Forum ADAFES (Amicale Des Anciens de FES
Faits historiques, photos et cartes postales 
Fès et sa région :  Forum ADAFES
Aller à la Page: 12Suivant
Page courante: 1 parmi 2
VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 25 septembre 2015 10:20:23

AUTOBUS SCOLAIRES

A l’occasion de la rentrée scolaire d’octobre 1933, la municipalité de Fès met en place un service d’autobus scolaires :
Le départ aura lieu Place du Commerce à 7h25, selon l’itinéraire suivant : le Stade, les villas du Tanger-Fès, la place Lyautey, l’avenue de France, la Gare à voie 0,60 m, le Parc du Génie, le Camp Fellert, Dar Debibagh, les lots vivriers, l’avenue de Sefrou, la rue Cuny, pour arriver au groupe scolaire de l’avenue Maurial.

Le retour pour le trajet inverse est à 11h30 au groupe scolaire de l’avenue Maurial.
L’après-midi, même itinéraire avec départ Place du Commerce à 13h00.
Retour à 17h00 à partir du groupe scolaire de l’avenue Maurial.

Pour la sortie des études du soir du lycée :
Départ du lycée à 18h30 ; itinéraire : Place Clémenceau, Camp Fellert, Dar Debibagh, lots vivriers, avenue de Sefrou, place Briand.

Les écoliers venant ou allant de Bou Jeloud dont le nombre est réduit, emprunteront le service général.

Les écoliers du lot Guichot (Dar Mahrès) utiliseront le service général. Toutefois ce service sera réglé de telle sorte qu’ils se trouveront à Guichot à 7h45 et 13h15. Ils trouveront place Briand à 11h40 et 17h10 l’autobus qui les emmènera à Guichot.

Les cartes scolaires sont distribuées au bureau des autobus, rue de la Martinière. Le tarif est de 15 francs par mois et par élève. Ce tarif sera réduit à 10 francs par mois et par élève pour les familles dont deux enfants ou plus emprunteront le réseau scolaire.


----------------------------------

Le départ du bus place du Commerce

Pièces jointes: Bus Pl. du Commerce.jpg (383KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 27 septembre 2015 19:10:38

AU KIOSQUE DE L'AVENUE MAURIAL


---------------------------

Tous les dimanches soirs, avant et pendant la guerre, l’orchestre philharmonique du 3ème Régiment de la Légion étrangère donnait un concert gratuit au kiosque de musique en Ville nouvelle.

J’ai trouvé dans la Dépêche de Fès du 11 juillet 1942, ce petit « billet d’humeur ».

Les Fassis ont le bonheur exceptionnel de pouvoir assister régulièrement au concert donné par l'excellente musique du 3ème Étranger, au square de l'avenue Maurial, sous l’habile direction de M. Candillier … Mais à part un petit groupe de connaisseurs et un autre petit groupe de gens bien élevés, les personnes qui viennent là donnent à l'audition un net caractère de « foire ». Hétaïres en rupture de ban, soldats « à moitié pompette », demoiselles à la recherche d'un mari, vieilles dames et vieux messieurs à la langue bien pendue, jeunes « beaux » à l’oeillade facile; tout ça tourne en rond et rigole et blague et crie et se moque des morceaux d'harmonie que scande avec vigueur et conviction le chef de musique.

Or cette manifestation devrait être marquée du sceau de la politesse et du silence. On n’y vient pas pour discuter, pour s'amuser comme des gamins de dix ans, pour admirer cuisses et jambes ou les exhiber. On y vient pour écouter et applaudir de la musique, un point c’est tout.

À la place de M. Candillier, je sais ce que je ferais en l’occurrence. Si je n’obtenais pas une discipline polie de la part des auditeurs, j'arrêterais immédiatement le concert et je donnerais l'ordre les musiciens de se rendre au quartier. Car, plus vous gâter certaines personnes, plus elles se moquent de vous.

Pièces jointes: 166-b Kiosque à musique.jpg (363.1KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: carole (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 27 septembre 2015 21:07:34

Dans le livre de Rebecca Arrouas,"Rebecca, française du Maroc" que tu m'as fait découvrir, elle parle de ces concerts auxquels elle assistait avec ravissement en compagnie de son cousin Charles.
Elle devait faire partie du "bon" public attentif et discipliné réclamé par l'auteur de ton "billet d'humeur" !

Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: aubert (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 28 septembre 2015 09:11:09

C'est un grand plaisir pour moi que vous évoquiez Rébecca ,elle a été l"un des piliers de la création de l'Amicale,et tant qu'elle a pu se déplacer,elle était toujours présente au Rassemblement à Valence !!!! sans oublier Charles Botbol !!!!
Bises
Micheline

Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 28 septembre 2015 18:11:20

Le livre de Rebecca Arrouas est un témoignage particulièrement intéressant sur les relations entre les différentes communautés de Fès. Dommage qu'il soit introuvable actuellement.

Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 28 septembre 2015 18:20:19

UN TOUR DERRIÈRE LE MARCHÉ

Réflexions du " promeneur solitaire " ... et anonyme, dans la Dépêche de Fès du 11 octobre 1941.

Lorsque la rue du Marché et la rue du commandant Mellier se rejoignent dans leurs courses vers le square Le Guével, elles conservent chacune jalousement leur dénomination propre. Ainsi la grande place triangulaire qu‘elles forment présente la particularité de changer de nom suivant qu’on se trouve sur l'un ou l'autre des trottoirs qui la bordent.

Cette place doublement parrainée mais en définitive sans nom est sans doute la plus tôt éveillée de notre ville. De bon matin les voitures de livraison, les carrioles des maraîchers, les attelages les plus divers et de temps à autres quelques automobiles viennent alimenter le marché en denrées fraîches que les ménagères se disputeront quelques heures plus tard.


---------------------
" La place sans nom "

Vers huit heures, le mur du marché s'anime. Les candidates cuisinières, laveuses, bonnes d'enfants et à tout faire, viennent s'accroupir à son pied dans l'attente rarement impatiente d'une éventuelle patronne avec laquelle il faudra vraisemblablement discuter ferme. Il est vrai que dans le cas d’une explication particulièrement laborieuse, il y a toujours à proximité une bonne camarade prête à venir à la rescousse pour convaincre ou pour mettre en fuite la « madame » en quête d’une perle …

Le mur du marché s’orne d’un panneau publicitaire très peu discret dont personne assurément ne regretterait la disparition. Les amis de Fès le considèrent sans aménité et les fervents du cinéma ne sont pas le moins du monde attirés par les affiches multicolores dont il est couvert.Par ces temps de crise de combustibles, il y aurait de belles flambées à faire avec tous les panneaux et pancartes dressés dans tous les points de notre ville.

En allant vers la place Lyautey, on trouve, terminant la place, quelques arbres séparés les uns des autres par des tranchées d’où s’exhalent trop souvent des odeurs sur l’origine desquelles il serait difficile de se tromper.
Et dire qu’il ne faudrait pas grand chose pour transformer ce dépôt d’ordures et d’excréments en un square charmant que les mamans et leurs bébés auraient plaisir à fréquenter !

L’autre côté de la place est plus soigné. L’emplacement sur lequel est juché le bureau de tabac fait une jolie tache de verdure parsemée de fleurs du plus heureux effet. Il est seulement dommage que certaines gens éprouvent le besoin de temps à autre, d’y venir vider le contenu de leurs poubelles.

Il est fréquent que la fourrière viennent stationner derrière le marché. Ce quartier abondamment pourvu est autant la providence des chiens errants que celle de ceux qui les pourchassent. Une battue infructueuse à travers la ville est bien vite compensée si peu que les capteurs s’arment de patience … et de courage.

