Marocain » et « l’Atlas » fondé récemment par l'ami du Pac. Quant aux villes de la Côte, elles étaient suffisamment pourvues de journaux de toutes sortes.

Raoul Aquadro, le doyen des entrepreneurs de Fès, fit part à quelques amis, de son idée de la création d'un hebdomadaire dans notre ville ; tous trouvèrent l'idée opportune et heureuse.
En moins de quarante-huit heures l'idée fut réalisée. Nos débuts ne furent pas sans difficultés et même nos dirigeants locaux ne virent pas sans une certaine appréhension la création d'un journal à Fès et je me souviens encore de la visite que nous fîmes au général Maurial pour lui annoncer la naissance du «  Progrès de Fez ». À ce général qui avait, au cours de sa carrière connu bien des difficultés, entrevu bien des dangers, la création d'un journal à Fès lui apparut comme contraire à l'ordre des choses établi : « Comment, nous dit-il, vous pensez créer un journal à Fès ? Mais, vous n'y songez pas sérieusement, vous, si peu nombreux, en présence d'une population marocaine si susceptible … !
Malgré cette appréhension et cette crainte du chef de la Région, le « Progrès de Fez » parut et cette parution n’eut aucun effet révolutionnaire sur la population marocaine de la Médina, laquelle bien au contraire suivit nos efforts avec une vive sympathie.
Quant à la population européenne, elle salua notre naissance avec joie comme un élément nouveau de prospérité et de défense de nos intérêts régionaux.
Notre ligne de conduite se résumait en ces quelques mots : « Le but de notre journal ? Vous le connaissez tous déjà, amis lecteurs, car c'est celui que chacun de nous poursuit patiemment et auquel vous avez tous jusqu'à ce jour consacré le plus clair de vos efforts.
Il suffit se résume en trois mots : Faire vivre Fès !
Et maintenant, chers lecteurs, si le Progrès de Fez vous a donné quelques satisfactions au cours de ces vingt années, s’il a été pour vous un organe utile, continuez à lui accorder votre confiance, qu'il croit mériter, il persévérera à mener le bon combat pour une prospérité plus grande et pour le véritable progrès de Fès et de sa région.

Parmi les fondateurs de notre hebdomadaire, nous relevons les noms de MM. Aquadro, Gagnardot, Jourdan, de la Foata, Albaret, Oulibou, Chevaleyre, Ayala, Hourdillé, Bouyon, etc …
Combien en reste-t-il de ces anciens ?