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Le Père Michel FABRE
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 16 décembre 2010 00:01:28

Nous avons souvent évoqué le Père Michel Fabre, tué pendant les événements d'avril 1912 à Fès et la chapelle Saint MICHEL qui fut la première église stable de la ville. J'ai trouvé quelques informations sur la vie du père Fabre qui pourront intéresser les plus curieux d'entre nous !

Michel Fabre de son vrai nom Cyprien-Marius Fabre est né le 25 novembre 1880, à Monclarat, dans le Rouergue. Son père, Pierre Fabre, et sa mère, Eugénie Pujol, étaient des aveyronnais «  de vieille race et des chrétiens de vieille foi ». La famille était relativement pauvre même si les Fabre étaient propriétaires d'une maisonnette modeste et de quelques terres alentours qui ne suffisaient pas aux besoins de leur nombreuse famille. Le père était berger de troupeaux de brebis qui paissaient dans les bruyères parfumées du Larzac....pas encore occupé par les militaires et les écolos.

La mère élevait ses 5 enfants et travaillait le petit domaine environnant. Cyprien était le dernier d'une fratrie de 6 composée de 4 filles et 2 garçons ( en fait ils ne furent au maximum que 5 vivants car la troisième fille Louise-Emilie est morte à l'âge de 2 ans et a été « remplacée » par une autre fille, qui portait d'ailleurs le même prénom). Cette dernière fille entre dans les ordres et les 2 garçons « échappent au monde » en devenant franciscains.

Cyprien bien plus jeune que ses aînés tenait compagnie à sa mère et était très attaché à elle. Il est décrit comme un enfant compatissant et bon, ne tolérant pas de voir pleurer les enfants de son âge, dévoué, sage et pieux. Très tôt il devient enfant de choeur à l'église paroissiale et accompagne le curé dans ses visites aux malades. Cependant il est aussi un grand bout-en-train et un intrépide joueur.

Il fréquente l'école primaire mixte du Nouzet, petit hameau proche de Montclarat. L'école est tenue par une « digne institutrice, capable et judicieuse, mais surtout , chrétienne convaincue et pratiquante ».

En 1885, le plus âgé des 2 frères-12 ans- postule pour entrer au Collège Séraphique ( de l'ordre des franciscains) de Bordeaux. Ces médiocres aptitudes intellectuelles ne lui permettent pas un accès direct au séminaire mais il réussira finalement à devenir franciscain en Terre-Sainte.

Les lettres de son frère et de sa soeur religieuse, missionnaire en Grèce, l'environnement particulièrement pieux dans lequel il évolue ,amènent Cyprien à 12 ans vouloir devenir lui aussi missionnaire. Doté de bonnes facultés intellectuelles il est admis, en 1893, au Collège Séraphique de Bordeaux où il fait 5 ans d'études. Ce collège est réservé à ceux qu'attirent la vie et les missions franciscaines.

Il entre ensuite au Noviciat à Pau et devient frère Michel le jour de sa prise d'habit en août 1898. Il est apprécié sans se faire remarquer: rien d'extraordinaire ne le signale à l'attention de ses supérieurs qui n'ont jamais eu le moindre reproche à lui faire. Un an plus tard il prononce ses voeux et part pour Béziers pour faire des études de philosophie et continuer sa formation franciscaine avec le désir de partir comme missionnaire en Chine.

Il doit auparavant accomplir son service militaire et fin 1901, le Frère Michel est incorporé pour 3 ans au 158ème d'infanterie alpine à Lyon, comme simple soldat et non comme aumônier.

A l'issue il rejoint Fribourg en Suisse pour suivre des cours à l'Université Catholique. En octobre 1905 il prononce ses voeux définitifs et solennels et sera ordonné prêtre en août 1907. Il termine à Fribourg ses études de théologie, et suit 2 années de préparation à la prédication. Il assure également des fonctions d'enseignant

En mai 1911 il est désigné pour le Maroc comme aumônier militaire et doit partir dans les 3 jours, sans pouvoir aller revoir ses parents. «  Mon père et ma mère! Ah si vous les connaissiez ! Ce sont de si bons chrétiens ! Ils seraient heureux si je mourrais en martyr » dit-il à son supérieur qui lui demande quelle sera la réaction de ses parents en apprenant son départ.