En somme, il ne manque pas grand chose à cette place pour qu’elle prenne rang parmi les plus coquettes de notre ville.
Un coup de balai, un peu de discipline, quelques fleurs … le travail n’est pas tellement important qu’il puisse effrayer les très actifs services de nos Travaux Municipaux.

Pièces jointes: 062 Derrière le marché.jpg (246.8KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 29 septembre 2015 15:10:03

EN REMONTANT LE BOUL' POEYM '

Sacha Guitry, l'écrivain et cinéaste bien connu pour sa modestie, a réalisé autrefois (c’était autrefois … c'était avant guerre), une relation filmée du curriculum vitae de la promenade célèbre à Paris et dans le monde «  Les Champs-Élysées ». Il l’appela « En remontant Les Champs Élysées ».

Les Champs Élysées sont avec le boulevard Saint-Michel deux des plaques tournantes de Paris. Chaque ville a son lieu d’animation, le lieu qui reflète le mieux sa vie et son âme.

On connaît la rue de la République à Dijon (avec son célèbre coin du miroir) ; la rue Nationale à Tours (hélas détruite par les bombardements), la rue « Nas » ainsi que l'appelait la jeunesse tourangelle ; la rue Sainte-Catherine, chère aux bordelais ; la Cannebière, immortalisée par Marius de Marseille ; et au Maroc le boulevard de la Gare à Casa, l'avenue de la République à Meknès et pourquoi pas le boulevard Poeymirau à Fès. Le boul’Poeym’, petit rival berbère du boul’Mich’.

--------------------------------------

Boulevard Poeymirau au niveau de la rue Roland Fréjus

Un dieu méchant ( le dieu des Boulevards à qui on doit consacrer les semelles de chaussures ) a rejeté injustement dans l'obscurité de l'oubli le côté « Kiosque » du boulevard Poeymirau. Décision divine ou propension humaine à faire comme certains moutons.

Quoi qu'il en soit le côté « Police » reçoit la vague montante et descendante ( ce qui ne va pas sans quelques chocs que que la beauté des Fassies rend le plus souvent heureux et désirés) de la foule des « midi » et des « 6 heures ».

Chacun et chacune, sortant de l’atelier, du magasin, du bureau se précipitent dans son bain de promiscuité traditionnelle. Et l'on monte et l’on descend … les beaux messieurs font comme ça, les belles dames font comme ça ( le jeu du clin d’oeil). Ah! ce boulevard en a-t-il fait perdre ( comme ses grands frères et soeurs de France et d’ailleurs ) des vocations virginales ; en a-t-il fait conclure des affaires. Car si Cupidon a sa part dans ces allées et avenues, Mercure n’y perd rien … Il ne saurait y perdre, car il m’est revenu que Mercure n’est pas un Dieu purement aryen…

Sur le Boul’Mich’
Y’a de la princesse
Y’a de la gonzesse ..... chantonnait-on jadis

Eh ! ma foi cela n’a pas changé sur le Boulevard Poeym’

Dépêche de Fès . 19 octobre 1940



3 modifications. Plus récente: 29/09/15 15:26 par georges-michel.

Pièces jointes: 042 Bd Poeymirau.jpg (308.7KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 29 septembre 2015 23:28:51

UN TOUR PLACE CLÉMENCEAU

La place Clémenceau est à Fès ce que la place de France est à Casablanca. C'est le lieu de tous les rendez-vous, le terminus des promenades, le point de ralliement des touristes, en un mot le centre vital de notre ville.

Un jour viendra peut-être où les fantaisies et les nécessités de l'urbanisme feront de la place Clémenceau le noyau d'un quartier excentrique. Elle aura alors comme ses soeurs lointaines ses habitués fidèles et la faveur des curieux en quête de promenades inédites. Mais même si d’aventure, et c'est bien moins que certain, elle perd son caractère de grand carrefour, elle n'en conservera pas moi le prestige qui ne s'acquiert qu’au cours des grandes circonstances. Or chacun sait que l'histoire de la place Clémenceau est riche de souvenirs.

Après avoir franchi la place Clémenceau, le boulevard Poeymirau continue tranquillement sa route vers l’avenue de Sefrou. Mais cette traversée semble l’avoir singulièrement apaisée. Ses rives sont pourtant encore bordées de beaux cafés, de restaurants fréquentés, de magasins aussi bien achalandés que nous n'importe quels autres. Mais il n'a plus ce je-ne-sais-quoi qui fait les grandes artères. On est encore en ville et cependant c'est déjà la banlieue.


--------------------------------------

Le boulevard Poeymirau "en route" vers l'avenue de Sefrou


En bordure de la place, le square Le Guével offre ses coins tranquilles et ombragés aux mères de famille, aux rêveurs et aux amoureux. Pourquoi faut-il que les bancs en soient trop souvent occupés par des énergumènes dont, nous l’avons déjà signalé les gestes et les propos laissent fort à désirer.

Le bâtiment du syndicat d'initiative est solide, coquet et discret. Trop discret à tel point que beaucoup d'étrangers se demandent quelle est cette maison aux vingt obélisques inachevées.

Large, majestueuse, fière de ses dimensions, l'avenue Maurial coupe elle aussi la place Clémenceau. Elle s’orne si l’on peut dire d'un poste des voitures qui cherche néanmoins à ne pas trop se faire remarquer.
On se console de sa présence en pensant que si ce monument n'est pas des plus esthétiques, il est d’une incontestable utilité du fait de la vigilance et du zèle que déploient les agents qui l’occupent à tour de rôle.

Et ceci nous amène indirectement à parler de la station des voitures. La surveillance dont ils sont l'objet à ce point précis ne doit pas encourager les cochers à y séjourner. Aussi l' emplacement qui leur est réservé, est-il la plupart du temps désert.
On est mieux n'est-ce pas, pour discuter le prix dans des endroits où l'on est à peu près sûr que l'autorité ne mettra pas son nez.

Vous seriez étonnés, si parlant de la place Clémenceau je ne disais rien de son horloge. Je la mentionne donc pour mémoire. Quant aux critiques que ses fantaisies ont inspirées à la presse, elles sont trop nombreuses pour qu'il soit possible de toutes les rappeler dans cette modeste chronique.

Le promeneur solitaire. Dépêche de Fès le 27 septembre 1941.

Pièces jointes: 036 Bd Poeymirau.jpg (269.4KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 29 septembre 2015 23:32:06

L'avenue Maurial et son poste de voitures


------------------------

Pièces jointes: 016 Maurial-Clémenceau.jpg (287.6KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 9 octobre 2015 23:27:04

UN TOUR PLACE DU COMMERCE

Lorsque quittant la ville nouvelle pour découvrir le vieux Fès, le touriste aperçoit la porte pittoresque de Bab Lamer, il peut se croire près du but de sa promenade. Aussi s’attendant à entrer tout de go dans un paysage couleur locale, n’est-il pas peu surpris d’avoir sous les yeux l'ensemble le plus hétéroclite qui se puisse imaginer.

Le poste de garde et le poste de police qui flanquent l'entrée de la place du Commerce passent à peu près inaperçus au premier abord. C'est que le regard est tout de suite attiré par le fond du décor et plus précisément, par le coin animé et changeant que constitue la partie de la place allant du cinéma Apollo au café de la Poste.

