GRANDS MAGASINS RÉUNIS 1

Avec les trois photos suivantes, nous restons dans le centre de la ville, autour de cette place de l'Industrie, future place Clémenceau.

Je n'ai pas la date exacte du cliché, ni le nom du photographe mais les Grands Magasins Réunis ont pris la place de l'Hôtel et du Café de l'Industrie dans le courant de l'année 1926: l'hôtel de l'Industrie figure dans le Bottin de 1926 et j'ai une carte-photo de Fès sous la neige de janvier 1927 où l'on voit les Grands Magasins Réunis.

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Compte tenu de la taille des arbres sur les différentes photos ou cartes postales les photos présentées ici datent de 1928, 1930 maximum.

L'architecture de la façade n'a pas été modifiée par rapport à celle de l'hôtel de l'Industrie. Le bandeau qui coiffe l'immeuble était déjà le même, seule l'inscription a changé

GRANDS MAGASINS RÉUNIS 2

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Vue de l'entrée à l'angle de l'Avenue Maurial et du Boulevard Poeymirau.

On peut d'ailleurs voir les plaques de rues de part et d'autres de l'entrée:
- Avenue du Géneral Maurial, Commandant de la région de Fez 1920-1923
- Boulevard du Général Poeymirau

Le propriétaire est Pierre COUSIN, l'entrée est libre et les prix fixes.

Le magasin vend de tout : ....Parfumerie, Maroquinerie, Articles pour Cadeaux, Faïences, Porcelaines, Verrerie, Articles de Ménage, Accessoires et Fournitures pour Photographie , sur la façade de l'Avenue Maurial

GRANDS MAGASINS RÉUNIS 3

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Façade du magasin sur le boulevard Poeymirau.

Il fallait bien deux façades pour annoncer tout ce que l'on pouvait trouver aux Grands Magasins Réunis:

..... Voyage, Chasse, Sports, Pêche, Jeux, Publications, Imprimés tous genres, Imprimés militaires, Papiers d'écriture, Papiers d'impressions, Papiers d'emballage et de Pliage, Cartes-Postales, Cartes à jouer, Cartes Géographiques, Drapeaux, Illuminations, Articles pour fêtes, Librairie, Papeterie, Journaux et Articles de Bureau

REMPART DU MELLAH ET BAB LAMER

Bab al Amr ou Bab Lamer est une des cinq portes de l'enceinte mérinide bâtie en 1276 , à la fondation de Fès-Jdid. Le rempart est en pisé : mélange d'argile, de sable et de chaux battue et coulé dans un moule qui donne un matériau considéré comme plus solide que la pierre.

Cette enceinte, de 2 m d'épaisseur et d'environ 7 m de haut, est renforcée tous les 25 m par des tours de flanquement. Au sommet court un chemin de ronde qui offre un passage d'environ 1,50 m de large.

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Photographie de Marcel Trompette – photographie industrielle, 169,173 rue des Ouled-Harriz Casablanca – non datée mais avant 1930 car Bab Lamer a été ouverte à la fin des années 1920

Sur cette photo, au pied du vieux mur, de la tour et de la porte on distingue un cours d'eau, bras de l'oued Fès et qui à une époque où il était plus profond formait comme un fossé d'enceinte, ajoutant à la ville une défense de plus.

L'oued Fès après avoir cheminé lentement dans la plaine du Saïs, arrivait aux environs de la ferme expérimentale dans une zone marécageuse, d'où il sortait par plusieurs branches dont l'une à l'ouest du Mellah, le long du rempart de Bab el Amer et de l'ancien Borj el-Mahrès non visible sur la photo car plus à droite. En fait, au début 1900, il ne restait de ce borj (appelé aussi le « fort brisé » car détruit vers 1730 dans des bombardements) que des ruines que l'on peut voir sur certaines cartes postales de 1910/1920.

COLLÈGE MOULAY IDRISS

Le collège musulman a été ouvert en octobre 1914 et est destiné à former les futurs fonctionnaires centraux et locaux du Maghzen (pachas, khalifas, agents financiers ou fonctionnaires judiciaires). Il débute avec une seule classe d'une douzaine d'élèves, enfants des meilleures familles fasi et une classe sera ajoutée chaque année jusqu'à atteindre les 6 classes du collège. Il se situait à l'origine au Dar Ménebhi (où avait habité Lyautey en mai 1912 à son arrivée à Fès).

