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Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 4 novembre 2008 12:06:27

En ces temps de Toussaint, il m'a paru intéressant de donner quelques informations -parcellaires – sur les cimetières européens de Fès.
Je compte sur les anciens fassis pour complèter ces informations.

Le premier cimetière, dit « cimetière international » (ou parfois mentionné sur les plans sous le nom de « cimetière chrètien », date de la fin du 19ème siècle ou tout début 20ème (je n'ai pas la date exacte) et était situé près de la Msalla es Soltane, au nord-ouest de la Casbah des Cherarda. Il avait une superficie d'environ 1350 m2 et était prévu pour recevoir un peu plus de 200 sépultures .
En 1916 il comptait 46 tombes.
La tombe n°1 est celle d'un anglais David James Cooper. Dans son livre sur la vie quotidienne à Fès en 1900 Roger Le Tourneau, écrit qu'un « missionnaire, l'anglais Cooper, fût assassiné en 1902 près du mausolée de Moulay Idriss par un fanatique qui avait décidé de tuer le premier européen qu'il rencontrerait». On peut penser que le peuplement du cimetière date de cette époque.

Je n'ai pas trouvé d'autres renseignements sur la vie de ce cimetière pendant le protectorat, mais en 1953 le contrôleur d'arrondissement de Fès-Djedid-Mellah attire l'attention du chef des services Municipaux sur « un petit enclos isolé» qui se trouve être le cimetière international. Les tombes paraissent être abandonnées depuis longtemps déjà, et il ne semble pas que ni l'administration ni aucun organisme privé ne s'inquiète de leur mauvais état.La grille en fer forgé qui en protège l'accés est rouillée et en partie descellée, ce qui favorise la pénétration dans le cimetière et les dégradations.
Des ordres sont donnés au moqadem de la Casbah ben Debbab pour qu'il exerce une surveillance afin que les tombes ne soient pas profanées et que les objets de pièté qui s'y trouvent encore ne soient pas dérobés.

Ce cimetière se trouvait dans la zone d'extension de la médina et le fonctionnaire auteur du courrier demandait si des mesures soit de déplacement soit de conservation avaient été envisagées....ce qui laisse penser que rien n'avait été prévu.

J'ignore ce qu'est devenu de ce cimetière; quelqu'un a -t-il des infos?

Je joins une carte postale du cimetière de Dar Debibagh qui fût le 2ème cimetière européen, dont je parlerai plus tard.





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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 4 novembre 2008 14:30:52

Le deuxième cimetière européen de Fès est le Cimetière de Dar Debibagh

La Casbah de Dar Debibagh (ou casbah du petit tanneur) est un enceinte avec palais et mosquée construite dans les années 1700, devenue palais d'été du sultan et en 1911 premier campement des troupes françaises venues au secours de Fès (Colonne Moinier). Elle sera le centre des autres camps et casernes et c'est à proximité que sera installée la gare de la « voie de 60 ».

Le cimetière, d'abord essentiellement militaire, sera ensuite cimetière européen. Il est situé à l'ouest de la Casbah. Le Dr Auvert, tué lors d'un combat le 2 juin 1911,vers le Zegotta, sera probablement un des premiers inhumés.

Je ne sais pas comment les civils ont eu leur place dans ce cimetière militaire puisqu'il existait le cimetière international.

D'autre part au printemps1912 après les émeutes de Fès, certaines des victimes furent enterrées « dans un coin tranquille des terrains qui entourent l'hôpital Auvert » alors situé en médina. Le journaliste de « L'illustration » qui relate la cérémonie écrit que des sépultures ont été creusées dans une allée en contre-bas. Il précise que des tiges de fer, portant une simple plaque de zinc avec un numéro, marquent provisoirement le chevet des couches funèbres. L'adverbe « provisoirement » concerne -t-il le monument ou le lieu de l'inhumation? Y -a t-l eu quelques tombes dans les jardins de l'hôpital et jusqu'à quand?

Toujours est-il qu'en juillet 1916 le Commandant du camp de Dar Debibagh rend compte qu'il ne reste plus au cimetière de Dar Debibagh qu'un très petit nombre de places disponibles et que l'agrandissement de ce cimetière ne peut -être envisagé. Il demande qu'on lui fasse connaître l'état d'avancement des travaux du nouveau cimetière européen de Dar Mahrès et la date approximative d'ouverture.
Il n'est pas fait mention du cimetière international, déjà complet ou non utilisé?

Certains d'entre vous savent-ils ce que sont devenues les sépultures après la fermeture du cimetière de Dar Debibagh ? En quelle année le transfert a-t-il été fait?
Le Père Fabre, tué lors de la sédition de 1912, a son nom à Dar Mahrès, sur la tombe des franciscains, au cöté du Père Philippe Pimbert, décédé en 1936. S'agit-il d'une simple mention du nom ou y a t-il eu transfert de Dar Debibagh où je suppose qu'il avait dû être enterré?

Les démarches pour la création du cimetière de Dar Mahrès ont débuté en Février 1916.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 4 novembre 2008 14:55:35

Je fais en partie les questions et les réponses !

Je me suis souvenu avoir photographié à Dar Mahrès 2 tombes, il y a quelques mois: l'une concernait le transfert des ressortissants espagnols du cimetière international "Ben Debbab" le 10 octobre 1971 et il me semble pouvoir lire la date de la dernière sépulture en 1923.
L'autre concernait les ressortissants français et les dernières sépultures dataient de 1917.