Comme le boulevard El Alou à Rabat, et la rue du commandant Provost à Casablanca, la place du Commerce est, pour qui connut Fès à l'époque héroïque un constant rappel du passé.
Ce café, aujourd'hui souvent désert, fut autrefois le rendez-vous des élégances. Dans ce magasin aux volets clos, les plus grandes vedettes défilèrent devant un public bon enfant et exigeant à la fois, prompt à s’enthousiasmer, mais aussi toujours disposé à chahuter l'artiste insuffisant ou simplement antipathique …
Ce temps lointain pour les nouveaux venus, les vieux fasi l’ont fidèlement présent à la mémoire. Et rares sont ceux qui peuvent sans l’évoquer parcourir cette partie de votre ville …



------------------------------------


Les mouvements de foule sont particulièrement intenses autour du bureau et au point de départ des cars Nord-Sud. Malgré l’indiscipline d'une clientèle dont l'éducation est loin d'être faite, en dépit de la variété des colis à hisser sur les toitures des véhicules dont la solidité subit de rudes épreuves, les services sont assurés dans des conditions qu'il serait difficile, semble-t-il, d’améliorer.
La ferme courtoisie d'un personnel stylé entre pour une grande partie dans ce résultat remarquable. Mais les fréquentes visites de Monsieur Laghzaoui contribuent aussi largement à maintenir un ordre rarement troublé. « Rien n’est de tel que l’oeil du maître ».

En retrait de la place, derrière l’Apollo, les autobus ont leur hôtel-hôpital-infirmerie ; un personnel diligent s'emploie à maintenir en bon état de marche les mastodontes, orgueil de la ville nouvelle et les modèles plus anciens dans le gabarit se prête mieux aux acrobaties auxquelles les chauffeurs doivent se livrer pour effectuer le trajet de Bab Semarine à Moulay Abdallah.
Quoi que spacieux l'abri mis à disposition des usagers est nettement insuffisant. Il est vrai qu'il serait pareillement encombré s'il était dix fois plus vaste car beaucoup de ce qui le hantent ne sont nullement pressés d’en sortir. C’est le coin idéal pour rêver, discuter, manger et boire, pour tout faire en un mot, sauf attendre l’autobus.

Il y a cependant des gens désireux de se déplacer. Ils sont même à certaines heures très nombreux et tous veulent aller vite quelle que soit l'urgence de leurs occupations. Comme il n'y a ni chaîne de sûreté ni ticket d’ordre, la force prime souvent le droit et la priorité revient en général à ceux qui savent le mieux jouer des coudes et quelquefois des poings. Pour être pittoresque, le spectacle n’est pas des plus jolis. Mais il paraît que des dispositions vont être prises pour mettre fin aux bagarres stupides et dangereuses qui marquent l’arrivée de chaque véhicule. Acceptons-en l’augure …

La place de l’Atlas n'est pas très fière de son panneau publicitaire qu'elle cache du mieux qu’elle peut. La place du Commerce, elle, exhibe triomphalement deux ensembles de planches couvertes bien entendu d’affiches multicolores et généralement d’un goût douteux. Quand donc, à l’exemple de Casablanca, la ville de Fès se décidera-t-elle à se débarrasser de ces verrues dont le maintien constitue en même temps qu’un défi au bon sens, une faute de goût impardonnable.

Ce bref recueil d’impressions serait vraiment trop incomplet s’il ne faisait pas mention du monument le plus en vue du quartier. Orgueilleusement dressée sur le passage principal, s’offrant avec ostentation à tous les regards, l’horloge de la place du Commerce est certainement persuadée d’être une oeuvre d’utilité publique. Ce serait incontestablement vrai si elle n’avait pas depuis longtemps perdu ses aiguilles. Mais sans doute ne s’en est-elle pas rendu compte. Et comme elle ne lit pas la Dépêche, il est peu probable qu’elle songe de si tôt à les remplacer

Le promeneur solitaire. La Dépêche de Fès. 13 septembre 1941

Pièces jointes: 057 Pl. du Commerce.jpg (383.1KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 10 octobre 2015 00:00:05

Je partage avec vous cet article qui m'a paru intéressant non pas tellement pour ce qu'il dit ou montre mais davantage pour ce qu'il ne dit pas.

Pour tous les fasi la place du Commerce était l'entrée du Mellah et à aucun moment le "promeneur solitaire" ne parle des juifs ou du Mellah !!

C'est vrai que l'on est en septembre 1941, que l'avenue de France s'appelle l'avenue Pétain ... les juifs ne sont pas en odeur de sainteté !!

et heureusement la Dépêche de Fès était un journal plutôt à gauche !



1 modifications. Plus récente: 10/10/15 00:03 par georges-michel.

Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 13 octobre 2015 23:44:04

UN TOUR PLACE DE L'ATLAS

Suivons encore le "Promeneur solitaire" dans son tour, place de l'Atlas le 26 juillet 1941

A qui la découvre de quelque côté qu'il vienne, la place de l’Atlas rappelle tout de suite les agglomérations de banlieue, satellites des grandes cités françaises prises volontiers par l’ouvrier, l’employé, le petit commerçant comme buts de promenades dominicales.

Tout contribue à rendre l'illusion complète : les deux cafés rivaux, la pharmacie, la droguerie, le « tabac » auquel est naturellement accolée la librairie, la petite mercerie, le magasin du « Tout pour la photo » et grande dame, la boulangerie, forment un ensemble tout à fait précieux que je ne regarde jamais sans que sortent des cachettes secrètes de ma mémoire, des souvenirs lointains et combien charmants.

Le bureau de poste présente une particularité qui ne passe pas inaperçue. Il porte sur sa façade l’inscription « Télégraphes- Poste-Téléphones » ce qui laisse supposer qu'il appartient administration des TPT. Que pensent les PTT de cette atteinte portée à leur monopole ?

Sans rien perdre de son cachet mi-citadin, mi-villageois, la place de l’Atlas donne en ce moment l'impression d'un quartier bombardé dont les maisons aurait été miraculeusement épargnées.

Seuls, Dieu et l'ingénieur municipal, doivent savoir ce qu'il résultera des travaux dont les profanes suivent difficilement l’évolution, les bosses succédant constamment aux trous et les trous aux bosses, à une cadence extrêmement variable.

Tout de même une rue a déjà été percée, qui dégage heureusement une agréable perspective. Ce premier résultat nous donne pleine confiance en l’avenir.

Un qui n’a pas l’air à l’aise, c’est le kiosque en équilibre sur le bord du trottoir de la nouvelle rue. Si nous n’étions pas en pleine crise des carburants il y aurait longtemps sans doute qu’une automobile l’aurait jeté bas tout comme une vulgaire borne lumineuse. Mais en ce moment, n'est-ce pas, il vaut mieux, lorsqu’on a encore la chance de rouler, ne pas trop se faire remarquer.



---------------------------

Vue aérienne de la place de l'ATLAS vers 1950


Il y a, à l’intersection de la rue Cuny et de l’avenue de Sefrou une placette triangulaire toute sauvage et qui ne demande qu’à se civiliser. Un peu d’eau, six douzaines de géraniums, suffiraient à égayer ces quelques mètres carrés d’herbe pelée.

La place de l’Atlas possède un monument sans grande valeur historique, mais qu’on a cependant plaisir à voir. Propre, solide, spacieux, l’abri offert aux usagers des autobus est un modèle du genre. Mais pourquoi faut-il aller jusqu’à la lointaine place du Commerce pour découvrir le deuxième spécimen ?

Juste à côté, un vaste panneau a la prétention d’attirer l’attention des foules sur les projections cinématographiques de la semaine. Le paysage n’en est pas le moins du monde agrémenté. Une publicité plus discrète ne nuirait nullement à l’esthétique de ce coin par ailleurs agréable et n’affecterait en rien, nous en sommes certains, les recettes des établissements qui croient encore, bien à tort, à la supériorité des réclames tapageuses.

