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LA MATERNITÉ ANDRÉE SAINT
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 20 février 2015 23:32:45

LA MATERNITÉ ANDRÉE SAINT


Mme Andrée Saint, épouse du Résident général Lucien Saint, pose le lundi 19 mai 1930 à 11h00, la première pierre de la future maternité de Fès, après avoir placé dans cette pierre une médaille en argent commémorant l’évènement.

La cérémonie a lieu, sous la présidence du Résident général et de S.E. le Pacha Tazi, en présence de M. Vimal, contrôleur civil et chef des Services municipaux, de MM. Laurans et de Tremaudan, adjoints municipaux, Baudrand, président de la Chambre mixte, Rose et Bernard du 3ème collège, du Président Lidon et du procureur Ambialet, et des docteurs Salinier, Gravot et Colin.
La construction de l’immeuble est confiée aux entrepreneurs Scandariato et Simone.

Préalablement, c’est lors d’une visite à Fès de Mme Saint, qu’il a été décidé, « sur le terrain, le 29 mars 1930, à 11h20 » ! que le bâtiment serait construit de façon à ce que la façade soit parallèle au mur du Palais du Sultan, avec un jardin à l’avant et derrière , sur un terrain de 10 000 m2.
Le devis avait déjà été établi par M. Ambrosini, ingénieur en chef des Travaux municipaux de Fès, pour un montant de près d’un million et demi de francs.
L‘emplacement choisi, dans le Nord-Est des terrains de l’Aguedal extérieur, a posé problème dès l’origine.

En effet, on peut lire, dans un article du 2 mars 1930 du Progrès de Fez :
« Une note circulaire communiquée aux grands journaux, nous fait part de l'intention de Mme Saint, de créer une maternité à Fez, une maternité moderne répondant aux dernières conceptions de l'hygiène et du confort …
« L'on a décidé la création de cette maternité dans le Nord-Est des terrains de l’Aguedal extérieur ; cet emplacement sera bordé au Nord par la route qui longe la muraille encerclant l’Aguedal ; à l’Est par le boulevard Moulay Youssef et au Sud par la voie ferrée.
« Cet emplacement convient-il bien à la maternité ? Il est certain qu'il est central et accessible.
« Si nous examinons le revers de la médaille, nous croyons que cet emplacement va à l'encontre d’une décision de la Commission municipale ou tout au moins de l'avis émis par le rapporteur du budget, rapport approuvé par la Commission municipale.
« Cet emplacement se trouve encerclé par trois rues, boulevard ou voie ferrée c'est-à-dire dans un quartier bruyant et poussiéreux.
« Autre objection: la construction de la maternité dans le jardin Gide ne va-t-elle pas sonner l'enterrement du projet de construction de l'Hôpital civil sur le plateau de Dahar Mahrès ? alors que cette construction édifiée à côté de l'Hôpital civil inciterait vraisemblablement nos dirigeants à en hâter l'exécution.
« L'emplacement de l’Hôpital civil est certainement on ne peut mieux choisi, pour un établissement de ce genre ou une maternité : isolement, belle vue, aération, etc … On peut, peut-être lui reprocher son éloignement relatif à la ville. À l’heure actuelle avec les moyens de transports dont nous disposons, faire 200 m ou 2 kilomètres est sensiblement la même chose ; d'ailleurs beaucoup de dames vont faire leurs couches dans d'autres villes à Rabat par exemple. On ne peut donc retenir la distance qui sépare la ville nouvelle de l'emplacement de l'Hôpital civil comme un inconvénient sérieux.
« La maternité à côté de l'Hôpital civil et dans des pavillons isolés bénéficiera des moyens puissants de l'organisation des services généraux et du personnel de cet hôpital.
« C’est à considérer, aussi avant d’engager des dépenses importantes - il faudra bien compter plus de deux millions pour la création de la Maternité de Fez - il serait peut-être bon de voir si l’emplacement envisagé répond bien à toutes les nécessités et aux conditions exigées pour ce genre d’établissement ».

Le Service de l’Hygiène avait, également, donné à l’époque un avis défavorable pour l’édification de la Maternité, sur l’emplacement retenu et validé par Mme Andrée Saint.
( je n’ai pas trouvé l’argumentaire étayant l’avis défavorable du Service de l’Hygiène).

Je n’ai pas non plus la date exacte de l’ouverture de la Maternité.
Le 17 octobre 1930, le Président de la République française Gaston Doumergue, lors de son voyage au Maroc et de sa visite à Fès inaugure la Maternité Andrée Saint en précisant dans son discours qu’il a souvent dû inaugurer des bâtiments qui étaient à peine commencés … mais que pour cette maternité les travaux sont presque achevés ! Déjà le nom de « Maternité Andrée Saint » est posé sur le frontispice !