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Pièces jointes: Dar Mahrès Ressortissants espagnols 2.jpg (430.7KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 4 novembre 2008 15:03:15

Il semble donc que le cimetière international n'a plus guère été utilisé à partir de la création de Dar Mahrès et que le transfert du contenu des sépultures ait eu lieu le 10 octobre 1971.

Le nom de chaque personne est inscrit sur les deux pierres tombales et correspond à la liste de noms des "présents" en 1916.

Je ne sais pas ce que sont devenus les restes des européens non français ou espagnols, car je n'ai pas souvenir d'avoir vu leurs tombes à Dar Mahrès. Ils ont probablement été rapatriés dans leur pays d'origine.





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Pièces jointes: Dar Mahrès ressortissants français 3.jpg (373.6KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 5 novembre 2008 01:17:27

Le 22 février 1916, le capitaine Georges Mellier, Chef du Bureau de Fez-Ville, demande au Mourabiq des Habous de se rendre avec lui sur un terain dénommé Feddou Moulay Brahim. Ce terrain fait partie des Habous du Maristan et est destiné à être le lieu où seront enterrés les soldats français et les européens.
Une parcelle de 244m de long sur 122m de large est choisie et délimitée; elle est évaluée à 1000 douros et une « rebta » de 200 douros en faveur des Habous a été fixée soit un total de 1200 douros. Sur un autre document le prix est de 5000 pesetas hassani et la rebta de 1000 pesetas.
La superficie est de près de 30 000 m2. Ce sera le cimetière européen que nous connaissons.

Les travaux ont commencé rapidement (le cimetière de Dar Debibagh est plein) et en juin1916 le mur de clôture est construit, la porte d'entrée sera posée en novembre. Une loge pour le gardien est demandée; le gardien sera un militaire chargé de la surveillance et de l'entretien, mais rapidement il sera fait appel à un gardien « indigène » qui habitera sur place.
En juillet un courrier envoyé au colonel Simon l'informe que les travaux d'aménagement sont en cours et que le cimetière pourra être utilisé dès le 1er août « avant si nécessaire ». Le 4 août 1916 une note signale que dans la parcelle réservée aux militaires quelques tombes sont déjà creusées et indiquent l'alignement à suivre.

En février 1917, le pacha de Fès signe un arrêté organisant l'espace, les conditions des inhumations, la durée et le montant des concessions.
Le cimetière est divisé en 10 sections de surfaces inégales, destinées aux militaires, et aux civils avec des concessions perpétuelles ou temporaires (5,10 ou 30 ans). Il est également précisé qu'à titre exceptionnel des inhumations pourront être faites dans la propriété familiale, en respectant certaines conditions.

Dès 1920, on envisage d'agrandir le cimetière qui risque de devenir insuffisant si la population européenne de la ville venait à augmenter rapidement ou en cas d'épidémie.
Il est prévu un accroissement égal aux dimensions existantes et de faire porter cette extension sur la face du cimetière du côté du terrain d'aviation.
En même temps on envisage l'aménagement d'un terre-plein devant l'entrée souvent sujette à encombrement quand les voitures sont nombreuses dans les convois ou pour les enterrements militaires avec troupes.
Le procés verbal de bornage est établi en mai 1920, et en décembre 1921 un terrain de 245 m de long et 125 m de large pour l'extension du cimetière et un terrain de 245 m de long sur 45 m de large pour la réalisation d'un terre-plein/parking sont acquis par voie d'échange , encore avec les Habous du Maristan pour 9375 francs. La superficie utile du cimetière est doublée.

Cette extension qui s'est faite du côté du terrain d'aviation a été l'occasion d'un litige avec le commandant de la 1ère escadrille du 37ème régiment d'aviation qui a fait remarquer-tardivement- en septembre 1921 que cette extension était préjudiciable à l'aviation et risquait d'être à l'origine d'accidents aériens. Les autorités civiles ont réfuté cette argumentation arguant qu'en 1920, lors des discussions préliminaires avec les Habous le représentant de l'aviation n'avait émis aucune objection à l'extension du cimetière de ce côté là. La ville a donc acquis le terrain tel que prévu.

Les prévisions d'épidémie ou d'accroissement de la population n'ayant pas été validées le cimetière initial (de 1916) s'avéra suffisant jusqu'au milieu des années 30.

C'est en fait l'aménagement du terrain d'aviation qui remet sur le devant de la scène l'extension du cimetière. Pour poursuivre le développement du terrain d'aviation en 1934-35 les autorités militaires demandent que la parcelle acquise par la ville en 1921, soit mise à leur disposition. Elles proposent en échange une parcelle à l'ouest du cimetière et prélevée sur le Camp Antic.

L'échange entre la municipalité de Fès (propriétaire de la parcelle destinée à l'agrandissement du cimetière) et l'état français (propriétaire de la parcelle du Camp Antic ) a lieu dans le courant de 1935, mais l'extension du cimetière ne pourra avoir lieu avant 1937 car les baraquements du Camp Antic, occupés par le 8ème Régiment de Tirailleurs marocains, devront d'abord être évacués et les soldats relogés.

Début 1935, certaines sections du cimetière étaient arrivées à saturation: il ne restait qu'une place dans le coin des enfants indigents, une quinzaine de places dans le secteur des adultes indigents, dans les concessions de 15 ans et dans le secteur des militaires indigènes. Des places étaient disponibles dans les concessions de 30 ans, les concessions perpétuelles et des militaires européens. Ne pouvant disposer du nouveau terrain avant 1937, il fallut réorganiser la répartition des différents carrés pour poursuivre les inhumations.