En octobre 1915, le collège ouvrait ses portes, avec vingt cinq élèves, dans l'ancienne demeure du Caïd Mac Lean, dont le vaste parc traversé par une belle rivière offrait aux jeunes étudiants musulmans un lieu d'études particulièrement agréable.

Le collège musulman de Fès souffrit à ses débuts de la situation créée par la guerre. En dehors de deux professeurs musulmans, le directeur, Alfred Bel, qui organisa et dirigea l'établissement, de 1914 à 1916, n'avait pour le seconder que deux militaires.

Le programme provisoire comprenait des matières traditionnelles enseignées en arabe, du français et des matières dites modernes enseignées en français. Les élèves se rendaient à certaines heures prévues à Karaouiyine pour l'enseignement du droit et de la théologie.

Le collège musulman devait devenir ensuite le Collège Moulay-Idriss dont la construction a commencé en 1917 (architecte Canut) à l'emplacement actuel. Il voisinait alors avec la Résidence générale Dar Beïda.

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Photo 444 Service Photographique de la Résidence 1929 Salle de cours du collège musulman de Fès


L'enseignant européen pourrait être M.Salenc, directeur à la fois du collège musulman et du cours secondaire français.
Nos amis fasi reconnaîtront peut-être un grand-père ou un parent parmi ces élèves attentifs

COLLÈGE MOULAY IDRISS INTERNAT

En 1916, le dahir qui crée officiellement les collèges musulmans rend obligatoire l'enseignement en arabe et le français sera enseigné comme langue étrangère (entre 1914 et 1916 l'enseignement se faisait davantage en français). Les résultats ne sont pas à la hauteur et les élèves quittent le collège avant la fin de la scolarité, insatisfaits de ce qui leur est proposé.

En 1918 on revient à l'enseignement en français ! « le français doit être enseigné comme une seconde langue maternelle ».

Ses hésitations se retrouvent dans l'appellation du collège. En 1921 on donne aux Collèges Musulmans (Moulay Idriss à Fès et Moulay Youssef à Rabat) le nom d' « Ecole supérieure musulmane » car le nom de collège "sonne" mal et pour distinguer les collèges musulmans des collèges français.

En 1923, on reprend le nom de Collège musulman car on vient de créer l'Institut des Hautes Etudes marocaines qui propose un enseignement plus supérieur que celui de l'Ecole supérieure !!

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Photo T.C.A.F.N. section cinématographique S.P. 505 Mai 1940

Le Collège Moulay Idriss de Fès scolarise uniquement les élèves de Fès (ou qui ont des correspondants à Fès) car il n'a pas d'internat, contrairement à celui de Rabat qui eût un internat dès sa création.

Il faut attendre 1940 pour voir un internat ouvrir au collège Moulay Idriss. La 1ère pierre est posée en mai 1940 en présence du Sultan Sidi Mohammed ben Youssef, du général Noguès, Résident général et du Prince Moulay Hassan qui tient ici le marteau pour sceller la 1ère pierre



1 modifications. Plus récente: 26/07/14 21:48 par georges-michel.

COLLÈGE MOULAY IDRISS LES TOLBAS

Les élèves des collèges musulmans (les tolbas) sont sélectionnés de deux points de vue:
- au point de vue social: ils ne reçoivent en principe que les enfants musulmans de familles offrant des garanties suffisantes d'honorabilité et de moralité. La plupart des élèves viennent des écoles des Fils de Notables. En pratique on y rencontre des enfants de toutes les catégories sociales depuis les fils de petits boutiquiers jusqu'aux fils de caïds ou de hauts fonctionnaires du Maghzen. La pensée initiale du Maréchal Lyautey de réserver les Collèges Musulmans de Fès et de Rabat aux fils de l'élite sociale capable d'avoir une influence sur la masse par ses vertus religieuses ou par ses fonctions n'a pas été respectée

- au point de vue intellectuel: au début le certificat d'études primaires françaises était exigé à l'entrée du premier cycle secondaire des Collèges musulmans. Après 1920, c'est le certificat d'études primaires musulmanes, récemment institué, qui était demandé.