Il arrive à Casablanca le 8 juin 1911. La situation des aumôniers militaires à cette époque est inconfortable: ils sont envoyés par l'Aumônerie militaire coloniale libre mais ils ne sont pas accrédités auprès du corps expéditionnaire. Ils suivent les colonnes qui vont vers l'intérieur du pays et doivent négocier leur présence auprès des autorités militaires locales. Ils ne sont pas autorisés à entrer dans les hôpitaux de campagne s'ils n'ont pas été demandés par le malade lui même et le Père Michel raconte une anecdote où il est réveillé en pleine nuit par un médecin de l'hôpital lui demandant de venir assister un de ses patients, déjà inconscient et qui va mourir. « Je ne peux pas vous laisser entrer dans l'hôpital puisque les règlements le défendent; il faut vous le savez que le malade ait demandé lui-même le prêtre. Mais vous pourrez l'absoudre par la fenêtre, il se trouve tout à côté » ! Et le lendemain un officier vient lui demander de faire l'enterrement du malade mort la veille.

Peu à peu les aumôniers – ils ne sont que 2 en 1911 - trouvent leur place et sont acceptés dans les hôpitaux où en dehors de leur ministère religieux ils rendent de petits services aux malades et aux blessés qu'ils ravitaillent en tabac, encre et papier à lettres, journaux etc.. Ils écrivent aussi aux familles pour donner des nouvelles, bonnes ou mauvaises.

Le Père Michel après quelques mois à Meknès, prenait la route de Fès le 26 décembre 1911 et il arrive le 29 décembre. Il va dans un premier temps voir comment il peut exercer son ministère à Fès car si une certaine tolérance s'était établie concernant la présence des aumôniers, elle dépendait toujours du bon vouloir des autorités militaires, qui elles-mêmes pouvaient se trouver en difficulté en acceptant la présence d'aumôniers non officiellement accrédités.
Il fallut attendre le 13 février 1912 pour que M.Millerand , ministre de la guerre autorise les aumôniers à accomplir leurs fonctions auprès des armées et plus particulièrement pour le Père Michel Fabre à l'hôpital Auvert.

Le père Michel, dans sa correspondance avec ses supérieurs de Fribourg, écrit qu'à cette époque (hiver 1912) l'hôpital est presque vide, occupé uniquement par quelques soldats indigènes. Il ajoute qu'au printemps il n'en serait pas de même car on attendait de nombreux colons français et les troupes afflueraient pour marcher sur Taza et ouvrir la route de l'Algérie.

La situation à Fès en cette fin d'hiver est plus tendue; des rumeurs circulaient sur la signature du traité de protectorat ce qui inquiétait certains milieux marocains. Un jour de mars un soldat marocain tue un officier français en plein champ de manoeuvres et le 19 mars 1912 le Père Fabre faisait son premier enterrement à Fès.
Fin mars on se bat au sud , du côté de Sefrou et il y a de nombreux blessés.

Le père Fabre apprenait le 10 avril que sa mère était décédée dix jours avant la veille des Rameaux ( son père était décédé le 28 septembre 1911) et il en fut particulièrement atterré. On sait l'attachement que le jeune Cyprien Fabre avait pour sa mère et dans une lettre adressée au directeur du collège séraphique le 16 avril 1912 le Père Michel évoque « cette nouvelle épreuve » pour lui: «  je bénis la main de Dieu qui nous éprouve si cruellement, et lui offre ce nouveau sacrifice pour la conversion de ce Maroc infidèle, qui m'enlève la consolation de revoir mes parents vivants sur cette misérable terre ».

Et c'est le lendemain 17 avril 1912 que le Père Michel Fabre sera tué lors de la révolte de certains askris de la Casbah des Cherarda. «  Vers 13h15, les troupes chérifiennes révoltées, se dirigèrent vers l'hôtel français où prenait ses repas le P.Michel en compagnie de plusieurs de ses compagnons...... la propriétaire de l'hôtel, Mme Imberdis, se précipita pour fermer la porte, et juste à ce moment rentra le capitaine de Fabry qui était poursuivi par les soldats révoltés. Mme Imberdis eut le temps de fermer la porte et reçut au travers de celle-ci une balle qui la tua.

Les assaillants commencent à enfoncer la porte menant à l'étage où s'étaient réfugiés les français présents dans l'hôtel. « Le P. Fabre proposa de descendre pour essayer de calmer les assiégeants, pas un de nous n'eut l'idée de l'en empêcher. Il descendit donc et il se nomma aux soldats en disant Marabout, Marabout...C'est juste à ce moment que la porte céda. Nous n'avons pas entendu un cri; et c'est seulement le soir à 5 heures, en tentant une reconnaissance, que nous avons trouvé son cadavre dans la cour, à quatre mètres de l'escalier. Il avait la gorge tranchée, et plusieurs coups de poignard. Son habit avait été enlevé ».