Je joins un extrait du plan concernant les différentes parcelles: en blanc avec les croix le cimetière de 1916, en bleu la parcelle acquise en 1921 destinée à l'extension et finalement échangée avec l'aviation. En rose, la parcelle récupérée sur le Camp Antic qui avec la partie blanche forme le cimetière européen actuel ( Il est cependant possible qu'actuellement une petite partie de la zone rosée ait été récupérée par la ville depuis quelques années).
On distingue également devant l'entrée la zone de parking acquise en 1921



Voilà les infos actuelles que j'ai collectées sur les cimetières européens de Fès, parmi les forumistes certains ont probablement d'autres éléments à nous faire partager.
Merci à eux!



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Pièces jointes: Dar Mahres projet echange2_Fes.jpg (256.5KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: BISBIS (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 5 novembre 2008 02:27:35

Mon Cher Georges,
On ne peut que saluer encore une fois la qualité de tes récits, et la description des lieux et événements, qui pour nous est une mine d'Or!!
On en redemande...!! Merci à toi de nous faire connaitre l'histoire de notre ville, et que tous ceux qui veulent y apporter leurs contributions n'hésitent pas !!
Le Président

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 7 novembre 2008 00:39:30

Quand je disais qu'une petite partie de la zone rosée avait été récupérée par la ville, je faisais une estimation modeste!

En allant sur:
[www.maplandia.com]
on peut visualiser le cimetière actuel et l'amputation est sensiblement de la moitié de l'extension de 1935-1937

Ne sachant pas copier la carte de maplandia ! j'ai hachuré sur un plan de Fès de 1953 la partie récupérée par la ville.

Sur cette portion de plan on constate que l'extension était limitée par la rue de Sidi Brahim (prolongation de la route d'Ain Chkeff) On voit également le chemin oblique venant de la porte située à l'angle des rues vers le monument (toujours existant) situé au centre du cimetière initial.
L'ensemble cimetière-avec les croix- et extension est entouré de rouge sur le plan

La partie récupérée par la ville l'a été, selon ce que l'on m'avait dit, avec l'accord des autorités françaises locales et a été utilisée pour la création d'un terrain de sport. Aucune tombe n'avait été faite sur cette partie

Pièces jointes: Cimetière.jpg (305.7KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 10 septembre 2009 13:34:28

Le mail de Dany nous envoyant le CR de l'AG, avec les débats à propos de SOS Cimetières du Maroc, m'amène à vous donner quelques éléments complétant les informations données il y a quelques mois concernant le cimetière international aussi appelé cimetière chrétien.

Ce cimetière est d'origine consulaire et son emplacement fut donné sur un de ces terrains, et en vue de son palais, par conséquent sous sa haute protection par Sa Majesté le Sultan Moulay Abd el Aziz en octobre 1902 et le même mois y était inhumé, le missionnaire anglais David James Cooper, poignardé à 28 ans, en plein centre de la médina.

Ce cimetière était régi par le corps diplomatique, et chaque consulat tenait à tour de rôle le registre des inhumations. Celles-ci étaient tarifées de cinq à dix réaux suivant le régime à temps limité ou à perpétuité.
Les dernières inhumations furent faites en 1923.

Le cimetière a longtemps été abandonné mais à la fin des années 40 un employé municipal était chargé de débroussailler le terrain et pour la Toussaint 1950 une visite a même été faite par quelques représentants de l'autorité ce qui n'avait pas eu lieu depuis des années.

En novembre 1947, le journaliste fasi Michel Kamm attirait l'attention de la population sur l'état de «fâcheux» abandon du cimetière. De nombreuses tombes sont vandalisées, beaucoup sont anonymes les inscriptions d'origine ayant disparu. Seule une vingtaine de tombes ont encore des inscriptions ou des éléments de piété.

Ces dégradations sont à l'époque imputées à "l'infâme bidonville voisin, la casbah ben Debab" qui aurait pillé "toutes les croix pour en faire du feu, tous les marbres et les pierres pour des usages indéterminés"
Le journaliste évoque la tombe du lieutenant instructeur William Redman de la mission d'instruction des troupes chérifiennes, tué à la bataille de mai 1912 à Hadjla Kohla.Il n'a pu recueillir de la pierre tombale que quelques fragments,"comme un puzzle" pour reconstituer l'inscription mortuaire.
Les tombes de deux autres instructeurs anglais de l'armée chérifienne, sont également "à peu près détruites".
Quelques tombes espagnoles des plus vieilles familles de Fès sont en meilleur état et semble fleuries occasionnellement.Il cite les noms de Carmen Hurtado, de Faustino Marquez, de Carmencita Rodriguez Pelayo.

C'est enfin un grec Constantin Miltiadis qui aurait fermé l'ère des inhumations consulaires.

Au total entre 140 et 150 personnes auraient été inhumées durant une vingtaine d'années dans ce cimetière.

C'est peut-être cet article qui a incité les autorités trois ans plus tard ! à visiter ce cimetière pour la Toussaint. L'intérêt de l'administration pour le cimetière est vite retombé puisqu'en 1953 un document fait état, à son sujet, d'un petit enclos isolé et abandonné depuis longtemps, se trouvant dans la zone d'extension de la médina et pour l'avenir duquel rien n'a été prévu.

L'oubli et l'incurie des autorités pour les cimetières semblent donc une attitude ancienne et à cette époque du protectorat, les représentants de la France (et des autres pays d'ailleurs) ne se sont pas montrés très actifs et efficaces pour s'occuper de ce cimetière.

