Re: Cimetières musulmans de Fès
Envoyé par:
georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 12 août 2010 00:37:07
Le cimetière de Bab Mahrouk s'étend du souk du Khémis à Bab Segma, entre Boujeloud et la Casbah des Cherarda, sur un terrain parsemé d'anciens silos almoravides ou almohades.
On l'appelle souvent cimetière de Sidi Bou Beker el Arabi du nom d'un marabout connu qui est enseveli; à côté du mausolée de Sidi Boubeker se trouve la qoubba d'un autre marabout, Sidi Messaoud El Filali sur laquelle un palmier balance sa longue tige dénudée.
Dans ce cimetière se trouve aussi la tombe d'un ancien officier du génie français, converti à l'Islam, le capitaine de Saulty, connu au Maroc sous le nom de Abd er -Rahman de Saulty ( pour la petite histoire, cet officier servant en Algérie pendant les premières années de la conquête avait déserté en enlevant la femme de son colonel ! Il a construit, comme ingénieur du sultan Mouley Abderrahman le pont de l'oued Mikkès sur la route de Tanger et celui de l'oued Fès près de Sidi Boujida. Il créa également le Mechwar de Bab Bou Jat, place d'armes où manoeuvrait l'armée chérifienne).
Le cimetière de Bab Guisa s'étend au nord de la ville sur les pentes escarpées que traverse la route du Zalagh et du tour de Fès. Les tombes y sont dispersées au milieu des rochers dans un pittoresque désordre. On peut voir au sommet de la colline percée de grottes aux ouvertures béantes d'où l'on extrait la chaux, les ruines des tombeaux Mérinides.
Dans ce secteur de Bab Guissa, à l'ouest de la porte, et à l'ombre de la mosquée se trouve une partie intra muros, le cimetière de Sidi Ali el Mzali, tout contre le rempart, sur une petite colline en pente raide.
Plusieurs savants et oulémas ont leur tombe dans le cimetière de Bab Guissa qui avec celui de Bab Mahrouk dessert en principe les habitants de la rive des Kairouanais.
Le troisième cimetière est celui de Bab Ftouh, le plus « chic » de Fès. Une partie du cimetière est comprise dans l'enceinte de la ville entre Sidi Boughalem et Bab El Hamra, l'autre s'étend sur les pentes des collines qui forment en dehors de la porte , une sorte d'amphithéâtre. C'est le cimetière par excellence des savants et des oulèmas renommés de Fès.
Dans la partie intra-muros de ce cimetière se trouve la zaouiya de Sidi Boughalem ou Bou-Ghâleb, savant originaire d'Andalousie et renommé dans l'étude des textes sacrés. Cette zaouiya est l'objet d'une grande vénération et chaque vendredi les femmes de Fès s'y rendent en pèlerinage. La baraka de Sidi Boughalem est souveraine pour les malades et on y transporte les incurables pour lesquels deux chambres ont été aménagés.
Dans la partie extérieure, sur la colline s'étagent en gradin les coupoles des plus célèbres oulèmas qui professèrent à La Qaraouiyine. Au sommet de cette colline on trouvent les sept coupoles, des sept hommes marabouts anonymes dont la mystérieuse baraka est très sollicitée des fidèles.
A l'est de la porte de Bab Ftouth, isolée sur un petit tertre, la zaouiya de Sidi Harazem est une des plus réputées de Fès. Sidi Harazem (ou Sidi Herzihim) natif de Fès, fut un savant d'une éloquence et d'une réputation telles que d'après la légende, les djins eux-mêmes ne dédaignaient point d'assister invisibles à ses cours à la Quaraouiyine. Aussi les personnes qui pensent être tourmentées par ces génies malfaisants ou qui ont l'impression de perdre la raison viennent en pèlerinage à la zaouiya de Sidi Harazem.
Mouley Rachid, fondateur de la dynastie actuelle, fut après sa mort transporté de Marrakech à Fès afin d'être enseveli auprès du marabout pour lequel il avait une profonde vénération. C'est en son souvenir que les tolba se réunissaient à Sidi harazem après l'élection annuelle de leur sultan.( Mouley Rachid lorsqu'il était étudiant à Fès aurait été le premier sultan des tolba après avoir sauvé de l'infamie du harem du juif Ben-Mechaal, une jeune et belle chérifa....mais ceci est une autre histoire!)
A côté des mausolées du cimetière de Bab Ftouh avec leurs coupoles blanches ou leurs dômes patinés, au milieu du vert soutenu des oliviers centenaires on trouve éparpillés dans un désordre tranquille, stèles et tombeaux de familles anonymes et les innombrables sépultures des plus humbles qui donnent à la colline son aspect bosselé. Les saints miraculeux, les doctes oulèmas et les grands (ou moins grands) illuminés partagent ainsi leur paisible repos avec tous ceux qui, un jour ou l'autre, sont venus durant leur vie chercher le réconfort ou la baraka.
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