Une troisième sélection s'effectuait au cours des études: les élèves montrant peu de disposition pour les études, trop âgés ou n'ayant pas les moyens suffisants pour poursuivre les études étaient réorientés vers le commerce ou comme petits employés dans les administrations.

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Photo T.C.A.F.N. Section cinématographique S.P 505 Mai 1940 : Les étudiants de Fès assistent à la pose de la 1ère pierre de l'Internat du collège Moulay Idriss.

On notera que si Moulay Idriss n'avait pas dans les années 20 d'internat, il avait une " association des Anciens élèves du Collège de Moulay Idriss". L'autorisation de création avait été donnée avec réticence. Le siège de l'association était au collège même " où le directeur peut exercer sur elle une surveillance constante". Les autorités françaises considèrent qu'une telle association est moins dangereuse au grand jour et qu'il ne suffirait pas de l'interdire légalement pour la supprimer ! Paradoxalement elles ont préféré ne pas autoriser auprès du Collège Moulay Youssef de Rabat une association analogue

MÉDINA VERS L'EST, DAR BEÏDA, DAR BATHA

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Photo aérienne du 18 février 1930. Pilote Adj. Ciavaldini. Photographe : Adj-chef Orihuel. 37ème RA, 9ème escadron
(Photo adressée par Danièle J.).

Vue prise en direction de l'est.

Au premier plan La Résidence: Dar Beïda aussi appelé Palais de Bou Jeloud; construit par Moulay Hassan, agrandi par Moulay HaFid et aménagé pour la résidence en 1914. On voit les vastes jardins

Derrière Dar Batha, édifié par les sultans Moulay Hassan et Abd el Aziz. Les deux bâtiments sont séparés par un grand jardin avec allées médianes et latérales , perpendiculaires pavées de zelliges et surélevées par rapport au jardin.
Il abrite le musée d'art marocain. Au fond la partie à arcades a été un temps le cercle militaire

A droite et en face du Batha, le bâtiment du Consulat Britannique.
A droite et plus près de la Résidence le bâtiment des affaires indigènes

Plus à droite, c'est le quartier Ed Douh qui a abrité différentes administrations avant la construction de la ville nouvelle: service municipaux, contrôle civil, etc ...

PORTE ORIENTALE DE LA KASBA EL KHEMIS OU DES CHRARDA

Cette Kasba fut construite en 1671 par le sultan Moulay Er-Rachid. Moulay Er Rachid s'entoura de tribus guich et fit construire à Fès, pour la résidence de leurs contingents, des kasba dont cette Kasba el Khémis (Fort du jeudi) qui abrita à son origine la tribu des Chraga.

Le nom d'El Khemis viendrait du fait qu'elle se trouve près du lieu où se tient le marché du jeudi (el-Khemis). Elle ne garda d'ailleurs pas ce nom car elle eu successivement le nom des tribus guich qui l'habitèrent et se nomme aujourd'hui Kasba des Chrarda , les Chrarda étant les derniers à l'avoir habité.

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(Photographie 410 Service photographique de la Résidence 1929 " Les remparts")

La Kasba était un quadrilatère à peu près régulier, fait de murailles crénelées, jalonnées de fortes tours carrées. On y accédait par deux portes monumentales, l'une à l'ouest vers le Saïs, l'autre à l'Est vers Bab Mahrouk. Cette porte orientale avait été été murée à la fin du XIX ème siècle.

La Kasba ne renfermait que quelques masures, tout le reste de la surface enclose était laissé à la libre disposition des hommes et des animaux qui y passaient une nuit … ou des mois.

Vers 1910, la Kasba est occupée par les troupes chérifiennes, instruites par la mission militaire française. Le docteur Cristiani , médecin de la mission y installe son infirmerie qui deviendra l'hôpital Cocard et occupera la partie Nord-Est de la Kasba. L'accès à Cocard se faisait par cette porte de l'Est.

Au premier plan quelques tombes du cimetière de Bab Mahrouk qui à l'époque, comme la majorité des cimetières musulmans au Maroc, n'était pas clos de murs
Derrière, la porte orientale de la Kasbah des Chrarda.