La Maternité de Fès a dû ouvrir dans le courant de l’année 1931 … sans plus précision, pour l’instant : si certains d’entre vous sont nés dans cette maternité vers 1931, merci de nous le dire !
Le 11 décembre 1931, les autorités municipales - Pacha Tazi et M. Lemaire, chef des Services municipaux - viennent visiter la maternité et sont reçus par M. Barraux, président du Comité-directeur de la maternité, assisté des docteurs Salinier et Bajat ; le 26 décembre 1931, le Résident général de la zone espagnole, en visite à Fès, vient lui aussi, en visite, à la maternité. On ne devait pas être très loin de l’ouverture …

Le 30 janvier 1932, Mme Andrée Saint se félicite de l’existence de cette maternité qui rend de grands services aux futures mères européennes et précise :
« La même faveur va être incessamment étendue aux femmes indigènes de la Médina. Tout d’abord une Maison de visite va être ouverte en Médina et les femmes musulmanes qui le voudront pourront se faire visiter par une sage-femme française. Si elles en expriment le désir un médecin pourra leur donner avis et soins. Les femmes musulmanes semblent accueillir cette initiative avec vive faveur car quatre sont allées à la Maternité de la Ville-nouvelle pour accoucher selon les nouvelles méthodes ».
Elle voit dans cette mixité future un renforcement du rapprochement franco-marocain.


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En pratique cette Maternité de Fès n’a jamais rendu les services espérés et, peu fréquentée à cause de ses tarifs, elle ferme en février 1935.

Sous le titre «  La ruineuse maternité de Fez » Marcel Bouyon le 17 février 1935 écrit dans le Progrès de Fez : « Nous sommes loin des enthousiasmes provoqués par l’inauguration de la Maternité ; cet établissement luxueux - trop certainement - vient de fermer ses portes pour mettre fin - momentanément - à une exploitation ruineuse …
« Bref, la Maternité fut édifiée sans se préoccuper des conditions onéreuses de sa construction et de son exploitation. L’installation électrique dispendieuse - 60 000 francs par an - a porté le prix de revient de la journée d’hospitalisation à 112 francs par jour. Tarif prohibitif et ruineux ».
( nous avons vu qu’à l’Hôpital Auvert les tarifs les plus chers, en chambre particulière étaient en 1935 de 54 francs la journée).

Il poursuit : « Il nous semble que cette maternité était dotée d’un conseil d’administration ? Qu’à-t-il fait ? Il n’a donc rien vu, rien contrôlé, rien administré ? ».

Le journaliste pointe des dysfonctionnements administratifs, des malversations financières, des abus dans les facturations du consommable sans que personne ne s’en soucie.

«  Nous croyons que c'est à la suite de l'inspection du directeur du Service de santé et avec l'assentiment de la Municipalité que la Maternité a été provisoirement fermée. Nous voulons espérer que dans la nouvelle organisation, l'on saura éviter les critiques auxquelles ont donné lieu l'exploitation antérieure et que l'on arrivera à trouver une formule pour concilier les intérêts des hospitalisés et des contribuables - car ce sont toujours les contribuables qui font les frais de tous les abus, de tous les gaspillages et de toutes les complaisances …

«  Et comme la Maternité s'avère trop spacieuse pour la ville de Fez, un ami nous suggère la combinaison suivante:
« Pourquoi n’envisagerait-on pas dans cette Maternité, un organisme qui sauvegarderait à la fois les intérêts des malades et ceux, légitimes du corps médical ?
«  Pourquoi les médecins de la ville n’envisageraient-ils pas la création, à frais communs, d’une maison de santé médico-chirurgicale où ils pourraient recevoir et traiter leurs malades.
« Ou bien, si actuellement, ils n'ont pas les moyens de se lancer dans des dépenses aussi élevées, pourquoi le protectorat n'envisagerait-il pas la création d’un pareil établissement ? La Maternité actuelle pouvant parfaitement recevoir une telle affectation, en raison de l'importance de ses bâtiments.
« Nous croyons que, sans nuire à son fonctionnement, il serait possible d’en affecter une partie à la création d'une maison de santé médico- chirurgicale. Tout s’y trouve, salles de malades, salle d’opération, matériel
« Les malades aisés pourraient y être admis, soignés et opérés par leur médecin ordinaire, car tous les médecins auraient la possibilité d’y faire entrer leurs malades.
« Sur les sommes payées, une partie serait réservée à l’administration pour la couverture des frais d’hospitalisation, d’amortissement du matériel … etc… et le reste serait attribué aux médecins traitants … ».
« Cette formule est appliquée en France dans de nombreuses villes ; elle aurait l'avantage de sauvegarder les intérêts de tous et de donner satisfaction à tout le monde.
« Dans tous les cas, l'on ne peut continuer sur les errements anciens et, si l'on ne se lance pas résolument vers des réalisations pratiques et urgentes, les abus signalés à la Maternité et dans quelques dispensaires, se reproduiront infailliblement avec leur cortège de suspicion qu’il importe d'éviter à tout prix ».