«  Il est descendu de son refuge, s'exposant à une mort certaine, pour tenter de calmer les assaillants et donc pour sauver ses compagnons. Il a fait cela par un mouvement de noble charité, mais simplement , naturellement, comme il avait l'habitude de faire toutes choses ».

Il n'avait pas encore 32 ans.

Pour certains il est mort en martyr comme il l'avait souvent souhaité. Il ne m'appartient pas de dire si c'est là être un martyr mais je ne peux m'empêcher de relever le contexte dans lequel le Père Michel est mort: il venait d'apprendre le décès de sa mère tant aimée. Aurait-il eu la même conduite dans un autre contexte ? Personne ne peut le dire.

Ceci n'enlève rien à son courage et à la valeur de son geste.

C'est à la demande de Lyautey que fut donné le nom de Saint Michel, en hommage au sacrifice du Père Michel Fabre, à la chapelle bâtie dans l'ancienne maison des télégraphistes dont plusieurs périrent lors de ces événements d'avril 1912.

Pièces jointes: Michel Fabre a.jpg (516.2KB)  
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Re: Le Père Michel FABRE
Envoyé par: BISBIS (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 18 décembre 2010 02:33:17

Salut Georges,
Comme toujours un régal de lire cette vie du père Fabre, et comment ferions-nous sans ta culture et ta soif de recherches dans les Bibliothèques !! Merci encore à toi !! DANY

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Re: Le Père Michel FABRE
Envoyé par: tamerl (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 19 décembre 2010 22:18:08

Le père M. Fabre n'a pu effectuer que deux sépultures et un baptême avant son décès tous trois enregistrés à la Chapelle Saint Michel
La 1ere inhumation le 20 mars 1912 au cimetière de Dar Debibagh de Guillasse Charles, Edouard né à Sezanne (Marne) le 2/02/1880 et tué à Fez le 18/03/1912
La 2ème inhumation le 12 avril 1912 au même cimetière de Couchenay Henri, Alfred né le 4/01/1889 à Sermevoy le Haut (Yonne) décédé à l hôpital militaire le 11/04/1912
Ces deux actes sont signés P. Michel Fabre et pour copie conforme contresignés P. Théophile Malausséna
Le baptême a été célébré le 23/03/1912 pour un enfant né à Fez le 3/03/1911 il est signé Père Michel Fabre aumonier militaire franciscain et contresigné pour copie conforme par P. Théophile Malausséna accr. Mr Libre

Le 3ème acte de sépulture de la chapelle Saint Michel est ainsi rédigé '' N° 3 Victimes de l'Insurrection de Fez, 17-20 Avril 1912''
'' L'an du Seigneur 1912, le 6 mai, ont été célébré solennellement , à l'hôpital ''Auvert'', les obsèques des victimes de l'insurrection de Fez, 17-20 Avril, dont les noms suivent :
R.P. Michel Fabre, franciscain, aumonier militaire.
Capitaine de Lesparda,-Capit. Cuny,-Capit.Maréchal, -Capit. de Laveune de la Montoise, -Capit.Rouchotte, -Sous-Intendant Lory, -Lieut. Avril, -Lieut. Rossini, -Lieut. Benaly, -Officier d'administration Marinil, -Lieut. Lapart, -Sergent Possuèls, -Sergent Cocard,-Maréchal des logis Macaigne, Capt. Bourdonneau, -Lieut. Renauld, -Caporal Bonnet, -Soldat Lasserre, -Mr et Mme Bringand, -Mme Imberdis,-Mr Bengi, -Mr Montet, -Mr Decanis, -Mr Mingat, -Mr Ricard.''
Soit 27 personnes signé P. Dominique Bouchery
pour copie conforme P. Théophile Malausséna Franciscain accr. Mgr

Ces enregistrements sont les premiers témoignages de la présence de la communauté catholique de Fez.
Gilles Demmerlé

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Re: Le Père Michel FABRE
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 20 décembre 2010 00:51:33

Bonsoir Gilles,

merci pour ses informations concernant les 2 enterrements et le baptême effectués par le père Michel Fabre avant sa mort le 17 avril à Fès.

Il me semble me souvenir que le baptisé était un fils Campini, dont le père était le responsable de la mission italienne. Pourrais-tu nous le confirmer.

D'autre part la chapelle St Michel n'existait pas avant le décès du Père Michel Fabre et à son emplacement était installée la maison des télégraphistes. Dans les documents que tu as photographiés as tu trouvé la date de l'ouverture de cette chapelle qui est effectivement la première chapelle de Fès au 20ème siècle.