FÈS : VUE GÉNÉRALE

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Cliché Joseph Bouhsira, vers 1920. Photographe à Fez


Une coulée de verdure sur une pente à 45°, entouré de chaotiques mouvements de terrain, telle est la situation de Fès la Sainte. Situation déterminée par la géographie et l'abondance de l'eau qu'y répand généreusement l'Oued Fès

On voit s'étaler à nos pieds, dans un profond ravin, un amoncellement de maisons recoupé de ruelles qui dévalent.



1 modifications. Plus récente: 28/07/14 21:40 par georges-michel.

UN SOUK DE FÈS

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Cliché Joseph Boushira, vers 1920. Photographe à Fez


"En pénétrant dans le Fès historique, on recule de plusieurs siècles en arrière, plongeant en plein Moyen-Age – en plein Moyen-Age vivant- parmi une foule joyeuse et ardente que rythme la chanson des métiers, imprégnée de l'odeur «Hassani », ce singulier mélange de senteurs du cèdre, des vapeurs de l'encens avec relents de friture et de beurre ranci" J. Marrast dans l'oeuvre d'Henri Prost: Urbanisme et Architecture

TALAA , VERS LES SOUKS

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Cliché France-Presse 29.11.1937 " Une vue des souks de Fès"


" Descendant l'étroite et tortueuse artère de ces ruelles, d'où toute circulation moderne de véhicules est à jamais bannie, on se dirige vers les grands souks ; celui d'El- Nedjarin avec sa magnifique porte, la petite place et sa charmante fontaine ; la vieille horloge à sable ; le sanctuaire de Moulay-Idriss. Tout cela dans le clair-obscur d'un jour tamisé par les treillis de roseau, dans des tons de vieux cuir tanné, évoquant Rembrandt et s'opposant radicalement aux blancheurs de Rabat et Salé"
J. Marrast dans l'œuvre de Henri Prost. Urbanisme et Architecture

CIMETIÈRE DE BAB MAHROUK

Le cimetière de Bab Mahrouk, dont on voit ici une petite partie, s'étend du marché du Khemis à Bab Segma, entre Boujeloud et la Kasba des Chrarda ; il était parfois appelé cimetière de Sidi Boubeker el Arabi du nom d'un marabout connu qui y est enseveli.


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Photographie J.Belin . Cliché Tourisme-Rabat. Avant 1950

Ce cimetière dessert en principe, avec celui de Bab Guisa la rive des Kairouanais, mais beaucoup d'habitants de cette rive ont leur sépulture dans les cimetières « chics » de Bab Ftouh. On enterre souvent les défunts, selon les désirs qu'ils ont exprimés ou les privilèges dont jouissent leurs familles. Certaines familles bourgeoises avaient un cimetière particulier sur un terrain qui leur appartenait.

L'espace n'est pas mesuré et les limites sont imprécises ; les tombes, souvent très simples, ne sont pas alignées symétriquement entre des murailles qui les sépareraient du monde des vivants.

En arrière-plan, les remparts et la porte de Bab MahrouK, la médina et à l'horizon les sommets enneigés du Bou Iblane

CIMETIÈRE DE BAB MAHROUK: TOMBE DE ABDERRAHMAN ELHEULJ / DE SAULTY


Dans ce cimetière se trouve la tombe d'un ancien officier du génie français converti à l'Islam, le capitaine de Saulty, connu au Maroc sous le nom de Elhadj Abderrahman Elheulj.

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Photo J. Belin, dans les années 1940 : Dômes des tombes de Elhadj Abderrahman Elheulj et Sidi Messaoud El Filali


de Saulty servait en Algérie au début de la conquête de l'Algérie mais il a déserté en enlevant la femme de son colonel ... Il part d'abord pour Tunis, puis après le décès prématuré de sa « conquête » il s'installe au Maroc.

Nommé par le Sultan Moulay Abderrahman, capitaine des forces royales, il est chargé de planifier la construction de la route de Fès à Meknès, la construction du pont du Mekkes sur la route de Tanger à Fès et celui de l'oued Fès près de Bab Sidi Boujida, etc …

Musulman sincère, il accomplit le pèlerinage de La Mecque et resta toujours à l'écart des européens. Il est mort en 1879 lors de l'épidémie de choléra qui frappa Fès.