Ignorant tout de l’animation bruyante de ses soeurs du coeur de la ville, la place de l’Atlas n’en est pas moins très fréquentée. Les autobus qui vont et viennent incessamment , les cyclistes de tous âges, les voitures de place, les cars bleus « Nord-Sud », élégants et souples, donnent à ce faubourg de Fès un air vivant qui ne s’atténue guère que la nuit tombée.

Un dernier fait à signaler : qu’il y ait peu ou beaucoup de monde, la station de la place de l’Atlas est celle où l’on se bouscule le moins pour prendre l’autobus.

Pièces jointes: 193-a Vue aérienne Atlas.jpg (415.4KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 14 octobre 2015 23:29:22

LES NOUVEAUX SEIGNEURS ... DE LA CIRCULATION FASSIE

(Courrier du Maroc 29 décembre 1950)

Ils sont tous prêts ou presque : propres et nets comme des sous neufs et l’on s'affaire encore autour d’eux pour les rendre plus beaux et majestueux. Dans la rue leurs aînés passent et repassent traînant avec peine, tristement leurs vieilles carcasses rouillées et défraîchies. Ils se préparent pour le grand jour qui est proche puisque le 1er janvier (1951) ils entreront dans la danse qui les mènera de Bab Ftouh à l’Atlas, de Boujeloud à Dokkarat et ils deviendront si le Dieu des machines leurs prêtes longue vie, les grands seigneurs de la circulation fassie.

Nos nouveaux autobus flambants neufs attendent en leur garage de Boujeloud, leur première sortie officielle et M. Naem, directeur de la Compagnie des Autobus de Fès, veille sur eux en père affectueux. Ils méritent d'ailleurs tant de soins puisqu'il s'agit de huit « Chausson » dernier modèle et de dix « Renault ». Alors que les premiers, vastes et ultramodernes, ressemblent comme des frères à ces autobus que l'on trouve dans les grandes villes de France, les « Renault » ont été conçus spécialement pour circuler à Fès-Jdid, c’est-à-dire que l'on a adapté sur des châssis « Renault » des carrosseries qui permettent de manier ces engins sans trop de difficultés dans les rues étroites et encombrées.

Si les autobus sont neufs, le personnel sera en quelque sorte à l'unisson et portera une tenue uniforme, bleue, marqué de l'écusson de la compagnie.

Des lignes nouvelles ont été créés et rappelons leur itinéraire : de Bab Ftouh à Dokkarat (un départ dans chaque sens toutes les heures), de Boujeloud aux abattoirs ( de 5 heures à 14 heures) et le trajet sans rupture de charge, Ville-Nouvelle - Boujeloud.

Tout est donc en place pour que les Fasi ait à leur disposition un matériel digne d'une grande ville. Les nouvelles lignes satisferont tout le monde. On peut penser cependant que la compagnie ( se soumettant en cela aux obligations du cahier des charges ) n’ait pas été obligée de disposer de plus de 18 autobus ; car il est de nombreuses occasions où il serait nécessaire de disposer d'une masse de réserve plus considérable que celle que possède la compagnie : nous pensons plus particulièrement aux périodes de foire ou aux jours de course, mais il est probable que certains détails seront réglés dans l'avenir en accord avec la municipalité.

Quoiqu'il en soit nous serons bien servis et les 18 autobus neufs viendront remplacer heureusement les 25 vieux coucous ( sur lesquels 11 étaient en réserve) qui depuis des années sillonnaient sans se presser les rues de la ville et contribuaient par leur seule présence à lui donner un bien triste aspect ; leurs carcasses iront dormir en attendant d’autres destinations sur le terrain de la foire et le public aura soin des « nouveaux » en les respectant pour les voir conserver leur élégance le plus longtemps possible !




Un des "vieux coucous" à la sortie de Fès-Jdid

Pièces jointes: Bus sortie de Fès-Jdid.jpg (260KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 22 octobre 2015 23:20:27

A TOUTE ALLURE ... SUR L'AVENUE PÉTAIN

Il y a un mois, nous avons déjà signalé ici les chauffards encore autorisés à conduire une automobile et dont les audacieuses acrobaties étaient pour le moins aussi dangereuses pour l'homme de la rue que pour eux-mêmes. La catégorie de piqués qui nous intéresse aujourd'hui risque moins de provoquer des catastrophes. Elle n’est cependant guère plus intéressante. L'étonnant est que les chevaliers de la « petite reine », car c'est d’eux que nous parlons, n’aient jusqu'à présent que relativement peu d'accidents sur la conscience. Mais il serait justement maladroit d'attendre que leurs imprudences aient eu résultats regrettables pour se décider à sévir.

Pour l’instant, les sprinteurs amateurs semblent avoir fait de l'avenue du Maréchal Pétain leur lieu favori d’entraînement. Dévalant à toute allure de la place Galliéni, ils terminent le parcours place Lyautey-place Gambetta, relevés et les mains dans les poches. À cette vitesse, sans prendre de précaution il leur est impossible de freiner si un obstacle quel qu'il soit se met en travers de leur chemin. Ils risquent donc leur vie et menacent la sécurité de leur prochain.

Tout rentrerait dans l’ordre, évidemment à la première contravention. Car pour ces écervelés, comme pour bien d’autres, la crainte du gendarme est le commencement de la sagesse.

(Dépêche de Fès du 13 septembre 1941)

--------------------------------
Avenue Pétain ou avenue de France. Les deux cartes existent, identiques, avec l’une ou l’autre légende.

Pièces jointes: 130 Avenue Pétain.jpg (311.6KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 10 novembre 2015 19:17:12

Une autre carte postale intitulée au dos avenue Pétain

Une carte identique est intitulée avenue de France. Il s'agit de la portion de l'avenue qui va de la Banque d'État à la place Galliéni.

-------------------------------

Pièces jointes: 130-a Avenue Pétain.jpg (410.8KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 11 novembre 2015 18:59:19

PRÉPARATIFS MONSTRES POUR LE 1er CIRCUIT DE VITESSE DE FÈS

Des préparatifs monstres sont en cours pour assurer le succès du premier Circuit de vitesse automobile de Fès. La liste impressionnante des engagés, où l’on relève les noms des meilleurs pilotes marocains devrait dès ce coup d’essai permettre d’établir la renommée de l’épreuve.

Mais si brillante que soit la performance qui consiste à avoir drainé à Fès une pléiade de conducteurs de valeur, il fallait leur préparer un circuit qui se présente dans les meilleures conditions. Ce sera chose faite à l'heure du départ qui est tout proche et il convient de féliciter les Travaux Municipaux pour l'aide considérable qu'ils ont apportée aux organisateurs. Hier, en effet, sur tout le circuit des balayeurs préparaient le terrain ôtant ici ou là la gravette qui pourrait provoquer des dérapages fatals. Au fameux virage du croisement de la rue de Roumanie et de l’avenue de France on a complètement transformé le passage puisque le tournant a été relevé pour l'occasion grâce à de puissants moyens mécaniques.( Voir plan en PJ).
Par ailleurs on a entrepris de planter les piquets sur lesquels reposeront les barrières dont près de quatre kilomètres clôtureront l’itinéraire. Il faut encore mettre en place 4 000 bottes de paille ce qui n’est pas une petite affaire.