Ce n'est pas maintenant, me semble-t-il, où les autorités consulaires ont déjà du mal à s'occuper des vivants que le sort des morts va les motiver. Il nous faut donc compter surtout sur l'action de nos associations et faire en sorte que nos actions soient concertées pour être plus efficaces. Nos morts ne s'en porteront que mieux !

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Re: Cimetière européen de Fès
Envoyé par: (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 11 septembre 2009 02:23:31

Salut Georges,
Comme toujours la précision de tes articles est terrible !Chapeau l'ami !
Il est certain (et nous en sommes convaicus!) que nous devons surveiller et être très attentifs à tout ce qui concerne le cimetière de Dar Mahrès. Notre bureau comme tu as pu le lire soutient cette action .
Amitiés DANY



2 modifications. Plus récente: 22/01/14 22:44 par jpb.

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Re: Cimetière européen de Fès
Envoyé par: catherine (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 19 avril 2010 18:03:55

J'habite à côté d'un espace entouré de très hauts cyprès, devenu terrain de foot pour les jeunes du quartier. On m'a dit qu'il s'agissait du cimetière des légionnaires. Cela se trouve dans le quartier Aït Skato, derrière la clinique Salam.Quelqu'un aurait-il des renseignements à ce sujet ?

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 19 avril 2010 19:58:19

Bonsoir Catherine,

Aït Skato doit être proche de la casbah de Dar Debibagh et dans la zone des anciens lots vivriers, Il y a donc de fortes chances que le terrain de foot soit le cimetière de Dar Debibagh, voir plus haut mon post de nov.2008.

Je ne sais pas quand ce cimetière a été supprimé et ce que sont devenues les sépultures. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu qq chose à ce sujet à Dar Mahrès. Enigme à éclaircir lors de mon prochain passage à Fès !

Je te joins un extrait du plan de 1938, qui te permettra de mieux situer les lieux et nous dire si c'est bien l'ancien cimetière visualisé sur le plan

Pièces jointes: Dar debibagh 2a.jpg (490.2KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: ChR (Adresse IP journalisée)
Date: lun. 19 avril 2010 22:10:35

Il me semble que tout a été transféré dans la partie militaire du cimetière européen.C'est ce que j'ai cru comprendre,mais je peux me tromper!! A plus ,Chantal

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: catherine (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 20 avril 2010 11:16:45

Les gens du coin disent que cet ancien cimetière, à côté de la Casbah, était surnommé le "Cimetière Sénégalais" parce que bon nombre de sénégalais y étaient enterrée. A moins qu'ils fassent référence aux Tirailleurs Sénégalais.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: ChR (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 20 avril 2010 11:42:52

C'était effectivement là qu'étaient enterrés les tirailleurs sénégalais. Jusqu'en 1967,à la Toussaint,après la cérémonie au cimetière de Dar Marhès ,une prière était dite sous les grands pins du cimtière "des sénégalais".Nous habitions rue de la Casbah et nous y allions à pied.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: catherine (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 21 avril 2010 10:37:14

Je vais prendre une photo du lieu, puisque les grands arbres existent toujours, mais le cimetière est devenu un terrain de foot pour les jeunes du quartier. Il est donc difficile de fixer l'image, puisqu'il y a toujours du monde.Mais on voit nettement le lieu si on va sur [www.maplandia.com].

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: catherine (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 22 avril 2010 12:16:40

Voici une première photo de ce qu'il reste du cimetière de Dar Dbibbagh.

Pièces jointes: moi2 018.jpg (550.5KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: catherine (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 22 avril 2010 12:19:08

Et une deuxième photo , avec la Casbah Dar Dbibbagh derrière.

Pièces jointes: moi2 022.jpg (546.1KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 22 avril 2010 16:09:53

Ta deuxième photo est plus "parlante" avec la casbah Dar D. en arrière plan;il nous faudra maintenant essayer de trouver la date et le lieu du transfert des sépultures.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 9 janvier 2013 17:36:28

Voici une photo aérienne du Camp de Dar Mahrès en 1919.



Au premier plan les casernes, en haut le camp d'aviation avec 3 hangars et quelques bâtiments.

Et à droite, à la jonction 1/3 2/3 le cimetière chrétien de Dar Mahrès, encore peu "habité" et sans l'extension (de 1937). On remarque la division du cimetière en 10 sections de surfaces inégales, destinées aux militaires, et aux civils avec des concessions perpétuelles ou temporaires (5,10 ou 30 ans).



1 modifications. Plus récente: 13/07/13 19:47 par jpb.

Pièces jointes: dar Mahrès b.jpg (49.8KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 13 janvier 2013 22:08:40

Le problème de l'entretien des cimetières n'est pas nouveau.

Voici un article de Michel Kamm dans le Courrier du Maroc du 17 juin 1951 concernant le cimetière de Dar Debibagh : « Récemment les membres du Medjless el Baladi étaient appelés à discuter des murailles et clôtures à implanter pour isoler et protéger les tombes des villes des morts qui, aux quatre coins de notre périphérie marquent la place des gisants.

On a suivi avec sympathie les arguments de ceux qui ont su plaider pour les morts et leurs enceintes que l'on veut décentes et surveillées contre le vagabondage et les profanations.

On est en droit de demander, pour nos morts de la ville nouvelle, et plus particulièrement pour les soldats qui n'ont personne ici que la piété publique, un traitement semblable.