Sa tombe au cimetière de Bab Mahrouk, dans sa partie proche de Bab Segma, était repérée par la proximité d'un long palmier étique signalant le mausolée de Sidi Bou Bker El Arabi et la qoubba du marabout Sidi Messaoud El Filali

Le palmier a aujourd'hui disparu.

CIMETIÈRE DE BAB FTOUH : RECUEILLEMENT 1

Le cimetière de Bab Ftouh est le plus « chic » de Fès. C'est le cimetière, par excellence, des savants et des oulémas renommés de Fès dont les mausolées s'étagent en gradin sur les collines hors des murs de la ville.


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Protectorat de la République Française au Maroc. Office marocain du tourisme. Photo J. Belin. Vers 1950


A côté des mausolées du cimetière de Bab Ftouh avec leurs coupoles blanches ou leurs dômes patinés, au milieu du vert soutenu des oliviers centenaires, on trouve éparpillés dans un désordre tranquille, stèles et tombeaux de familles anonymes et les innombrables sépultures des plus humbles qui donnent à la colline son aspect bosselé. Les saints miraculeux, les doctes oulémas et les grands (ou moins grands) illuminés partagent ainsi leur paisible repos avec tous ceux qui, un jour ou l'autre, sont venus durant leur vie chercher le réconfort ou la baraka.

CIMETIÈRE DE BAB FTOUH : RECUEILLEMENT 2


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Protectorat de la République Française au Maroc. Office marocain du tourisme. Photo J. Belin. Vers 1950


Le climat d'inexprimable mélancolie, de recueillement profond de ces femmes immobiles, figées et identiques dans leurs attitudes dignes et douloureuses, tranche avec les descriptions habituelles du cimetière de Bab Ftouh.

On est loin de l'image de la mort sans tristesse, de la sortie familiale et joyeuse du vendredi, du plaisir du temps savouré entre bavardes voisines sous l'ombrage des oliviers centenaires.

CIMETIÈRE DE BAB FTOUH : RECUEILLEMENT 3


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Protectorat de la République Française au Maroc. Office marocain du tourisme. Photo J. Belin. Vers 1950

Si l'Au-Delà n'est pas un problème, la mort semble avoir pétrifié le monde présent

BIDONVILLE PRÈS DES DOCKS SILOS COOPÉRATIFS AGRICOLES DE FÈS

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Cliché photo-reportage BELIN. Résidence générale de France au Maroc

Légende au dos : 24 novembre 1946 :" Les bâtiments modernes s'élèvent au milieu du bidonville qui peu à peu disparaîtra ".

Le constat : la médina enserre dans ses murailles une population qui ne cesse de croître; on ne peut plus continuer à y recevoir de nouveaux habitants.

Le projet: construire sur une période de 20 ou 25 ans une cité de 100 000 habitants. Cette ville nouvelle marocaine sera réalisée dans l'ouest de Fès en direction de la ferme expérimentale en trois étapes. A chacune de ces étapes, c'est un secteur complet qui sera réalisé : voiries et dessertes en lien avec la Médina et Fez Ville-nouvelle, secteur commercial, ateliers , habitations, équipements publics ...

LA NOUVELLE MÉDINA DE FÈS


Le 2 février 1952 le chantier de la Nouvelle ville marocaine est ouvert.

Extrait de l'allocution prononcée par Jean Delarozière, architecte et chef du plan de la ville:

"... Fès n'est pas une ville spontanée, une émanation du terroir … Fès est par excellence une ville « créée ». Elle a été trois fois dans son histoire, l'expression d'un propos délibéré, d'une décision pleinement consciente.

Fès c'est un triple acte de volonté : volonté de Moulay Idriss pour Fès el Bali, volonté d'Abou Yacoub le Mérinide, pour Fès-Jdid, volonté du maréchal Lyautey pour la ville nouvelle de Dar Debibagh.