Enfin et parmi tant d'autres éléments de l’organisation, il y a les tribunes et la tour de contrôle. Les tribunes sont dressées sur la Place Gallieni et quatre cents places y sont ménagées pour les spectateurs ; nous ne saurions trop conseiller aux amateurs de retenir leurs places ; les billets peuvent être pris aux cinémas Empire et Rex, au Bar de la Renaissance, au Café de Lyon et au siège de l'Automobile Club, avenue de France. En face des tribunes tubulaires se dresse la tour de contrôle où prendront place les directeurs de l'épreuve et les chronométreurs. Proche de cette tour, un emplacement sera réservé à la presse et à la radio puisse que Radio-Maroc assurera en direct un reportage de l’épreuve.

Nous recevrons cet après-midi si la plupart des concurrents dont les véhicules seront conduits à la Foire Artisanale en un parc gardé. Les premiers essais se dérouleront à partir de 8 heures dimanche matin, le départ de la première épreuve devant être donné à 14 heures.

On peut donc prévoir le plus brillant succès pour cette manifestation, d'excellents conducteurs aux prises, une formule de compétition originale, un circuit extrêmement difficile et une organisation très consciencieuse de la part de l'Automobile Club qui a trouvé de précieux concours auprès de la Municipalité, de l’Armée, et de nombreux concurrents fasi qui ont compris quelle pouvait être la portée de cette manifestation originale.

Car, le succès total cette épreuve en ferait une épreuve vedette au calendrier du sport automobile marocain et bien mieux, grâce à sa formule audacieuse, lui vaudrait sans doute une plus grande notoriété dans la mesure où elle permet de conserver toutes leurs chances à des concurrents qui peuvent y briller sans avoir engagé des capitaux considérables, en laissant des chances égales aux amateurs et aux professionnels.

Le Courrier du Maroc . 11 juin 1955

Le " Circuit fermé" de vitesse automobile de Fès a eu lieu pendant plusieurs années : je me souviens y avoir assisté au début des années 1960, habitant rue de Roumanie nous étions "enfermés" dans le circuit et aux premières loges pour voir les pilotes prendre le virage relevé avenue de France/rue de Roumanie.



2 modifications. Plus récente: 11/11/15 19:25 par georges-michel.

Pièces jointes: Circuit Fès.jpg (2.95MB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 12 novembre 2015 22:37:52

AVENUE DE LA LIBERTÉ, EX-AVENUE DE FRANCE, EX-AVENUE PÉTAIN ET FUTURE AVENUE HASSAN II

Du passage de Monsieur le Gouverneur Skalli date un grand embellissement de l’avenue de la Liberté (ex-avenue de France) et surtout, cette mise en valeur primordiale, un éclairage digne de la beauté et de son ampleur.

C'est avec les grands aménagements en chemin d’eau, réalisés dans l’axe, sous l'initiative de M. Warnery, alors chef des Services Municipaux, les seules retouches à apporter à l'étude qu’en fit M. Carel, chef des plantations de la ville, et dont nous reproduisons ci-après le principal, sûrs d’intéresser nos lecteurs.


Un kilomètre de long

L’avenue de la Liberté, voie principale de la Ville Nouvelle de Fès est longue de 1 kilomètre de bout en bout.
Son site est magnifique à son aboutissement, au seuil du plateau que constitue l’agglomération, elle ouvre une vue à comparable sur le panorama de la Ville Ancienne et plus lointains, mais imposants, les monts du Riff.
Là, depuis quelques mois, la municipalité a fait planter un jardin encadrant une pièce d’eau avec jet d’eau, et cet espèce de belvédère enrichi d'une magnifique parure florale, est un des lieux privilégiés de Fès pour sa beauté.


Nivellement, sol et eau

De son extrémité la plus haute jusqu'à son aboutissement, il y a dix sept mètres de différence de niveau, mais la pente est inégale et a motivé des remarques de M. Henri Prost dans un rapport de mission du 15 juin 1932 : « Le profil en long prévu n’ayant pas été réalisé avant les constructions importantes récemment édifiées, il n'y a aucune modification essentielle pouvant remédier aux regrettables lacunes du profil constitué par le terrain naturel ».

Sol : comme partout a Fès, l’épaisseur de terre végétale naturelle était de 20 à 40 centimètres de nature argilo-calcaire, le sous-sol composé d'un tuf calcaire heureusement peu assimilable, avec une partie rocheuse devant la place Lyautey. Plusieurs milliers de mètres cubes de terre végétale ont dû être apportés à l’emplacement des jardins et plantations.

Eaux : les eaux ont un rôle important dans l'avenue de France. Des successions de bassins et une goulotte en cascade dans la partie haute sont alimentées par un bras d’eau dérivé de l’Aïn Chkeff, la Séguia Zouagha, appelée aussi Séguia du Sultan à cause de la servitude de fournir en toute saison, un minimum de 70 litres secondes d’eau destinée au Palais du Sultan de Fès-Djedid.
Mais cette eau est trouble et limoneuse pendant les pluies et présente de ce fait, le gros inconvénient d'obliger à des curages fréquents.
Un bassin de l'avenue est alimenté en permanence par l'eau claire d’un puits artésien à petit débit se trouvant dans le haut de l’avenue.


Plantations et jardins

Les trottoirs latéraux sont bordés de platanes. La partie centrale a deux rangées de platane vers les routes et deux lignes de Phoenix canariensis (Dattiers des Canaries) au port majestueux, espacées entre elles de 16 mètres au centre des terre-pleins.

Les parterres de 62 mètres de largeur sont décorés de jardins étudiés pour chaque emplacement afin que la promenade sur 1 kilomètre ne soit pas monotone, agrémentés de bassins avec jets d’eau, des cascades, des fleurs vivaces ou annuelles changées en toutes saisons, des rosiers, des gazons, limités par des bordures de romarin ou de lavande assurant la netteté du dessin.

Tout peut être arrosé par bouches d’arrosage. Les bancs à dossier en granito rose sont nombreux.


Évolution

C’est le 25 novembre 1915 (déjà cent ans !!) que le général Lyautey au cours d’un de ses voyages à Fès en compagnie de l’architecte Prost, du colonel Simon, commandant la Subdivision de Fès, de l’ingénieur Malégarie et du capitaine Mellier, chef des Services Municipaux, décida de l’emplacement de la Ville européenne.

M. Hourdillé, ingénieur des Travaux publics, fut chargé d’établir le plan en s’inspirant des conceptions du général Lyautey et des directives de M. Prost. Le programme de ce projet était de prévoir une grande avenue partant de la gare de la voie de 60 en direction de la Médina et plus précisément du minaret de la mosquée que l’on peut distinguer dans l’axe de l’avenue.

En 1916, une seule route côté sud de l’avenue est construite. Les lots bordant cette nouvelle route ne se vendant pas, ce côté sud fut presque entièrement réservé pour les administrations : Poste, Tribunal de Paix devenu Cercle des officiers, Palais de Justice, Eaux et Forêts, Domaines, Perception, Trésor, Tabacs, Pompiers, École.

Cette affectation sans doute justifiée au début, cause actuellement le plus grand tort à cette magnifique Avenue qui sur ce côté manque de l’animation et de l’éclairage de la partie construite en grands immeubles où se sont installés les commerçants, hôtels, cafés et restaurants.



---------------------------------



En 1923 également ont été plantés 213 platanes en bordure des trottoirs extérieurs, 134 mûriers le long des trottoirs de la partie centrale, 44 Phoenix dactylifera en deux rangées commencées à partir de la Place El Mansour et 22 de ces mêmes Phoenix sur la Place dont il subsiste encore quelques uns.

Sans vouloir faire une chronologie des constructions de l’Avenue, notons que la Banque d’État du Maroc et plusieurs grands immeubles datent de 1929, que le plus haut immeuble de Fès ( 12 étages) de l'Urbaine fut construit en 1932, l’imposant Palais de Justice est de 1935.

