Date: dim. 25 janvier 2015 17:54:21
LA LÉGENDE DE BAB SBÂA - LA PORTE DU LION-
Vers le début du XIVe siècle, un chevalier castillan, Alphonse Perez de Guzman, séjourna à Fez et fut reçu avec honneur par le sultan, qui le logea dans son palais de Fez-la-neuve. Un jour qu’ils étaient à la chasse, du côté de la montagne berbère, les Maures jaloux de la faveur dont jouissait le chevalier chrétien, l’égarèrent dans la forêt et le malheureux Perez ne put retrouver la route de Fez.
Alors notre chasseur fut témoin, dans une clairière, de la lutte d’un lion avec un serpent et dans cette bataille le lion paraissait tout près de succomber. C’est alors que le chevalier se porte au secours du lion, tranche la tête du serpent avec son épée et emporte comme trophée et témoignage de sa victoire la langue du serpent. Le lion, reconnaissant au bon chevalier de son intervention, le met dans la bonne voie, et le précède sur le chemin de Fez, le guidant … comme un simple caniche.
Le sultan fut heureux de retrouver son favori : il commanda qu’on distribuât une nourriture abondante au lion et voulut que la porte où le lion était rentré à Fez fut appelée désormais Bab Sebâa (la porte du lion) et ce nom de Bab Sebâa est demeuré jusqu’à nos jours, bien que cette porte s’appelle plutôt Bab Dekaken, vue de la prison ; mais elle est encore connue sous le nom de Bab Sebâa quand on la regarde de la Place extérieure de la Makina et une inscription arabe en mosaïque, au dessus de la voûte, l’atteste et dit que la porte fut restaurée en 1303 de l’hégire (1884).
Là où l’histoire de Diego Torrès devient amusante, c’est quand il raconte que le lendemain au palais alors qu’Alphonse Perez contait ses prouesses de la veille, un certain maure s’en vint trouver l’émir et affirma qu’il venait lui-même de tuer le serpent dont parlait le chevalier castillan et comme preuve de cet exploit il montra la tête du reptile. On commença déjà à douter de Perez et à attribuer à ce Maure la délivrance du lion - on allait même lui bailler une récompense - quad soudain Alphonse, exhibant la langue du serpent qu’il avait conservée, confondit aisément l’imposteur qui dût reconnaître plus avant ce qu’il en coûtait alors d’abuser de la crédulité d’un Sultan de Fez.
Bab Sbâa , vue côté intérieur du méchouar de la Makina
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