Un quatrième acte de volonté vient d'être posé : l'extension de la ville vers l'Ouest. Cet acte de volonté, exprimé d'abord dans des plans longuement mûris, se concrétise aujourd'hui dans la réalité d'un chantier ; pour la quatrième fois de son histoire, Fès ouvre, en pleine connaissance de cause, un grand chantier urbain ... "

La première tranche de travaux s'étend sur un secteur délimité à l'Est par le relais des PTT, la prison civile d'Aïn Kadous et le Centre d'Épidémiologie; à l'ouest par la Ferme expérimentale; au Sud par la route dite "impériale", vers Meknès

L'implantation future du Grand Fès est lancée



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Photo Belin Office Marocain du tourisme. Légendée "La Nouvelle Médina de Fès " Non datée mais vers 1955



1 modifications. Plus récente: 31/07/14 23:32 par georges-michel.

HÔPITAL MILITAIRE AUVERT : PAVILLON BOUET

Dans son livre « En colonne au Maroc, Rabat, Fès, Méquinez » écrit en 1912 et publié en 1913, Pierre Khorat décrit ainsi les lieux: " C'était la classique demeure d'un Arabe riche, avec son vaste jardin rempli d'arbres fruitiers, où l'oued Fez canalisé roulait le chant berceur de ses eaux torrentueuses. Des fontaines murmuraient dans les vasques de marbre, et, dans les corps de logis, les fenêtres aux fins grillages de fer laissaient passer une clarté fraîche; les chambres dallées de faïence, les couleurs gaies des plafonds et des murs, le chant des oiseaux, le parfum des orangers, le calme environnant, semblaient faire de cet asile de la douleur une thébaïde sereine et reposante … »


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4 mai 1916 Photographie du Service photographique des armées. "Pavillon Bouet, réservé aux officiers". Opérateur Machard Pierre (photographe)



L'hôpital Auvert est à cette époque installé à Dar Bennis, palais où est descendue la mission Saint -René Taillandier, en 1905 et où le Dr Murat ouvre le premier dispensaire français, aidée par Mme Saint-René Taillandier qui fait office d'infirmière

Certes le cadre est agréable, un très grand jardin touche à des parcs immenses qui vont jusqu'aux murs de la ville de Fès mais les conditions d'hospitalisation sont précaires. Les malades sont installés, pour beaucoup d'entre eux dans des tentes, dans les jardins, mais les officiers ont un pavillon «en dur: le pavillon Bouet.

HÔPITAL MILITAIRE AUVERT : MONUMENT AUVERT


Dans « Un voyage au Maroc »,écrit en 1913, Albert Navarre évoque l'hôpital Auvert: « l'hôpital se trouve dans la partie neuve de la ville (Fez-Djedid), dans le quartier des consulats ».

« Une fois le seuil franchi, on se trouve en présence d'un immense jardin, au milieu duquel un pieux souvenir a élevé un monument à la mémoire du médecin militaire Auvert tué à l'ennemi et dont l'hôpital porte le nom. ».


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4 mai 1916. Photographie du service photographique des armées. "monument élevé à Auvert, tué pendant qu'il pansait un blessé au combat de Nzala Djeboud" Opérateur C : Machard Pierre (photographe)

« Le 2 juin 1911, au passage de l'oued Mikkès par nos troupes volant au secours de Fez, un jeune médecin aide-major de grand mérite, d'inlassable dévouement, Auvert, tombait, à la nzala Djeboub, frappé d'une balle marocaine, au moment où , remplissant son ministère, il prodiguait ses soins à l'un de nos blessés. Entre tant de morts héroïques dont la terre marocaine fut témoin depuis que nous y avons porté nos armes, celle-là fut des plus émouvantes et des plus nobles »

Les camarades d'Auvert ont tenu à accorder à sa mémoire davantage encore. Dans le jardin de l'hôpital de Fès, ils ont dressé un monument pour perpétuer son souvenir. C'est, sur un socle de zélijs, où s'inscrit, avec le nom d'Auvert, un récit lapidaire de sa mort, en français et en arabe, une colonne tronquée, du haut de laquelle le coq gaulois « lance son claironnant appel à la bravoure, au dévouement, à toutes les vertus viriles». Illustration 28 septembre 1912.

Sur la photo du service photographique des armées, prise en 1916, on constate que le coq a déjà disparu !

Je ne me rappelle pas cette nouvelle médina. Je vois bien les docksilos dans le fond, mais cette cité, à l'image des Habbous de Casa,je n'arrive pas à la situer...
Merci, Georges pour tous les trésors que tu nous apportes régulièrement, enrichissant notre connaissance de la ville, toujours étayés de citations d'ouvrages de référence.