En 1931, le 30 juin l’Administration municipale de Fès lançait un concours d'idées pour parvenir à l'aménagement des Places Yacoub el Mansour - ex-Place Lyautey- , Ahmed el Mansour - ex- Place Galliéni- et de l’Avenue, entre les architectes urbanistes et paysagistes, doté de 20 000 francs de prix. Le projet de l'architecte Charles Boyer fut primé mais ne fut pas suivi d’exécution.

Le chef technique des jardins et plantations du Maroc M. Zaborsky fit en 1939 un projet de parterres auquel il ne fut pas donné suite.
Ce n'est qu'à partir de 1949, sous l’active et persévérante attention de M. Warnery, chef des Services municipaux, que furent commencées l’étude et la réalisation des séguias, bassins, allées, jardins par le Service des Promenades et Plantations des Travaux municipaux, en débutant par le tronçon de la Place el Mansour jusqu'à la Place de la Liberté, le seul terre-plein central restant inachevé.


Projets

Au début de 1957, l'aménagement des jardins de l'Avenue est presque terminé.
Un seul tronçon reste à faire, le principal il est vrai puisqu'il se trouve au milieu et face à la Place avec laquelle il doit se relier.

La circulation des piétons y étant importante dans toutes les directions, la constitution d'un bon sol sain en toutes saisons avec au centre un parterre de grande dimension semble la solution la plus simple et logique.
Les sols des chemins sont à améliorer, soit par des carrelages ou des dallages coûteux ou plus économiquement par la confection d'un sol stabilisé et stérile évitant les binages permanents pour l'enlèvement des mauvais herbes.
Quant aux parterres, il est toujours possible de les modifier, de supprimer les bordures de romarin et les remplacer par des bordures parisiennes qui limiteraient ces parterres sans gêner la vue des gazons et des fleurs, d’entourer les cuvettes des palmiers et des arbres par des bordures de ciment.

Ces améliorations sont tributaires des crédits qui pourront être alloués pour leur réalisation.
D'autres transformations plus radicales sont souhaitables pour l’avenir, qui modifieraient complètement la Ville et cette avenue appelée souvent à propos « les Champs Élysées fasis ».
C'est un problème d'urbanisme hardi qui obligerait progressivement le remplacement de certains petits immeubles administratifs de la zone sud de l'Avenue par de grands immeubles modernes à usages locatifs et commerciaux.

Courrier du Maroc. 8 août 1960

Pièces jointes: 124-a Avenue de France.jpg (436.3KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 13 novembre 2015 13:24:21

LE SOIR AUX MÉRINIDES


----------------------------------


Oui, il y fait bon le soir aux Mérinides. C'est bien un des rares coins de Fès où l'on peut goûter en toute tranquillité le charme de la nature et se reposer dans le calme du soir.

Comme il fait bon à vivre là … une douce fraîcheur tombe en même temps que la nuit. Un murmure confus monte de la vieille médina, quelque part là-bas un chien aboie … au loin les lumières s’allument, s’éteignent puis se rallument, c'est le mouvement, c'est le bruit. Mais ici ?

Sous l’effet de la brise, les rustiques lampes à pétrole se balancent doucement au-dessus de votre tête, elles semblent vous bercer de leur mouvement régulier comme pour vous dire : « Vas, laisse-toi aller à la douceur de vivre, oublie dans ce décor enchanteur les ennuis de la ville, les rigueurs de l’été, n'es-tu pas bien ici ? »

On se laisse prendre au mouvement vacillant de la lampe : on rêve, on parle un peu, on boit beaucoup … Qu’importe ! C’est un excellent thé à la menthe qui vous parfume le palais, vous ne risquez guère de vous enivrer si ce n'est de bonheur et de poésie …

Montez aux Mérinides

La Dépêche de Fès. Août 1936

Pièces jointes: Café Maure des.jpg (311.2KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 3 décembre 2015 15:08:49

SOUVENIRS D'AVRIL 1912

par Louis Garcia. Progrès de Fez . 17 avril 1938

J’étais arrivé à Fès depuis un peu plus de deux mois lorsqu'éclatèrent les émeutes du 17 avril 1912. Quel horrible souvenir !

À cette époque les pistes - car il n'y avais pas de route - n'étaient pas sûres et, pour effectuer les 350 kilomètres qui nous séparaient de Tanger ou de Casablanca, on attendait le départ d'un convoi militaire et c'est ainsi que je profitais de l’envoi à Fès de la mission du capitaine Maréchal pour me mettre sous sa protection. En cours de route, je fis la connaissance du chef de la mission, des capitaines de Lesparda, de Lavenne, des lieutenants Avril, Tarit qui devaient être quelques mois plus tard horriblement massacrés par les tabors révoltés.

Lorsque j'arrivais à Fès, la population française était fort peu nombreuse - une dizaine de personnes, y compris trois femmes, dont deux, Mme Imberdis et Mme Bringau, devaient être elles aussi victimes de la fureur des émeutiers.

Notre P.C. se trouvait dans un petit restaurant de Fès-Djedid - à l’endroit où se trouve le café maure de M. Habib - installé par de Caprara, avec Kadour comme maître d’hôtel, actuellement inspecteur de la Sûreté ; là nous nous rencontrions avec les sous-officiers de la Mission Militaire, l'adjudant Pisani déjà fort populaire, les maréchaux des logis Gueraz, Kern, Oulibou, etc… ; nous causions du pays, chacun apportant les nouvelles qu’il venait de recevoir et les membres de la Mission nous tenant au courant des informations parvenues par le poste TSF de Dar Debibagh.

Le 30 mars le traité de Protectorat fut signé dans un grand mystère entre Moulay Hafid et M. Régnault, notre ambassadeur, mais c'est par la TSF et de Paris que nous apprîmes à Fès cet événement. Moulay Hafid ne tenant pas, disait-on, à ébruiter trop rapidement le fait accompli.

Lorsque les mehalas revinrent de la région de Sefrou, nos amis les sous-officiers nous avertirent qu'une certaine agitation se manifestait dans les tabors, mais la confiance en leurs hommes était complète.

Le 17 avril, vers midi, une vive effervescence se manifesta du côté de Fès-Djedid et du Dar El Makhzen, puis ce fut une série ininterrompue de coups de feux et de cris.

« Les tabors se sont révoltés et tuent le leurs officiers », disait-on, dans le Mellah où j’habitais. Un peu incrédule au début, il fallut, hélas ! se rendre à l'évidence et fuir le Mellah qui devint bientôt la proie des émeutiers.

En passant Place du Commerce je trouvais déjà quelques soldats blessés, que j’aidais à rentrer au camp de Dar Debibagh et, pendant trois jours, le Mellah fut livré au pillage ; la population avait fui où elle pouvait, une grande partie s'était réfugiée dans le Palais du Sultan et occupait les cages de la ménagerie et c'était un spectacle pittoresque que de voir ces malheureux cohabiter à côté des lions et des hyènes, les animaux féroces s’étant montrés moins cruels que les tabors.

Je ne ferai pas le bilan de ces événements tragiques au cours desquels quarante-quatre de nos compatriotes trouvèrent une mort affreuse et dont les obsèques furent solennellement célébrées le 6 mai seulement en présence du général Moinier et des membres du Makhzen.

