"Où irons-nous dimanche prochain ?" ou "Et l'on retrouve l'avenue Pétain !"
Envoyé par:
georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 2 décembre 2006 21:45:11
(d'après un article du Courrier du Maroc de mars 1943 , écrit probablement par Michel Kamm-père- ou Max Legarçon et intitulé « Promenades dans ma cité , de l'avenue Pétain au stade municipal ») .
Où irons nous dimanche prochain? Telle est la question que se posent beaucoup de Fassis. Voici un projet, suivez le guide:
Point de départ : Bureau des P.T.T. à l'intersection du boulevard Poeymirau ( avenue Mohamed V) et de l'avenue Pétain ( ex- de France et actuelle Hassan II ) .
Vous remontez l'avenue Pétain, face au bureau de garnison, sur le côté descendant, vous avez une station de voitures de place . Je vous l'indique, à tout hasard, mais je vous conseille vivement d'aller à pied, cela vous donnera du mouvement et les gosses, si vous en avez en seront ravis car l'espace ne manquera pas à leurs ébats .
Une première idée vous vient à l'esprit : pourquoi cette grande artère, une des plus larges du monde, n'est-elle pas aménagée ?
Et vous rêvez d'y voir une rivière descendant en cascades construites de façon rustique, des jets d'eau à profusion dans des bassins à poissons rouges, une féerie combinée de l'eau et de la lumière.
C'est un premier sujet de conversation .
Les gosses ajouteront qu'il y faudrait des parterres plantés de chien-dent bien vert pour s'y amuser et les dames souhaiteront qu'il y ait de nombreux bancs pour s'asseoir, discuter et attendre les gosses .
( l'avenue Hassan II est,en novembre 2006, en réfection totale depuis la place Gambetta/place de la Résistance avec son Mac Do jusqu'à la place Galliéni/place Ahmed al Mansour et sera prolongée d'une manière identique sur environ 500 mètres sur l'avenue Allal ben Abdallah; verrons- nous alors se réaliser ce rêve vieux de plus de 50 ans!).
Sur notre gauche, la silhouette austère du Tribunal, de style ...?, plus haut et à droite un jeu de boules . Les vieux fassis vous apprendront que cet emplacement( toujours vide en 2006) était réservé à la Salle des Fêtes . Une grande ville comme Fès se doit d'avoir un théâtre pour les troupes de passage (pas celles d'occupation !) et les soirées données par les sociétés d'artistes amateurs . Le théâtre est un art à encourager et une salle des fêtes serait très bien placée sur cette grande avenue.
Deuxième sujet de conversation et l'on se demandera pourquoi Fès n'a ni conservatoire de musique ni société d'artistes amateurs .
Jusqu'à la place Galliéni ( place Ahmed al Mansour), l'avenue est peu animée . A gauche les bureaux de différentes administrations, fermés le dimanche . A droite un terrain vague, un seul immeuble et une administration ( la direction des travaux publics) .
En haut de l'avenue, de grands palmiers, les premiers plantés sur cette avenue il y a vingt-cinq ans , ( vers 1918) .
Et nous voici devant l'ancienne gare de la voie de 60, vestige des temps héroïques du « Vieux Maroc » . Si vous avez la chance de rencontrer un « vieux marocain » vous entendrez conter, avec force détails, les voyages épiques dans le tortillard, sur le toît des wagons ou sur les bâches au-dessus des marchandises et des équipements militaires . ,
Vous apprendrez que c'est à cet emplacement que Lyautey décida des principes directeurs du plan de la ville de Fès : de très larges avenues, avec plusieurs rangées d'arbres, des rues larges avec voies montante et descendante, des immeubles à arcades, ..et aussi que par la suite ces principes directeurs ne furent pas toujours suivis ( mais cela vous le savez déjà !) . Enfin vous apprendrez que c'est là que seront construits les bureaux de la division et des services militaires . C'est chose décidée, les plans sont faits, mais... on en reparlera après la guerre .
Poursuivez votre promenade en prenant à droite la route de Meknès . Immédiatement à gauche, un grand chantier : on construit la rue qui desservira les immeubles de " l'Office chérifien des immeubles" pour européens . De nombreux ouvriers travaillent activement à ces immeubles ainsi qu'à ceux destinés aux militaires .
Contournez l'immeuble des Travaux Publics à votre droite et vous arrivez au Palais de la Foire de l'Artisanat .
Ce sera votre troisième sujet de conversation, car on ne peut pas comprendre que tous ces bâtiments ne servent pas en temps normal : quinze jours par an seulement pour la foire alors que l'on pourrait y organiser tous les mois une manifestation au moins, ce qui attirerait l'attention sur notre cité et lui amènerait de nombreux visiteurs .
Mais ...les bâtiments de la foire sont réquisitionnés ! D'accord, en attendant qu'ils soient libres préparons un programme pour animer notre bonne ville de Fès dès que la guerre sera terminée .
Arrivés rue de Castries ( avenue Al Houriya) vous filez sur le stade où le sport vous fera passer un moment agréable .
Evocation d'un temps déjà marqué par une certaine nostalgie du « vieux Maroc »et d'une époque où les projets doivent attendre la fin de la guerre . Les loisirs sont simples et la ballade en famille dans les rues de la ville qui change semble suffire au bonheur de tous .
Aurons-nous un autre guide pour la sortie de dimanche prochain ?!
Georges