Carole, je te propose un extrait d'un plan de 1953 où la première partie du lotissement de la nouvelle médina est matérialisée

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A gauche ( à l'ouest) la ferme expérimentale. En allant vers la droite, il y a un lotissement : 4 rectangles délimités par des routes, le rectangle avec des constructions schématisées en rouge pâle est le premier lot de ce qui est appelé " nouvelle médina" .

A droite de ce bloc la prison civile d'Aïn Kadous, le centre d'épidémiologie et un peu plus loin le cimetière de Bab Segma

A l'extrémité droite du plan , la casbah des Cherarda, Bab Segma, la Makina ....

Pour suivre l'évolution du quartier, voici un extrait d'un plan du quartier en 1985, soit une trentaine d'années après la pose de la "première pierre".

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Les constructions se sont multipliées et les projets initiaux réalisés: "voiries et dessertes en lien avec la Médina et Fez Ville-nouvelle, secteur commercial, ateliers , habitations, équipements publics ..." Tout y est !

La première partie du lotissement de 1954/55 se trouve à peu près au centre du plan sous le "Ayn " d'Ayn Kadous, juste au dessus de "Moulin Fejjaline"

On remarque que les rues n'ont pas encore de nom "rue 205, 206 207" et "avenue 201"

merci, Georges, pour les plans qui me permettent de mieux situer le lieu de cette nouvelle médina.
Je n'allais sans doute pas dans ce quartier à l'époque où nous habitions Fès.
Quel développement depuis !

LE JARDIN DE BOUJELOUD

C'est sous le règne de Moulay Hassan(1873-1894) que Fès-Jdid fut réuni à la Médina par un ensemble de hautes murailles crénelées, pour des raisons de sécurité et pour protéger des regards indiscrets les jardins de Boujeloud destinés aux dames du Palais.

Un souterrain permettait l'accès direct du Palais à ces jardins clos qui s'étendaient jusqu'au Dar El-Beida ( qui devint la résidence en 1914).


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Photographie anonyme et non datée, mais issue d'un service officiel (marquée au dos d'une étoile verte à cinq branches et numérotée R 771), Probablement des années 40 ( évaluation / à d'autres photos de même provenance)


C'est en 1917, sous l'action du capitaine Mellier, chef des services municipaux, qu'il est décidé de réserver le jardin de Boujeloud à la création d'un jardin public.

Le jardin de Boujeloud doit son nom de "Boujeloud" à la corruption de langage, du terme Bou Jenoud " la place d'armes " ou la "garnison"

Le jardin de Boujeloud a été un temps nommé Parc René Maître (appelation jamais utilisée par la population) en hommage à René Maître, chef des Services municipaux qui en 1939 a décidé de transformer la partie centrale en jardin andalou; aidé par M. Zaborsky, architecte-paysagiste et par M. Marchisio pour la percée des trois portes sur l'avenue des Français

S.M. le Sultan Mohammed V a inauguré le jardinn transformé en mai 1939.

Aujourd'hui le jardin de Boujeloud est appelé Jnane Sbile - jardin public-



1 modifications. Plus récente: 09/08/14 22:23 par georges-michel.

LE LAC DU JARDIN DE BOUJELOUD

Après avoir traversé le jardin andalou (photo précédente) en venant des trois portes donnant sur l'avenue des Français, on passait - aujourd'hui les lieux sont modifiés - sur des ponts qui enjambent les bras de l'oued puis on arrive à un lac d'un demi hectare environ bordé de saules pleureurs et de peupliers.

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Photographie anonyme et non datée, mais issue d'un service officiel (marquée au dos d'une étoile verte à cinq branches et numérotée R 790), Probablement des années 40

Le décor du fond n'est pas banal : le borj Cheikh Ahmed (non visible sur ce cliché) des remparts de Fès-Jdid, des minarets de mosquée.

Le lac constituait une réserve d'eau de l'usine électrique située bien plus bas en contrebas (vers la route de Taza). En été il était une « piscine » défendue mais utilisée, quand les gardiens étaient d'un autre côté, par des enfants pour se baigner ou essayer d'attraper des poissons à la main.
Quelques barques permettaient des promenades sur le lac avant d'aller déguster un thé à la menthe.