Les conditions de la fermeture de la Maternité ont fait l’objet de « passes d’armes » dans les journaux locaux, quotidiens ou hebdomadaires, chaque journaliste ayant son avis sur le sujet et prenant parti pour l’une ou l’autre des personnalités locales impliquées à tort ou à raison dans ce qui était qualifié de scandale, d’erreur, d’échec.
Voici quelques titres :
- La ruineuse Maternité de Fez
- L’erreur de la Maternité de Fez
- Le scandale du jour : La Maternité Andrée Saint ferme … Signe des temps … ? Conséquence d’une imprévoyance coupable …? De fautes graves … administratives ? De combines …? Nous ne le savons point … Femmes ! vous n’aurez plus le droit d’être mères sans risquer Auvert …

Des solutions sont proposées pour « corriger les erreurs commises » qui reprennent d’ailleurs l’idée avancée par certains dès 1930, d’inclure la Maternité dans l’enceinte de l’Hôpital Auvert:
« Le nouvel Hôpital Auvert va ouvrir ses portes dans trois mois. Admirablement situé, ce sera un hôpital modèle. La direction administrative sera assurée par un administrateur civil - on en cite déjà le nom - ; il est prévu pour 375 lits dont 125 réservés à l'élément civil. La moyenne des civils hospitalisés est de 60 par mois environ. Il y a donc de la place de reste.
« Pourquoi n’affecterait-on pas un pavillon de l'hôpital Auvert à la maternité ? Elle bénéficiera là-haut de tous les avantages d’un établissement installé et organisé : personnel médical et administratif, infirmiers, service des cuisines, de la pharmacie, de la lingerie, chauffage,éclairage etc.. Elle pourrait fonctionner là économiquement et dans des conditions tout au moins égales de confort et de sécurité.
« La maternité Andrée Saint sera toujours onéreuse, toujours un gouffre, quoi que l'on fasse en raison de son isolement et de la conception grandiose qui a présidé à sa création. Nous avons actuellement une occasion unique pour réparer cette erreur.

« Et les bâtiments de la maternité qu’en ferez-vous ? » allez vous me dire. Il sera extrêmement facile de retrouver une utilisation avantageuse, une utilisation qui au lieu d'être onéreuse pour les contribuables de Fès, pourra leur procurer une économie de dépenses de plus d'un demi-million par an. Nous en reparlerons un jour prochain et souhaitons que notre Commission municipale veuille bien s'intéresser à cette importante question ». M. Bouyon Progrès de Fez ( 3 mars 1935).

Fermée depuis février 1935, il apparaît rapidement que la Maternité Andrée Saint ne ré-ouvrira pas dans ses locaux du Boulevard Duclas. Depuis qu’elle est fermée … les femmes font toujours des enfants ! et lorsqu’elles n’accouchent pas à leur domicile, elles peuvent enfanter dans le nouvel Hôpital Auvert, d’abord dans la partie militaire, puis dans le nouvel hôpital civil, après la signature du dahir du Sultan du 27 avril 1935 qui donnait une existence légale à la partie civile ( elle n’ouvre en réalité que le 1er septembre 1935).

Les conditions de confort et de sécurité sont équivalentes à celles qui étaient proposées à la Maternité Andrée Saint. Une sage-femme, une infirmière, sous la haute autorité du médecin-colonel Salinier et deux aides soignantes suffisent à assurer le service qui nécessitait dix-sept personnes à la Maternité Andrée Saint. L’économie de personnel et de frais de gestion est donc sensible. L’idée de régler définitivement le sort de la Maternité et l’idée de regrouper, dans les bâtiments libérés, l’ensemble des services de la Municipalité, fait son chemin … efficacement puisqu’aujourd’hui encore l’immeuble de la Maternité héberge les Services municipaux de Fès.

Certains pour ménager les susceptibilités ont proposé de donner le nom de Mme Saint (qui a déjà quitté le Maroc) à un pavillon du nouvel hôpital. Je ne crois pas que cela ait été fait.