Dans un des courriers adressés par le Père Fabre à ses supérieurs du collège séraphique de Fribourg, il écrit, courant février 1912, qu'après avoir séjourné pendant un mois dans l'unique hôtel existant ( probablement l'hôtel de France de Mme Imberdis près du talaa) il loue un logement à un musulman " j'ai donc 2 pièces; une assez grande pour contenir une centaine de personnes; l'autre, plus petite me servira de chambre. IL y a aussi un petit jardin. Il ajoute que le loyer est trop cher, 140 francs pour un mois et qu'il n'aurait pu s'engager si une personne charitable ne s'était offerte pour payer le loyer.

Il a célébré en mars 1912 plusieurs messes dominicales dont celle du 24 mars qu'il dit un peu plus tôt afin de pouvoir se rendre avec la colonie française à la réception de M.Régnault, représentant officiel de la France, et celle des Rameaux mais sans en préciser le lieu.

Le Père Dominique BOUCHERY qui était aumônier à Rabat arrive à Fès le 29 avril pour remplacer le Père Michel Fabre. Le 6 mai 1912,une cérémonie est organisée " auprès de la fosse où reposent quarante cinq des victimes du massacre, au milieu desquelles le P.Michel". C'est le père Julien Graciette, aumônier à Meknès qui célèbre la messe et le père Dominique Bouchery donne l'absoute.

Le Père Julien avait quitté la France en même temps que le Père Michel et ils avaient toujours été ensemble au Maroc, jusqu'au 26 décembre 1911 où le P.Michel rejoint Fès. Initialement c'était le P.Julien Graciette qui aurait dû rejoindre Fès.

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Re: Le Père Michel FABRE
Envoyé par: tamerl (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 20 décembre 2010 10:29:25

Bonjour Georges,

Tu as une excellente mémoire, le baptême est bien celui du fils Campini, il est écrit :
''EGLISE de St Michel Fez (MAROC)
Acte N° 1 BAPTEME DE Campini Amédéo, Paul Marius Félicissimus
L'an 1912, le 23 Mars je soussigné Père Michel Fabre aumonier militaire de cette Paroisse ai baptisé un enfant né à Fez (Maroc) le 3 Mars 1911 fils de Joseph Campini et de Marguerite, Léonie Lequel enfant a reçu les noms de Amédéo, Paul Marius Félicissimus
Le parrain a été Félicissimus Bénino
La marraine Olga Campini soeur du baptisé''
suivent les signatures des pères Fabre et Malausséna comme dit précédemment.
On peux s'étonner de l'année qui sépare la naissance et le baptême alors qu'à cette époque la règle ne devait pas dépasser 5 jours sous peine d'amende, de courroux séculier et même d'excommunication mais les circonstances de cette conquète et des évènements ont du modifier cette règle..
Pour la date d'ouverture de la chapelle Saint Michel la question est plus difficile il va falloir se livrer a une analyse graphologique ou même ''archéologique'' des écritures car aucun registre ne mentionne d'historique de la paroisse ou du lieu d'enregistrement des actes...a suivre
Gilles

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Le Père Michel Fabre
Envoyé par: yanou (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 20 décembre 2010 10:49:07

Bonnes Fêtes à toutes et tous .



3 modifications. Plus récente: 24/12/10 16:50 par yanou.

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Re: Le Père Michel FABRE
Envoyé par: tamerl (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 20 décembre 2010 11:14:30

Georges,

Il faut savoir que le registre des premières sépultures ne porte pas de nom de paroisse ou lieu d'enregistrement; sur la couverture il est inscrit à la main ''Sépultures 1912-1913-1914-1915-1916'' de même que sur les actes jusqu'en 1916 il n'est rien indiqué, seul le registre des baptêmes porte ''PAROISSE de'' en imprimerie et ''St Michel'' inscrit à la main
De l'acte 1 à l'acte 53 la mention ''St Michel'' est incrite à l'encre noire alors que tous les actes sont rédigés en encre bleue, le premier du père Fabre et tous les autres du père Malausséna; de l'acte N° 53 au N° 57 la paroisse et l'acte sont rédigés de la même main celle du P. Malausséna en encre bleue; à partir de l'acte N° 57 tous les actes et leur entête sont rédigés en encre noire toujours de la même main celle du père Malausséna. L'écriture ''St Michel'' des actes 1 à 53 est de la même main que celle des actes suivants.
On peux en déduire mais sans certitude que l'acte 53 du 3/05/1917
est probablement le premier enregistré à la Chapelle Saint-Michel et que le père à rattrapé les actes précédents de l'inscription ''St-Michel''
Je te confirme que seuls 27 personnes sont enregistrées pour la ceremonie du 6 mai il y a encore les victimes des 26 et 26/05/1912 au nombre de 10 et 3 victimes militaires tuées au combat le 1 juin
As tu une idée de l'identité des 18 victimes non enregistrées sur les 45 que tu cite ou de leur religion ?
Gilles