Et c'est sur ces prémisses que j'évoquerai pour vous notre vieux cimetière de dar Debibagh, où sont tous nos anciens, ceux de 1911-1912 et ceux de la grande guerre, ce vieux cimetière où chaque année, le groupe toujours plus clairsemés des vieux Marocains va prier sur ces tombes, en demandant à ce que notre municipalité s'y intéresse.

Chaque ville a son haut lieu, ses dolmens, son Acropole, je n'ose dire son Golgotha, la ville nouvelle de Fès a ce vieux cimetière où à l'ombre des vieux créneaux de la Casbah, décor unique et combien adéquat, dorment ceux qui furent à l'origine et dont les noms nous parlent d'Histoire.

Ces noms hélas, tombent au sol des stèles croulantes ; ces plaques gravées se brisent et s'effacent, ces stèles vont en poussière, et le mur même de l'enceinte, ici et là démoli, laisse pénétrer le bétail et les bergers dépradateurs.

L'oeuvre des tombes militaires a fait ici comme au cimetière de Dahar Mahrès (où la réfection est à pied d'oeuvre pour 450 stèles) un travail patient et tout à fait disproportionné avec ses faibles ressources. J'y visitais hier avec deux officiers les travaux en cours et constatais le soin avec lequel on refait des stèles crevassées, car jadis armées avec de vieilles bandes rouillées de mitrailleuse Hotchkiss ; les médaillons sont replacés avec les noms de tirailleurs des Ahmed Ahmed, des Driss, des Bachir ; bientôt on passera aux carrés des soldats français, mais il est grand temps car les pluies de l'hiver, comme le brûlant ensoleillement de juillet effritent et font éclater le mauvais mortier et même le ciment armé par ces bandes rouillées.

Puisse notre municipalité faire pour ces morts oubliés, un geste généreux ; il faut peu d'argent, mais il en faut pour continuer cette urgente réfection ; nous tendons la main pour les morts et d'abord à l'édilité, puisque aussi bien le Medjless s'est rangé à cette doctrine que les tombes et leur protection étaient affaire municipale

Pièces jointes: 021-a Cimetière militaire b.jpg (482.5KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 13 janvier 2013 23:30:29

Le problème de l'entretien se pose encore en 1954 comme le montre un autre article du Courrier du Maroc du 23 mars 1954 …. une solution originale ! est proposée pour apporter une réponse efficace au problème.

Le printemps a déjà vertement pénétré le calendrier. Ne vous attendez cependant pas pour cela à lire sous ma plume une savoureuse bucolique copie des poésies de Virgile …

Ce même sujet est de par lui-même un peu triste mais ne croyez pas non plus que je me laisserais aller pour autant à des lamentations et des réflexions tant soit peu teintées de quelque humour. Il s'agit du cimetière de Dar Mahrès.

Si la venue du printemps a amené des vols de passereaux, de grives et de merles qui chantent dans les cyprès, chose agréable, il a également donné une vive impulsion de croissance à toute la végétation qui – laissée depuis longtemps vivante en son doux état de somnolence – s'est brusquement épanouie.

Les herbes envahissent maintenant les allées entre les tombes et les caveaux situés dans la partie gauche du cimetière. Lorsqu'elles n'apparaissent que sous l'aspect de fragile gazon, elles enlèvent à ce coin du séjour de nos morts un peu de son austérité. Mais hélas il n'en est pas partout de même. Un peu plus loin, la séguia qui entoure en partie les tombes des combattants de la pacification, tombes entretenues par le « Souvenir français », disparaît recouverte par une bande très dense de plantes semi-aquatiques.

Le cimetière militaire est en général propre, comme doucement illuminé par un gazon naissant qui fut semé pendant l'hiver sur ces pauvres tombes. On remarque cependant par endroits un envahissement de hautes herbes parmi lesquelles de gros paquets de mauves. Mais où cet envahissement intempestif des herbes et épineux sauvages se manifeste d'une façon vraiment déplorable, c'est dans la partie droite, au fond du cimetière, où se trouvent les tombes récentes. Une verdure exubérante parsemée de fleurs jaunes et de coquelicots, des massifs très denses d'une espèce de cosmos sauvages et des touffes de chardons impénétrables ont tout recouvert sous leur végétation à tel point que par endroits les tombes et les croix disparaissent.

Ceux que le souvenir d'un être cher conduit en cet endroit reviennent navrés de leur pieuse visite. « Ne pourrait-on mieux « tenir » notre cimetière ? ».

Il suffirait pour cela de veiller à ce que les quatre ou cinq préposés à l'entretien des tombes ne prennent pas le mot cimetière en son sens étymologique « koïmétérion » (dortoir) comme ils ont coutume de le faire, et au lieu de céder au doux farniente, respiré dans les effluves printanières, s'arment d'une faux et travaillent sinon consciencieusement, du moins un peu plus qu'ils n'ont l'habitude de le faire.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: dim. 17 mars 2013 11:39:12

Dans son discours lors de la cérémonie de l'inauguration des travaux de rénovation du cimetière de Dar Mahrès, Madame Amina Benouargha-Jaffiol dit que la première inhumation a eu lieu en 1903, ceci n'est pas exact car le cimetière de Dahar Marès date de 1916 (voir mes « posts » précédents).

Le 22 février 1916, le capitaine Georges Mellier, Chef du Bureau de Fez-Ville, demande au Mourabiq des Habous de se rendre avec lui sur un terain dénommé Feddou Moulay Brahim. Ce terrain fait partie des Habous du Maristan et est destiné à être le lieu où seront enterrés les soldats français et les européens.