Depuis la réhabilitation, très réussie, des différents espaces en 2010 Jnane Sbile est redevenu le havre de paix et de fraîcheur qu'il était jusque dans les années 60. ( Il manque cependant un petit café … !).

LA NORIA DU JARDIN DE BOUJELOUD


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Photographie anonyme et non datée, mais issue d'un service officiel (marquée au dos d'une étoile verte à cinq branches et numérotée R 788), Probablement des années 40

La noria du jardin de Boujeloud est célèbre depuis toujours par les lamentations de son axe, dont la légende s'était emparée pour rappeler le drame de l'amour ancien d'une sultane, faute chèrement payée et dont les plaintes du bois rappelaient toujours le souvenir.
(voir [adafes.com])

Périodiquement remise en état, elle a été dotée dans les années cinquante de coussinets à bain d'huile qui ont mis une fin aux gémissements légendaires ! L'entretien fut ensuite abandonné – comme celui du jardin tout entier – et les seules lamentations que l'on pouvait entendre étaient celles des visiteurs, à la recherche de leurs souvenirs, qui ne trouvaient pour seul trace de la noria … que son axe.

Lors de la réhabilitation de 2010, une nouvelle noria en acier a été installée au même emplacement … mais modernité oblige (et par manque d'eau car la dérivation de l'oued Fès qui alimentait la noria est supprimée) une minuterie déclenche toutes les demi-heures le mouvement de la noria et les godets puisent l'eau – qui est recyclée – dans un petit bassin

DAR JBINA

Le dar Jbina Ben Jelloun est situé à l’Est de la médina, dans le voisinage de Bab Sidi Boujida, dans un des trois quartiers « chics » de la ville.

Les deux autres sont situés au Sud aux abords de l’oued Masmouda et surtout au Sud-ouest sur les pentes d’el-Oyoun et de Talaa.qui regroupent de très nombreuses demeures aristocratiques.

Ces quartiers riches sont caractérisés par les amples proportions des demeures et le vaste espace qu’occupait chacune.


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(Cliché service photographique de la Résidence 1929 N° 359 Dar Jbina)


On remarque la cour au sol dallé de mosaïques, avec une vasque en son centre. On devine derrière les grilles à droite et à gauche des massifs où poussent des fleurs mais aussi des arbres fruitiers : grenadiers, orangers, citronniers, mûriers qui voisinent souvent avec des rosiers et du jasmin.

Eau murmurante, verdure, fleurs, parfums, mosaïques, colonnes et portes ornées tel était le décor où vivaient les riches fasi, en périphérie de la médina.

TANNERIES À FÈS


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Cliché du Service photographique de la Résidence 1929. N° 417 " Les tanneries".


Il s’agit probablement de la tannerie d’Aïn Azliten, située sous les tombeaux mérinides que l’on aperçoit au sommet de la colline, avec à côté le fort Chardonnet. A l’intérieur des remparts, le cimetière de Bab Gisa, où l’on peut se rendre facilement à partir de la tannerie et qui sert aussi à faire sécher les peaux apportées à dos d’ânes tous les matins ensoleillés.

Elle est alimentée par deux sources voisines, dont l’une (Aïn Cherchour) jaillit pratiquement sous la tannerie, l’autre (Aïn Azliten) à une centaine de mètres en amont. L’approvisionnement en eau est donc très facile.

Le cliché montre bien l’aire découverte de la tannerie, creusée de bassins pour le lavage et le rinçage des peaux, et de fosses destinées aux bains dans lesquels elles séjournent.

Autour de cette aire découverte, s’alignent les magasins-ateliers qui garnissent les côtés de la tannerie et sont pour l’essentiel au premier étage. Cette disposition en hauteur, par manque de place, a l’avantage d’isoler les tanneries de l’extérieur et d’épargner - au moins partiellement ! - aux voisins les odeurs nauséabondes qui s’en dégagent.

L'accès à cette tannerie est actuellement facilitée par l'ouverture de la route pénétrante d'Aïn Azliten qui permet d'arriver en voiture jusqu'à 200 mètres de l'entrée !