Inutile de vous dire que mon magasin fut pillé de fond en comble et, comme la vie reprenait, je partis pour Tanger me réapprovisionner. Car, après le pillage, tout manquait : alimentation, vêtements, etc…

--------------------------------

Sur le parcours de Fès à Tanger je remarquais tout de suite que le Français ne bénéficiait plus d'une grande considération ; aussi, sur les conseils de mes guides je me faisais passer pour un commerçant anglais ou un toubib allemand.

Près de Souk el Arba du Gharb, nous vîmes un jour des cavaliers venir vers nous au galop ; ils étaient tous armés et, ma foi, leur mine n'avait rien de rassurant : c'était des Djebalas, des coupeurs de route. Interpellant mes guides, ils demandèrent :
- « quel est ce chrétien » ?
- « C’est un toubib allemand qui se rend à Tanger pour soigner une femme marocaine dangereusement malade.
- « Où allez-vous passer la nuit » ?
- « Chez vous si vous le voulez bien ».
La présence d'esprit de mes guides m'avait sauvé et nous allâmes camper chez ces dangereux cavaliers et par la suite je compris pourquoi ils avaient accepté de nous recevoir avec empressement.

Le soir, je vis affluer vers nos tentes une quantité de malades et de blessés qui venait se faire soigner par le « toubib allemand ». Que faire ? Je ne pouvais pas leur dire que je n'étais pas toubib mais un commerçant français venant de Fès, c’eût été ma condamnation à mort.
Je me payais d'audace et soignais tous ces malades et ces blessés, la plupart par coup de feu avec le seul médicament dont je disposais, de l’alcool bon goût à 90°. Pour donner confiance à mon monde je buvais moi-même un peu d'alcool et j'en lavais les plaies des blessés.

Ce traitement qui devait cuire certainement sembla donner satisfaction à tous et nous procura une fastueuse mouna. Je distribuais des cartes de visite et quelques doublons en or, ce qui acheva de me rendre sympathique … et, sans autre incident notable j'arrivais à Tanger. Au retour, j'évitais de suivre la même route et de me rencontrer avec mes blessés et mes malades.

En général, la vie du bled n'était pas désagréable, ces longues randonnées à cheval nous permettaient de voir et d’étudier le pays et les vivres étaient bon marché. Un gigot de mouton coûtait facilement une peseta Hassani soit 0,80 fr.-or, un beau poulet une peseta Hassani 25, les œufs 1 Hassani la douzaine, c'est à dire 8 sous et les légumes n'avaient pas de prix.

À cette époque la caisse de Pernod 68°, valait 24 francs ; le rhum St-James 30 francs la caisse, le cognac Martell de 20 à 21 francs la caisse, le Vermouth Nouilly 24 francs, le mousseux Veuve Amiot 18 francs et l’alcool bon goût de 15 à 16 francs l’estagnon de 18 litres.

Un cheval se payait de 100 à 125 francs, un mulet de 200 à 300 francs et le tout à l’avenant.

Ces prix avantageux nous faisaient passer sur l’inconfort de nos demeures et quelques ennuis et, à vingt-six ans de distance, je me demande si à cette époque, nous n’étions pas plus heureux qu’aujourd’hui dans un monde profondément troublé par des querelles idéologiques et des luttes de partis.

Pièces jointes: 095-c Rue centrale.jpg (408.2KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 10 décembre 2015 23:38:20

LA RÉNOVATION DU LOCAL DU ESSI (SYNDICAT D'INITIATIVES), PLACE CLÉMENCEAU

C’est un évènement ! peut-être n'avez-vous eu l'occasion d'en avoir connaissance alors qu'il est évident ! La place Clémenceau est depuis quarante-huit heures totalement transformée par la vertu des travaux enfin presque achevés au Syndicat d’Initiatives. La façade du bâtiment a, en effet, été repeinte de blanc immaculé et véritablement cette place est de la sorte rénovée. Je ne vous inciterai sans doute pas à aller encore visiter le nouveau local du ESSI qui, au prix de beaucoup de patience sera bientôt terminé : quelques travaux essentiels restent à faire, mais il semble que le mariage des couleurs jaune et gris qui sont celles des murs et du plafond, doive être des plus séduisants lorsque que l'ensemble sera installé et complété par des boiseries et divers autres éléments.

Tel qu'il est, le bâtiment est des plus séduisants avant même d'être terminé. Aussi voudrais-je dès maintenant jeter un cri d'alarme et solliciter les interventions des autorités responsables afin que rien n'empêche cet ensemble d’être réellement en valeur. Il apparaît indispensable tout d’abord de solliciter les marchands de bonbons et autres camelots d'aller s'installer en d'autres lieux : pour les touristes que le nouveau bâtiment attirera sans doute plus qu'en son ancienne apparence, ce spectacle n'est pas très séduisant et il faut absolument que l'on désigne à ceux qui ont l'habitude de s’y installer, un autre emplacement.

D'autre part je pense que nous pouvons faire confiance à Monsieur Carrel, original « constructeur » des jardins de Fès afin qu'il imagine l'installation de quelques plantations et qui sait seulement quelques mètres carrés de kikouyous, là où au pied des deux palmiers étiques existait jadis le jet d’eau qui servait surtout de bain de pieds à quelques passants ou aux bambins qui s’y égayaient. Il serait souhaitable, en tout cas, qu'en attendant une décision en cette matière, de la gravette soit répandue sur tout l'espace compris entre les marches du nouvel escalier et les trottoirs.

-----------------------------


Enfin, tout en osant espérer que les propriétaires du laid transformateur d'électricité voudront mettre cet édifice à l'unisson du nouveau local, en le peignant du même blanc, je pense qu'il serait bon que les responsables de la propreté de la ville aillent jeter un coup d'œil vers l'espace compris entre ce transformateur inesthétique et la haie du parc Le Guevel : ils y découvriraient un monceau d'immondices absolument abominable qu’il faudra faire disparaître en appliquant éventuellement des sanctions à celui ou ceux qui lui ont donné naissance.

Ainsi mènera-t-on à bonne fin des travaux qui ont duré des mois, après avoir été souhaités des années durant. Et lorsque les poutres et la pergola auront pris une couleur plus riante (c’est-à-dire bientôt) souhaitons que le local rénové du ESSI soit protégé de tout ce qui pourrait l'enlaidir et soit le centre où verront le jour de nombreuses initiatives favorables à l'essor de notre cité.

Courrier du Maroc. 13 février 1954. C. H.

Pièces jointes: 148-a Syndicat d'initiative.jpg (239.9KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 10 décembre 2015 23:41:18

Carte datée de 1957, Le bâtiment du SI avec le kikouyous au pied des palmiers .... et sans le bassin


---------------------------



1 modifications. Plus récente: 10/12/15 23:44 par georges-michel.

Pièces jointes: 148-b Syndicat d'initiative.jpg (516.6KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 11 décembre 2015 22:54:42

L'INSTITUTION SAINTE THÉRÈSE INSTRUIT ET ÉDUQUE 450 ENFANTS

Le Courrier du Maroc. 9 novembre 1954. Michel Kamm

Cette école où demeure le souvenir si vivant de la Révérende Mère Saint-Louis qui la fonda il y a presque trente ans, est depuis l'an dernier tout à fait transformée, agrandie, à l’étage, par les dortoirs, où a été aménagé un très confortable internat et par une salle de couture.

Sœur Saint-Michel, la directrice toujours alerte et tout sourire (je me garderai de dire que son sourire est rendu plus gracieux par de charmantes fossettes) m’expliques l’abord, que quelque agrandissement que l’on fasse, il lui manque encore deux salles pour de nouvelles classes.

Et pourtant, notre école libre a été « délestée » si l'on peut dire, par un notable effectif de garçonnets que l'on ne prend plus que dans la tendre enfance.

