Sous cette appellation j'évoquerai, sans en faire l'historique précis, les divers établissements qui ont servi de lieu de réunion des officiers avec des annexes tels que « popote », bibliothèque, chambres, bar, salle de lecture, etc...

En 1925, c'est le cercle installé au Batha qui rassemblait officiers et fonctionnaires civils des services sédentaires logeant aux alentours de la Résidence, de l'Etat-major à Bellevue, de Dar Tazi et du bureau régional ainsi que les officiers des corps de troupes de passage.

Les bataillons qui se succédaient à Fès, à l'aller et au retour du front du Rif, campaient dans les baraquements de Dar-Mahrès, et de Dar Debibagh, chacun ayant sa popote particulière. Une baraque de ce qui est devenu le camp Fellert offrait quelques chambres rustiques aux officiers isolés de passage.

Dans la période de 1936 à 1939, on trouvait à Fès trois cercles militaires: l'ancien cercle du Batha, celui de Dar Mahrès et celui du camp Fellert. Le premier n'avait alors qu'une bibliothèque et une salle de lecture. Le second servait plus particulièrement aux officiers de la Légion étrangère. Tous les deux étaient excentrés par rapport au centre de la vie urbaine qui depuis 1925 avait quitté la place du Commerce pour se développer dans la ville nouvelle. Le troisième, le cercle du Camp Fellert, était le plus fréquenté. On y trouvait bibliothèque, salle de lecture, salle de jeux et quelques chambres, mais les bâtiments étaient vétustes.

A la veille de la guerre, deux projets avaient été envisagés: transformer en cercle la maison dite « de commandement », en face de l'église Saint François d'Assise (et actuelle maison du consul général de France à Fès). Elle s'y prêtait bien avec son grand jardin....mais on se doute que cela ne faisait pas l'affaire des officiers supérieurs ou généraux qui en bénéficiaient à cette époque !

Le président du cercle du Camp Fellert proposa alors d'installer le cercle dans l'immeuble où devait s'installer ensuite le Vox/Astor avenue Maurial. Bibliothèque et annexes,et un mess y auraient largement trouvé leur place, sans compter la possibilité d'y aménager une vingtaine de chambres à la fois en centre-ville et près des camps de Dar Debibagh.

Une étude a même été faite: la mise de fonds pour la transformation des locaux n'était pas énorme mais le Chef de la Région ne crut pas devoir autoriser la concrétisation du projet, car l'opposition des hôteliers et des restaurateurs était grande, ils voyaient là une concurrence trop facile et avantagée.

Peu après, la guerre ayant éclaté, il fallut en venir d'urgence à la création d'un mess et trouver des chambres pour les officiers: la solution fut la réquisition du Grand Hôtel avec les récriminations et les mécontentements que cette mesure a fait naître.

La guerre terminée la création d'un cercle militaire confortable et accueillant se pose à nouveau. Un tel lieu permet le contact régulier entre les officiers des divers corps et maintient les liens avec les officiers de réserve et les civils qui apprécient de s'y retrouver.

Le général Laparra, commandant militaire de la région, décide alors de transformer le bâtiment de l'ancien tribunal militaire (qui avait été encore avant l'ancien tribunal de paix) en Cercle des Officiers. La localisation est intéressante: à l'entrée du boulevard Poeymirau, à l'angle du boulevard et de l'avenue de France. Le commandant Couvidou est chargé de superviser la remise à neuf des locaux et leur aménagement. Le capitaine Greso deviendra le premier gérant de ce cercle qui comportera au premier étage une bibliothèque et des salles de lecture; au rez-de-chaussée un "très beau bar meublée de façon très moderne par les soins de l'Adour-Sebou, avec grande salle", deux belles salles à manger, plus en annexes, cuisine, magasins et office. Le cercle ne comportera pas de chambres.

Le grand patio complétant les salles sera utilisé pour les réceptions, bals et diverses manifestations organisées par le Cercle militaire et fort appréciées des fasi.

Un des regrets des concepteurs du projet a été le refus du Service des Beaux-Arts d'autoriser une porte d'entrée à travers les jardins, sur le boulevard Poeymirau: l'idée était d'ouvrir un grand portail à l'angle du boulevard et de l'avenue.
L'inauguration officielle a eu lieu fin septembre 1947 (mais le bar fonctionnait déjà depuis la fin août !) .

Les bâtiments après diverses utilisations depuis l'indépendance, et plus ou moins délaissés ces dernières années ont été démolis en 2010.

Salut Georges,
J' espère que la prochaine fois tu nous parleras aussi longuement du Mess situé en haut de l' Ave de France !! Amitiés DANY