Date: mer. 11 juin 2014 18:09:58
SQUARE LE GUEVEL
(SQUARE PRINCESSE LALA AMINA)
J'ai retrouvé dans le Courrier du Maroc du 6 août 1960 cette description du Square Le Guevel.
Article non signé , il est possible que ce soit un exposé fait par M. Carel qui fut dans les années 1950 responsable des plantations de la ville de Fès, car la description et la désignation des plantes sont très précises et techniques
« Ce square a été créé par le Commandant Ernest Le Guevel, chef des Services Municipaux de 1922 à 1925 ». Cette inscription, gravée sur une plaque de marbre gris, était placée à l'entrée principale du jardin.
Sa surface est de 11 000 m2 environ. Il est situé en plein centre actif de la ville, face à la brasserie-restaurant « La Renaissance » et est limité par la place Mohammed V, le boulevard Chefchaouni (ex 4ème Tirailleurs), la rue des Jardins et l'avenue Es-Slaoui (ex-Maurial).
C'est un lieu de passage entre le boulevard Chefchaouni et la rue Cuny et aussi une promenade très fréquentée par la population.
Le Syndicat d'Initiative fait corps avec le jardin : son voisinage et celui du Grand-Hôtel font qu'il est également visité des touristes.
Il y a six entrées, dont trois sur le boulevard Chefchaouni. De l'entrée principale, on voit à droite une belle allée de pritchardias, bordant le Syndicat d'Initiative. En face, une large allée courbe passe devant une scène de jardin, bordée de murettes garnies de pots de plantes à fleurs et de plantes grasses, dont le motif principal est un bassin en zelliges de Fès avec une vasque à deux étages surmontée d'un jet d'eau. Cet ensemble et ses abords sont très fleuris en toutes saisons.
En face, un escalier mène au jardin en contrebas, très ombragé, gazonné et fleuri.
En continuant dans la partie supérieure vers l'avenue Es-Sellaoui, des larges allées sont bordées d'oliviers et des parterres sont plantés de palmiers pritchardias et phoenix canariensis, de gazon ophiopogon et de fleurs de saison.
Une allée longeant les clôtures, permet l'utilisation la plus complète du jardin et domine de plusieurs mètres les parterres et la végétation libre du jardin creux.
Dans les plantations, les arbres les plus employés, en plus des palmiers et oliviers déjà cités, sont les pins d'Alep, sophoras, faux-thérébinthes, jacarandas, troènes du Japon, mûriers à papier.
Beaucoup d'arbustes à fleurs :séringas, deutzias, spirées, lagerstroemias, jasmins jaunes, poinsettias, abutylons, erythrina spéciosa et crista-galli, tecoma stans, daturas, bananiers etc … d'autres arbustes taillés : pittosporum tobira, fusains verts.
Les rosiers sont employés nains à grandes fleurs, polyanthas ou grimpants poussants librement dans les arbres. Les allées sont limitées par des bordures de ciment ou de pierre souvent doublées par des lignes de romarins, lavandes, fusains pulchélius, ophiogon.
Une partie des plantes grasses ajoute en exotisme : euphorbes, cactées, opuntias, aloés, agaves, yucca.
Toutes les parties gazonnées se trouvant à l'ombre des arbres, c'est l'ophiogon qui a été employé en tapis, solution très recommandable à cette exposition.
Le square Le Guevel a la renommée d'être très fleuri en toutes saisons, soit en plantes vivaces : acanthes aux fleurs curieuses, senecio jaunes, aster bleus, amaryllis, arums, etc … ou en plantes annuelles : zinnias, oeillets et roses d'Inde, dahlias, gueules de loup, sauges, anthemis, verveines, soucis, oeillets, pâquerettes, pensées, giroflés, etc …
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Evolution
Dans la saison 1922-23, on a planté des jeunes arbres pour boiser « la carrière » : c'était alors le nom de l'emplacement où le square Le Guevel fut aménagé.
Un banc rocheux et sableux a servi pour l'extraction de pierres et de sable pour les premières maisons construites à la ville nouvelle de 1917 à 1921, et le trou de cette carrière a servi ensuite de décharge publique à la ville naissante.
Les jeunes arbres du début ont été des pins d'Alep, quelques palmiers phoenix des Canaries et des Pritchardias.
Une esquisse du jardin Le Guevel du 25 janvier 1927, dessinée par Zaborsky a servi pour la plantation de 4 lignes d'oliviers dans la partie supérieure vers l'avenue Es-Sellaoui mais le dessin proposé par ce plan n'a pas été suivi, quelques allées et parterres ont été tracés dans l'enclos sans conception initiale décorative déterminée.
Jusqu'à 1949, il ne s'était guère modifié et malgré les fleurs de saison qui ne manquaient pas, il conservait encore son aspect sauvage de fourrés un peu trop touffus pour un jardin situé dans le centre de la ville.
A partir de 1950, tout le jardin a été rénové, ses plantations trop denses éclaircies, d'autres au contraire ajoutées.
Ses différents niveaux, qu'il ne pouvait être question de modifier, étant donné les arbres existant partout, ont servi à modeler le nouveau jardin dans son tracé actuel.