D’autres proposent de donner le nom du docteur Salinier à une salle de la future maternité de l’Hôpital Auvert. En effet le Dr Salinier dirigeait, avec une compétence indiscutée, l’ancienne maternité du premier Hôpital Auvert, et depuis la fermeture de la Maternité Saint, c’est lui qui assure « bénévolement » ( en plus de ses fonctions de chirurgien), la direction du service des accouchements du nouvel Hôpital Auvert. Les femmes ne tarissaient pas d’éloges sur les qualités humaines et professionnelles du Dr Salinier.

Je ne sais pas ce qu’il advint de cette proposition mais ce qui est certain c’est que dès l’installation de la partie civile de l’Hôpital Auvert à Dar Mahrès, le Dr Gaud, Directeur de la Santé et de l’Hygiène publiques déclare :
« Une maternité est prévue dans votre nouvel hôpital, elle doit être isolée tout en étant rapprochée du pavillon de la chirurgie, son emplacement envisagé se trouve dans la partie nord-est de l'hôpital.
Nous prévoyons une maternité de dix-neuf lits : une chambre commune de six lits, quatre chambres particulières à un lit, trois chambres à deux lits et trois chambres isolées pour malades infectées. Ce chiffre de dix-neuf lits nous paraît suffisant pour l’instant, si nous nous en référons aux statistiques de l'ancienne maternité Andrée Saint où le maximum des lits occupés fut de dix-sept avec trente cinq accouchements par mois ».
( cf notre post du 28 janvier 2015 sur l’Hôpital Auvert. [adafes.com])

La maternité a été installée à droite de l’entrée, beaucoup d’entre-nous y sont nés et les différents gestionnaires de l’Hôpital Ghassani ont régulièrement la visite des « anciens natifs d’Auvert ». Nous sommes toujours accueillis très gentiment. Nous les en remercions.

Texte réalisé à partir d'articles de journaux de l'époque: Progrès de Fez, La Dépêche de Fez et la revue L'Afrique du Nord illustrée



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Re: LA MATERNITÉ ANDRÉE SAINT
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: sam. 21 février 2015 21:23:33

LA MATERNITÉ "INDIGÈNE" ET LE DISPENSAIRE GYNÉCOLOGIQUE MUSULMAN



La Maternité Andrée Saint avait une annexe installée dans l’ancien Hôtel Transatlantique, place Gaillard - en face de la Poste du Batha -. La fermeture de la Maternité Saint, en février 1935, a entraîné, quelques semaines après, la fermeture de cette annexe au motif qu’il n’y avait plus d’argent pour payer le personnel de la Maternité Indigène ! qui dépendait de la Maternité de la ville nouvelle.
À la vérité, cette fermeture ne fut effective que pendant quelques jours, le temps de régulariser une situation administrative imprécise et d’assurer à la nouvelle formation des ressources régulières et normales.

L’annexe musulmane de la « Maternité Andrée Saint » est devenue le « Dispensaire Gynécologique Musulman », géré et administré sous la direction du Service de Santé et d’Hygiène Publiques et qui a globalement repris l’activité précédente. Une doctoresse - Dr Juillard - est à la tête de cette formation qui comprend en outre une infirmière diplômée française, une secrétaire-interprète et trois femmes de service.
Ce personnel devrait rapidement se révéler insuffisant et il est prévu de renforcer personnel et équipements au fur et à mesure des besoins.

Ce dispensaire est en quelque sorte une antenne féminine de l’Hôpital Cocard - hôpital indigène -, avec lequel il y a une liaison constante chirurgicale, médicale et biologique.
En 1935, une Maternité « indigène » ne peut se comprendre qu’en tant que formation hospitalière car l’idée d’accoucher hors de chez elles est une idée qui répugne encore aux femmes musulmanes et à leurs familles.

Le but du dispensaire est de soigner les innombrables « blessées du ventre » et de leur éviter une stérilité définitive. Il est aussi maternel en ce sens qu’il se propose de lutter contre l’importante mortalité infantile en faisant de la prophylaxie pré-natale, en suivant les femmes dès le début de leur grossesse jusqu’au terme ; son rôle est aussi de prévoir les accouchements difficiles ou impossibles naturellement et éviter ainsi aux futures mamans les manoeuvres dangereuses et parfois mortelles des matrones.
Il est aussi dans ses buts de traiter les femmes atteintes de syphilis - appelée parfois « la grande avorteuse » -, de leur permettre d’avoir des bébés en bonne santé, de les conseiller, de suivre le nourrisson, de le traiter au besoin.