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Re: Le Père Michel FABRE
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 20 décembre 2010 18:00:24

Merci Gilles pour ces nouvelles précisions.
Plusieurs sujets:
- le nombre de victimes provisoirement inhumées dans les jardins de l'hôpital Auvert. Sur la plupart des documents que j'ai ( ou pu voir), on parle de 44 ou 45 cercueils, recouverts de drapeaux français, de victimes civiles et militaires qui reposaient au fond d'une grande fosse. Il est également précisé que les autres corps avaient été transportés à Dar-Debibagh où, quelques jours après la cérémonie du 6 mai à Auvert, a eu lieu une seconde cérémonie.
Dans les mêmes documents il est fait état de 65 morts civils ou militaires français ou marocains. On peut penser que la quinzaine de noms non mentionnés sur la liste des sépultures de la chapelle St Michel sont probablement des militaires marocains ou musulmans, non rebelles, servant dans les unités engagées pour venir à bout de l'insurrection.
Je n'ai pas d'information sur le lieu où est inhumé le Père Fabre: initialement et de façon provisoire à Auvert. Il a ensuite probablement été transféré au cimetière de Dar Debibagh comme la grande majorité des tués d'avril 1912. Dar Mahrès n'existait pas encore ( premières inhumations vers 1917) et il n'y avait aucune raison pour que le Père Fabre soit enterré au cimetière international (en plus j'ai la liste d'époque et il n'y figure pas!).
Par contre, il existe une tombe des Pères franciscains au cimetière de Dar Mahrès avec seulement 2 noms: Le Père Michel Fabre et le Père Philippe Pimbert aumônier des scouts de France, mort au début des années 30.
Question: est-ce que le cercueil du Père Fabre a été transféré à Dar Mahrès ou est ce une simple mention de rappel?

Je n'ai toujours pas trouvé de renseignement sur ce que sont devenues les tombes de Dar Debibagh.

- Le fait que le petit Campini n'ait été baptisé qu'un an après sa naissance en contradiction avec les habitudes de l'époque, n'est pas surprenant. Il n'y avait pas (ou plus) de prêtre à Fès en 1911: après la Guerra de Africa entre l'Espagne et le Maroc et l'occupation de Tétouan, le traité d'armistice conclut entre les 2 pays en avril 1860 imposa l'acception par le Maghzen d'édifier 2 églises espagnoles, l'une à Fès l'autre à Tétouan, et de faciliter aux prêtres l'exercice de leur tâche. J'ai 2 pistes pour localiser cette première église de Fès.....mais pas de certitudes pour l'instant. C'est la mission franciscaine espagnole qui assura la présence religieuse, pour quelques années seulement à Fès mais elle resta très active sur le littoral méditérranéen.
Même si les franciscains espagnols considéraient le Maroc comme une chasse gardée, le premier « Frère Mineur français » franciscain « aumônier militaire bénévole » débarque en février 1908, au moment de la campagne du corps expéditionnaire français en Chaouia, un autre en 1910 à Oujda et 2 en juin 1911 (les Pères Fabre et Graciette ). Lyautey favorisa ensuite l'implantation de l'église franciscaine française pour éviter que les franciscains espagnols n'utilisent leur implantation à des fins politiques....espagnoles et pour empêcher l'installation d'un clergé séculier colonial dont il avait fait l'expérience en Algérie et qu'il n'appréciait pas: « dès qu'un curé a couché avec sa bonne, compromis une religieuse ou mis à mal un enfant de choeur, on l'envoie aux colonies ». !

- pour les registres je pense comme toi qu'il y a eu une régularisation à postériori pour les sépultures et le baptême effectués par le P. Michel Fabre.Le 2ème et dernier enterrement fait par le P.Fabre l'a été le matin même de sa mort. Il n'a certainement pas eu le temps de remplir les papiers. Je suis à peu près certain que la chapelle, au moins dans une forme sommaire date de septembre 1912 ( j'ai pas recherché mes sources).J'ignore pourquoi les autres registres ont été apparemment remplis plus tard.

L'église S