Une parcelle de 244 m de long sur 122 m de large est choisie et délimitée; elle est évaluée à 1000 douros et une « rebta » de 200 douros en faveur des Habous a été fixée soit un total de 1200 douros. Sur un autre document le prix est de 5000 pesetas hassani et la rebta de 1000 pesetas.

Les travaux ont commencé rapidement car le cimetière de Dar Debibagh est plein, et en juin 1916 le mur de clôture est construit, la porte d'entrée sera posée en novembre.

En juillet 1916, un courrier envoyé au colonel Simon l'informe que les travaux d'aménagement sont en cours et que le cimetière pourra être utilisé dès le 1er août « avant si nécessaire ». Le 4 août 1916 une note signale que dans la parcelle réservée aux militaires quelques tombes sont déjà creusées et indiquent l'alignement à suivre.

Les premières sépultures datent donc de juillet/août 1916.

Le premier cimetière « chrétien » de Fès est le cimetière « consulaire » situé près de la Msalla es Soltane, au nord-ouest de la Casbah des Cherarda. Il avait une superficie de 1350 m2 et était prévu pour recevoir 212 sépultures. Son emplacement est situé sur un terrain donné, en octobre 1902, par Sa Majesté le Sultan Moulay Abd el Aziz , en vue de son palais, par conséquent sous sa haute protection. Le même mois y était inhumé, le missionnaire anglais David James Cooper, poignardé à 28 ans,le 17 octobre 1902, en plein centre de la médina. Sa tombe porte d'ailleurs le n° 1 (dans la liste en PJ, Nevic de Verdon, instructeur de l'armée du Sultan est donné comme décédé le 12-9-1902; il est probable qu'il ait été inhumé temporairement dans un autre lieu avant son transfert au cimetière consulaire où sa tombe porte le n° 3).

Ce cimetière était régi par le corps diplomatique, et chaque consulat tenait à tour de rôle le registre des inhumations. Celles-ci étaient tarifées de cinq à dix réaux suivant le régime à temps limité ou à perpétuité.

Les dernières inhumations furent faites en 1923/1924 (voir la liste).

En 1916, au moment de la création de Dahar Marès il y avait 46 tombes; les dernières inhumations furent faites en 1923/1924 (voir la liste). Au total 141 personnes ont été inhumées dans ce cimetière.
Une centaine de personnes a donc été enterrée après la création de Dar Mahrès, j'ignore pour quelle raison les inhumations ont cessé au cimetière consulaire en 1923, alors qu'il restait encore environ 70 emplacements disponibles.

Le transfert des tombes du cimetière consulaire de Ben Debbab vers Dar Mahrès s'est posé vers 1950, dans la mesure où le cimetière n'était ni utilisé ni entretenu. Les difficultés à trouver un accord entre la municipalité et les consulats concernés – personne ne voulait payer les frais de transfert !!- ont fait que le transfert n'a eu lieu qu'en octobre 1971 !

La liste des personnes inhumées au cimetière consulaire montre que ce cimetière fut surtout celui de la communauté espagnole (82 tombes sur 141) et que la presque totalité des inhumations après 1916 furent espagnoles.

On remarque aussi l'importance de la mortalité infantile : près de 40 % des décès pour lesquels un âge est est donné.

En PJ la liste des 141 personnes inhumées initialement au cimetière consulaire …. certains retrouveront peut-être le nom d'un parent ou d'une connaissance.

Pièces jointes: Liste personnes inhumées.pdf (61.1KB)  
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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 16 avril 2013 23:04:16

Dernières nouvelles - retrouvées !-du cimetière consulaire.

Un article du Courrier du Maroc du 19 février 1962 évoque une "heureuse nouvelle": des pourparlers ont lieu depuis quelques jours entre les services de la municipalité intéressés et une entreprise de pompes funèbres, en vue d'exhumer tous les corps encore inhumés au cimetière consulaire et de les transférer au cimetière européen de la ville nouvelle. Le vieux cimetière est abandonné depuis des années et la plupart des stèles et des entourages ont été saccagés, rendant difficile l'identification malgré l'excellent plan numéroté qui existe à la municipalité.

Le coût de cette opération, 100 DH par tombe, paraît élevé pour certains qui considèrent que les restes n'empliront guère plus qu'une boite d'ossements. Il faut donc obtenir l'accord des consulats impliqués pour réaliser le financement.

Le consul général de France aurait donné son accord pour le transfert des 21 tombes, les italiens (16 tombes) aussi. Reste à obtenir l'accord des espagnols (82 tombes), des suisses (3), des autorités grecques et portugaises chacune pour une tombe et des anglais (cinq tombes, car les tombes de la famille du consul Mac Léod ont été rapatriées en 1933.

Il faudra attendre encore près de 10 ans (octobre 1971) pour que le transfert soit effectif.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 18 juillet 2014 18:36:49

Je viens de trouver dans "Description de la ville de Fès" de Michaux-Bellaire en 1906 quelques éléments intéressants sur les cimetières européens de Fès

" un peu au dessus de la meçalla, à gauche,se trouve le cimetière européen" (Il s'agit de la Msalla es Soltane située au nord-ouest de la casbah des Cherarda)

" Ce cimetière n'a été concédé aux Européens par le Maghzen qu'en 1902" ( ce que nous savions déjà)

mais

" Jusque-là , les chrétiens qui mouraient à Fès étaient enterrés à " Ed Dhar El Mheraz" (la colline du mortier, pièce d'artillerie), au cimetière établi à cet endroit pour recevoir les Juifs morts hors de la ville et que les coutumes musulmanes, qui interdisent l'introduction d'un cadavre dans une ville, ne permettent pas d'enterrer au cimetière juif placé à l'intérieur des portes de Fès Ed Djedid"