À plus long terme, le Service de Santé et d’Hygiène publiques, envisage la formation de sages-femmes marocaines - une école sera d’ailleurs ouverte à l’Hôpital Cocard - qui iraient à domicile accoucher les femmes musulmanes suivant les techniques modernes au lieu des pratiques empiriques, moyenâgeuses pour certaines, qui sévissent encore.

Le Dispensaire gynécologique musulman assurait, en 1935, 1200 à 1500 consultations par mois … preuve qu’il répondait à une nécessité.

Sa situation, place Gaillard, surtout si l’on voulait que le Dispensaire évolue vers une maternité, n’était pas satisfaisante : lieu bruyant et passager, il renforçait les réticences des marocains à y envoyer leurs femmes pour accoucher.
Quand l’Hôpital Auvert a été transféré à Dar Mahrès, on envisage d’installer la maternité « indigène » dans les locaux ainsi libérés : trois pavillons avec jardin, arrosé par une dérivation de l’Oued Fès, une végétation luxuriante, un quartier tranquille, d’accès facile et discret étaient des atouts non négligeables pour une maternité.
Les jardins et les pavillons de l’ancien Hôpital Auvert font retour, comme prévu, à la famille Bennis, sauf les pavillons où logeaient les religieuses : la Maternité « indigène » s’y installe en juillet 1936 … mais je n’ai pas davantage d’informations , pour le moment !

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Re: LA MATERNITÉ ANDRÉE SAINT
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 17 mai 2015 17:37:10

LE DISPENSAIRE GYNÉCOLOGIQUE MUSULMAN EN 1937

J'ai trouvé cet article de Mme le docteur Juliard dans "Hygiène, Médecine et chirurgie au Maroc" - 1937 - qui confirme l'implantation du Dispensaire dans une partie des locaux laissés vacants par le transfert de l'hôpital Auvert.


"Le dispensaire gynécologique musulman est une nouvelle formation de la Santé et de l'Hygiène Publique, datant d’un peu plus d'un an, et réservé aux musulmanes seules.

Du fait des circonstances, il est uniquement composé d'un personnel féminin, ce qui n'est pas pour déplaire à certains fasi.

Les malades y viennent nombreuses - une centaine environ par matinée - et en attendant d'être examinées, elles aiment à se réunir et à palabrer dans le cadre verdoyant des jardins de l'ancien hôpital Auvert.

En dehors des consultations et des soins gynécologiques proprement dits qui forment la base de l'activité du Dispensaire, il existe une consultation des maladies vénériennes, dont les malades viennent assez régulièrement se faire traiter ; et une consultation prénatale où les femmes sont suivies jusqu'au terme de leur grossesse.

Le cas échéant, à toutes celles-là, on ne peut refuser une consultation de médecine générale lorsqu'elles la demandent.

Par ailleurs, une consultation d'enfants y est aussi adjointe ; car les mères trouvent naturel et commode la consultation familiale.

En somme, le dispensaire gynécologique musulman est un centre féminin, ou plutôt un centre maternel qui est en liaison constante avec l'hôpital Cocard tant au point de vue chirurgical, médical que bactériologique.

Parmi les consultantes, il est curieux de noter la proportion importante de femmes stériles, ou qui se croyant enceintes depuis plusieurs années d'un « enfant qui dort » viennent demander une confirmation scientifique de leur croyance parfois intéressée.

La stérilité est bien le drame féminin de l’Orient.

Le personnel comprend en plus du médecin, deux infirmières françaises et une infirmière indigène. A l’exemple de cette dernière, une jeune équipe d’infirmières indigènes pourrait être constituée et celles-ci deviendraient à l'instar des visiteurs de l'Enfance et des visiteurs de l'Hygiène de précieuses auxiliaires pour la lutte contre l'effroyable mortalité infantile de la Médina Elles pourraient être appelées à faire des accouchements normaux à domicile, à diriger les dystociques sur l' hôpital et remplaceraient avantageusement les matrones actuelles à l'empirisme moyenâgeux. Elles pourraient encore faire aux malades des causeries en langue arabe sur des questions élémentaires de puériculture et d’hygiène.

Pour l’instant, le Dispensaire se contente de traiter et de distribuer gratuitement les médicaments. Largesses obligatoires, car il est rare qu'un mari dépense pour soigner sa femme et même dans les familles aisées, peu nombreuses sont les favorisées qui bénéficient d'un tel avantage.

Aussi le nombre des malades qui le fréquentent s’augmente chaque jour témoignant ainsi de l'intérêt qu'il suscite parmi les femmes de la Médina"

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Dr M. Juliard, de la faculté de Lyon, diplômée de Puériculture, Hygiène et Médecine coloniale. Médecin-chef des Dispensaires gynécologique et musulman.

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