Date: sam. 13 décembre 2014 21:37:23
LA RENTRÉE D'OCTOBRE 1951 AU COLLÈGE MOULAY IDRISS
La rentrée pour l'année scolaire 1951-52 confirme la faveur de la capitale intellectuelle pour son grand établissement secondaire.
Si certaine tendance récente en direction du lycée a pu faire croire à une désaffection de la population marocaine pour son vieux collège, il suffit de consulter les chiffres de l'effectif à la rentrée scolaire de 1951 pour être rassuré et il suffit surtout pour rectifier ce terme de « vieux collège » de visiter, comme je l'ai fait hier, cet immense chantier qu'est la nouvelle aile de l'internat, pour se rendre compte de la jeunesse et de la vitalité d'un établissement en progression massive et continue.
Qu'on en juge : 573 élèves au lieu de 520 l'an dernier et de 290 en octobre 1946, dernier chiffre que peut citer M. Pavero, l'excellent directeur car c'est la date de sa prise de fonctions, où il succédait à ces grands universitaires que furent Foglizzo (mort au champ d'honneur), Baron, Le Tourneau, Salenc, Marty, Brunot.
Devant un tel afflux, on a dû cette année, doubler les classes et il n'y en a maintenant dix-neuf : une de première, deux de seconde, trois de troisième, trois de quatrième, quatre de cinquième, cinq de sixième et une de sixième préparatoire.
Conséquemment sept professeurs nouveaux ont été nommés au Collège pour la rentrée dont trois nous arrivent de France : M. Deperrois, professeur de mathématiques, Mle Raynaud, professeur de mathématiques et M. Canard, professeur d'histoire et de géographie.
Quatre-vingt-quatre internes vivent au collège dans un internat confortable mais qui n'a que le défaut d'être installé pour cinquante, aussi l'aile nouvelle, en cours d'achèvement va permettre très opportunément un « desserrement » des internes dont l'effectif pourra être porté à cent.
Dans cette aile sont prévus également un local de prières, un foyer estudiantin et il ne manquera guère que la création du terrain de sports, depuis si longtemps demandé pour compléter cet ensemble universitaire en rapport avec les tendances modernes du reste déjà concrétisées par la présence de trois professeurs d'éducation physique.
Hâtons-nous de dire que ce terrain de sports est maintenant trouvé, il sera réservé en effet dans la parcelle en cours d'acquisition qui est le verger à gauche en sortant de Bab Riaffa, parcelle où doit être construite également une école de filles, mais qui est assez vaste pour comporter l'emplacement du futur stade du collège, avec son terrain de basket et sa piste de compétition.
Tout ceci dit, il reste que désormais les limites d'implantation de nouveaux bâtiments dans l'enceinte du collège sont atteintes et il n'est plus possible de l'agrandir.
Nous voici donc au pied du mur, si l'on peut dire, pour réaliser le projet de dédoublement du collège par la création d'une annexe au quartier de Bab Khokha, dans les jardins de Guerrouaoua, tel que le projet en a été exposé lors de la réunion du Conseil économique régional.
Ce projet de dédoublement, en dotant d'un second établissement l'autre extrémité de la ville, serait la solution optimum eu égard aux familles et aux enfants, qui ne seraient plus contraints de traverser la Médina quatre fois par jour.
Il serait en tout cas équitable de répondre à la faveur ainsi constatée de la clientèle scolaire pour le collège Moulay Idriss, en le dotant de cette annexe, car les résultats enregistrés à chaque examen annuel montrent l'excellence de l'instruction qui est donnée, en même temps que la valeur intellectuelle de la jeunesse fassie.
Cette année et pour ne citer que le baccalauréat, on a compté avant les résultats d'octobre, dix succès sur seize présentés, vingt-trois élèves sur quarante-cinq ont été reçus au certificat d'études secondaires musulmanes, vingt-sept élèves (résultats de juin seulement) ont été reçus au BEPC et dix-huit aux divers examens d'arabe et de berbère de l'Institut des hautes études marocaines.
Ces brillants résultats font d'autant plus regretter que les incidences fâcheuses de la crise commerciale qui sévit dans la Médina plus qu'ailleurs, contraignent nombre de bons sujets à quitter prématurément les études secondaires où ils excellaient, obligés de gagner leur vie.
Du moins doit-on pouvoir souhaiter que les cadres de l'Instruction publique y trouvent ces instituteurs dont nous manquons encore pour l'enseignement de l'immense population marocaine qui reste à scolariser.
Article de Michel KAMM. Courrier du Maroc. 30 octobre 1951.
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Pose de la première pierre de l'Internat le 9 mai 1940 en présence de S.M. le Sultan, du prince Moulay Hassan et du général Nogues.
Un de nos lecteurs marocains de Fès s'étonnait qu'il n'y ait pas d'articles sur le collège Moulay Idriss. Je souhaite que ces trois articles tout en répondant à sa demande soient pour lui et d'autres anciens du collège Moulay Idriss l'occasion de nous faire part des souvenirs de leurs études dans ce qui fut le premier collège musulman du Maroc mis en place par les autorités du protectorat et réservé au départ aux enfants des meilleures familles de Fès.