" le nouveau cimetière européen a été inauguré peu après sa concession, par le missionnaire anglais, le docteur Cooper, lâchement assassiné par un fanatique devant la porte de la mosquée de Qaraouyin, tandis qu'il marchandait des nattes de Rabat, dont le marché se tient à cet endroit tous les vendredis.
Il a été suivi quelques temps après par M. Verdon , officier anglais au service du Sultan, qui se tua en tombant d'une terrasse où il aidait au gonflement d'un ballon que l'on voulait lancer pour une fête.
La mère du vice-consul anglais, morte en 1898, et qui avait été enterrée à Ed Dhar El Mahraz, repose également au cimetière européen où elle a été transportée.

Cette année (1906), le cimetière a reçu la petite fille de M. Campini, officier italien, employé à la fabrique d'armes du Sultan; le major Ogilvie, officier anglais, au service du Sultan comme instructeur de cavalerie, et qui est mort dans les premiers jours de juillet, et le jeune enfant d'un Français établi depuis peu à Fès. On y trouve également la tombe d'un sous-officier anglais"

"Le cimetière européen n'est pas entouré de murs, afin, dit-on, de ne pas attirer l'attention et de passer inaperçu "

Cette dernière phrase est à méditer par tous ceux qui veulent rehausser le mur du cimetière actuel de Dar Mahrès !!!

Plus sérieusement cet article est intéressant car il révèle - ce que j'ignorais totalement - l'existence d'un premier cimetière commun aux Européens et aux Juifs, morts à l'extérieur de la ville. Où était -il situé ? certainement pas à l'emplacement du cimetière actuel de Dar Mahrès .... à chercher.

La mère du vice-consul anglais était Bridget Mac Léod, qui figure dans la liste des inhumés (voir ci dessus article du 17/3/2013) sans date de décès mentionnée.

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: ven. 25 juillet 2014 14:29:59

Le Tourneau dans Fès avant le protectorat mentionne ce cimetière juif mais sans préciser qu'il servait aussi aux chrétiens:

" A noter que, si un juif mourait en dehors de la ville, son cadavre ne pouvait y être introduit; transgresser cette règle, c'était exposer le ville aux pires calamités (cette coutume vaut aussi pour la Médina et, selon M. Bensimhon, pour les communautés israélites d'Europe Centrale). Les juifs morts dans ces conditions étaient donc enterrés dans un cimetière spécial, situé sur la colline de Dahar Mahrès, face au mellah"
( Chapitre VIII Les moeurs du Mellah, la mort)

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Re: Cimetières européens de Fès
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mar. 24 mars 2015 19:05:28

A DAR MAHRÈS, PARMI LES MORTS

Article anonyme publié dans la "Dépêche de Fès" le 14 janvier 1934. Madame la générale Marquis épouse du Général, commandant la région militaire venait de décéder brutalement.



" Pour la première fois, nous avons voulu aller nous incliner devant une tombe là haut.
Ce que nous avions deviné à l’hôpital Auvert, à l'occasion de plusieurs visites à la suite d'accidents ou d'événements tragiques nous est confirmée ici:
« On n'a pas à Fès assez de respect pour les morts »

En effet, la misérable et sinistre morgue de l’hôpital, cachée dans un dédale de petites ruelles constituées par des bâtiments vétustes et disparates est indigne de l'importance de cet établissement tout en étant digne de lui.
L'hôpital Auvert peut être vieux, être une insulte aux lois élémentaires d’hygiène, un défi au siècle du radium il n'en demeure pas moins vrai que sa Morgue aurait pu très facilement et avec à peine quelque argent, être tout autre.
Il faut y avoir passé quelques heures par un temps de pluie pour s’en rendre bien compte … Que c'est lamentable d'accès ! Combien les abords et les alentours sont négligés ! Dépôt de vieux lits, de matériel plaqué à l'abandon un peu partout. Ça fait froid d'y penser !

Pourtant les morts payent … tout au moins leurs parents ou amis … quelqu’un enfin paye le séjour à l’hôpital, donc le séjour à la Morgue y compris.
Alors les morts sont volés et les vivants aussi ! Et comme cela dure depuis longtemps, il est certain que les choses continueront d'être ce qu'elles sont jusqu'à la fin de l'hôpital Auvert tout au moins.

(Je précise qu'en janvier 1934 l'Hôpital Auvert était encore à Bab el Hadid, il ne sera transféré pour sa partie militaire qu'en décembre 1934 et pour la partie civile en septembre 1935 )
[adafes.com]


Nous avons pu voir en Congo belge et au Congo français des Morgues rendues presque sympathiques par leur conception heureuse, leur netteté et le cadre de verdure dont on les avait parées. C'était aussi faisable ici et c’était un devoir de le faire car le respect des morts doit être en nous.


Nous avons donc été voir là-haut à Dar Mahrès une petite tombe fraîchement creusée. Nous n’avons pu voir la tombe, le cercueil ayant été transporté au Dépositoire du cimetière, ce qui nous a permis de nous rendre compte que vraiment le culte des morts que les Égyptiens poussaient à un si haut degré est chose inconnue de la part de l’Administration au moins.
Effectivement, les familles font bien les choses, et chacun selon ses moyens donnera à celui ou à celle qu'il pleure une sépulture décente ou belle.