C'est par celle-ci que nous avons commencé notre balade dans les douze classes de l’établissement, et cela s'appelle d'un nom bien approprié : « le jardin d’enfants" dont les fenêtres peintes évoquent le riant passage des Alpes avec leurs frange de sapin.

Nous les avons vu entrer les tout-petits (trois ans à quatre ans et demi) se tenant tous par les mains aux épaules, et attention s’il vous plaît vous autres garçons : ces demoiselles d’abord !

Les douze classes vont de la 12ème à la 7ème pour le primaire, et de la 6ème à la première pour le secondaire.

Les petites musulmanes ont leur place : il y a en tout 450 enfants et chose remarquable (déjà constatée dans les autres pays musulmans) la proportion des filles fassias, grâce à la très louable compréhension de la sœur directrice, augmente d'année en année. Il y a la trente petites musulmanes des plus notables famille de Fès et seule la norme des admissions annuelles de nouvelles élèves en limite le nombre.

En plus des classes, où nous constatons en passant le beau mobilier moderne et le gai coloris du décor, il y a dans l’institution des cours de musique (piano) dont chaque année l'audition probatoire en public, révèle la bonne qualité et l’efficacité.

Des cours d'éducation physique complètent également, par la culture des corps, le développement des cerveaux. Ces cours sont encadrés grâce à la bonne collaboration avec le service de la Jeunesse et des Sports, par des monitrices de ce service. Ils sont suivis par les jeunes filles, avec la faveur que l'on devine

L’internat : l'internat qui intéresse surtout évidemment le bled, familles de colons, d’officiers ou de contrôleurs, compte un effectif d'un peu plus de quarante pensionnaires.
Les toutes petits sont en dortoir, vaste salle bien éclairée, comportant le local de la surveillante qui n’est clos que par un rideau.
Coquettes et nettement confortables sont les chambrettes individuelles les pensionnaires adolescentes ; rien d'une cellule monacale que ce gentil petit intérieur, avec couvre-lit frangé à fleurettes, le lit surmonté d’un cosy de bois clair ; lavabo encadré de carrelage laqué blanc, table-pupitre pliante, et surtout la grande fenêtre si dans chaque chambre, donne une vue étendue vers les quartiers de villas ou l’aviation, bruissante des ailes françaises.
Une très belle salle de bain et les commodités bien encadrées de carrelage vernis complètent cet ensemble placé sous le patronage de Notre-Dame des Cimes.

On ne peut que souhaiter, après avoir vu une école aussi bien équipée, de voir (bientôt paraît-il) surgir dans cette grande ville un collège de Frères dont tant de familles catholiques ont souvent exprimer le besoin.

---------------------------------------------

Photo du dortoir avant la transformation (probablement vers 1930)

Pour l'anecdote Michel Kamm était élève de l'École sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, avec ma mère, Andrée Blin, en 1927.

Pièces jointes: Dortoir.jpg (273.1KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 11 décembre 2015 22:58:39

ÉCOLE SAINTE THÉRÈSE DE L'ENFANT JÉSUS

Autre photo de la même époque, début des années 1930


--------------------------

Salle des arts décoratifs.
Les plus anciens(nes) s'en souviennent peut-être

Pièces jointes: Salle des arts décoratifs.jpg (315.9KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 11 décembre 2015 23:12:37

ÉCOLE SAINTE THÉRÈSE

---------------------------------------


Classe du Brevet élémentaire, toujours dans les années 30

Au premier plan dans l'angle G du cliché on distingue le poêle à charbon, avec à côté le seau à charbon !



2 modifications. Plus récente: 11/12/15 23:21 par georges-michel.

Pièces jointes: Classe du brevet.jpg (328.7KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: aubert (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 12 décembre 2015 12:03:49


Pièces jointes: mere 001.jpg (45.2KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: aubert (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 12 décembre 2015 12:19:30

Merci pour ces vieux souvenirs,c'est tout mon enfance,j'y suis rentrée en 1929 jusqu'au Brevet Elémentaire en 1942,j'ai donc connu tous ces changements,et Michel Kamm était dans ma classe,ta mère avec ma sœur Jeanne,j'ai même fréquenté le dortoir pendant les retraites et Mère St Louis est souvent venue me chercher pour des petits remplacements !!!

Pièces jointes: suite 001.jpg (50.7KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 12 décembre 2015 14:21:22

ÉCOLE SAINTE THÉRÈSE


Merci Micheline pour ton témoignage ... heureusement que certains anciens se souviennent d'avoir habité Fès !!!

Une photo de la chapelle où tu as du passer autant de temps qu'au dortoir pendant les retraites.

-------------------------------------------

La chapelle - vers 1930 -

Pièces jointes: La chapelle.jpg (340.1KB)  
Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: jean-marc (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 13 décembre 2015 12:53:18

bonjour Micheline.
Je suis allé à l'école Ste Therese pour ma classe de maternelle en 1960 ou 61, et dans mes lointaine souvenirs je me rappelle d'une certaine Micheline qui me prenait sur ses genoux, en dehors des cours habituels, pour m'apprendre à lire. Ca me faisait rire d'avoir une enseignante qui portait le nom d'un train. Est ce qu'il s'agit de vous?
A la fin de l'année on a fait une représentation, les garçons étaient déguisés en aviateurs.
je me souviens également des prières catholiques que l'on devait réciter à chaque entrée ou sortie de classe : que l'on soit chrétien, juif, musulman ou athée, tout le monde devait s'y mettre.C'est sûrement pour ça que j'ai préféré suivre le reste de ma scolarité à l'école La Fontaine puis au lycée Mixte. Jmarc

Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: aubert (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 14 décembre 2015 09:10:12

Bonjour Jean-Marc
Ce n'était pas moi,j'ai quitté Fez à Noël 1957 !!!! c'était certainement mon amie d'enfance Micheline Férail !!!!! mais mes parents on gardé la patisserie jusqu'en 1972....
Merci pour ce petit mot.
Micheline AUBERT-NAVILLOT

Options: RépondreCiter
Re: VIEILLES NOUVELLES DU BLED
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 27 janvier 2016 11:33:41

ÉGLISE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE FEZ V.N.

-----------------------------------------

Lu dans "L’écho du Maroc" -journal quotidien de Rabat puis du Maroc - du 20 décembre 1933.


"Le 19 décembre 1933, devant une foule qui emplissait littéralement la nef vaste et claire de l’église neuve a eu lieu la consécration et l’inauguration de l’église Saint François d’Assise, paroisse de la ville nouvelle par Monseigneur Veille.

L’évêque, après avoir parcouru processionnellement le vaste édifice et en avoir béni les murailles, dit la messe pontificale, assisté du vénérable Père Achille Léon, vicaire apostolique d’Oujda.

Le Père Rageys, curé de la paroisse et ses vicaires servent de diacres à cette belle cérémonie qui fut rehaussée par de très beaux chants liturgiques.

Le R.P. Chauleur, secrétaire général de l’évêque a prononcé un discours véritablement magnifique et d’une haute tenue spirituelle".


La carte postale de l'église a été écrite en avril 1934, elle nous donne un aperçu exact de ce qu'était l'église après son agrandissement et au moment de sa consécration ... finalement peu différente de celle que nous avons connu ... les haies plus hautes et le portique en moins.

Pour rappel la première église St François a été construite entre 1920 et 1921

Pièces jointes: 204-c Eglise.jpg (292.4KB)  
Options: RépondreCiter
Aller à la Page: 12Suivant
Page courante: 1 parmi 2


Désolé, seuls les utilisateurs enregistrés peuvent publier dans ce forum.