Toutefois avant d'être mis en terre, ou avant de voir retomber sur eux la lourde pierre du caveau les cercueils sont placés au dépositoire.
Qu’est donc le Dépositoire de notre grand nouveau cimetière ? Voilà :
Une petite construction située à l'extrémité gauche du mur de façade. En entrant dans le cimetière j'avais cru que c'était l'endroit où les jardiniers et fossoyeurs mettent leurs outils et petit matériel à l’abri. Pas du tout … C'était le Dépositoire !
Une porte de bois misérable … La peinture en est depuis longtemps partie. Pas un signe extérieur de piété ou même de pitié envers ceux qui sont là … Rien, rien !
Entrons, car le temps est sec et permet d'accéder assez aisément à la porte. En temps de pluie, il y a un petit lac devant … De ce fait on a dû, car le dépositoire a été édifié sur une partie en contrebas, dernièrement creuser une rigole à la hâte pour laisser filer l'eau qui s'amasse là devant.

Entrons … Notre regard plonge dans un invraisemblable fouillis de couronnes, de fleurs qui empêchent quelque peu la porte de s'ouvrir et qu'on est presque obligé de piétiner.
Il y a là-dedans, dans une pièce de 3 m 50 x 3 m 50 environ, quatre grands cercueils et un petit et un amoncellement de couronnes mortuaires et de gerbes.
Tout de même, quelle opinion et surtout quelle impression voulez-vous que des gens arrivant de France ou d'ailleurs pour saluer un être cher, puissent avoir en voyant cela.
Contemplant ce misérable dépositoire, j'ai songé à celui du cimetière de Brazzaville sur la colline dominant le Congo. Là-bas, il est tout de pierre de taille blanche, surélevé de six belles marches de pierre. Son fronton en haut s’adorne d’une croix symbolique au-dessus de la belle porte d'entrée à double battants d'acier ornée de larmes d’argent. Sur les côtés de la porte, sculptées en lignes sobres, deux femmes en leurs robes de pierre, têtes penchées sous le voile de deuil, mains croisées, semblent les gardiennes de cette antichambre du suprême repos qu'est le Dépositoire. Car, tout Dépositoire est en somme cela.

Et pour cela justement, un Dépositoire ne doit pas ressembler à une cabane de cantonnier.
J’ai également fait la comparaison entre le ridiculement petit et misérable Dépositoire de Fès, ville de 10 000 Européens, et celui de Brazzaville ville de 1 000 Européens, du point de vue comparatif de l'intérieur des dépositoires de ces deux villes.
À Brazzaville, les cercueils dans cette salle éclairée de fenêtres ogivales étroites aux vitraux multicolores, y sont à l’aise. Les couronnes bien rangées. On a prévu pour les familles ou les amis visiteurs, la place pour s'y recueillir, de vastes bancs de granit pour s’y reposer.
À l’extérieur, même comparaison en faveur du Dépositoire brazzavillois entouré sur trois côtés d'une parure de verdure, couronnée par des arbres qui adoucissent l'implacable rigueur du soleil équatorial.
Brazzaville a le respect de ces morts. L'Administration de Fès donne l'impression de s'en fiche par contre superbement.


Après avoir refermé la porte légèrement déglinguée de cet asile minuscule où Madame la générale Marquis repose à côté de la petite Yvonne Vachet et d'autres morts dont nous ignorons les noms, nous avons parmi le cimetière promené nos pas à travers les tombes.
On est par moment tenté de s'écrier « Mais nos morts bougent ! … tant de tertres sont affaissés, de tombes en train de regarder de quel côté elles vont se coucher par terre. Le sol en mains endroits semble soulevé comme si les Morts en un suprême effort essayaient de sortir de leur dernière demeure !
Nous avons bien vite deviné la cause de cela. La construction du cimetière imposait un drainage rationnel du terrain et la possibilité d'évacuation des eaux de pluie. C'est à peine amorcé, en ce qui concerne l’évacuation, seulement du côté du quartier réservé aux Morts Militaires.
Aussi le sol étant saturé d’eau, la terre se gonfle, des affouillements autour des tombes se produisent et des tombes s’affaissent, s’enterrent. On en est frappé surtout si on se risque dans l'allée où se trouve la tombe d'un membre de la famille Gagnardot.

Nous avons été aussi frappé de ce que les allées sont très mal dessinées et en mauvais état : un sérieux effort d’entretien du cimetière s’impose et nous espérons que les autorités auront à coeur d’y porter remède ".

Une nouvelle fois, il est fait mention dans cet article de la passivité, du désintérêt ou de l'incurie de l'Administration française à l'égard des morts : «  le culte des morts que les Égyptiens poussaient à un si haut degré est chose inconnue de la part de l’Administration au moins »…. « L’Administration de Fès donne l'impression de s'en fiche par contre superbement ».

Mais l’indifférence est parfois préférable à une ingérence inadaptée … Adafès peut en témoigner !!

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cimetiere juif et europeen
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: mer. 8 juin 2016 10:38:26

Le 18 juillet 2014 je citait Michaux-Bellaire (voir post ci dessus) :

" Jusque-là (1902), les chrétiens qui mouraient à Fès étaient enterrés à " Ed Dhar El Mheraz" (la colline du mortier, pièce d'artillerie), au cimetière établi à cet endroit pour recevoir les Juifs morts hors de la ville et que les coutumes musulmanes, qui interdisent l'introduction d'un cadavre dans une ville, ne permettent pas d'enterrer au cimetière juif placé à l'intérieur des portes de Fès Ed Djedid"

et Roger Letourneau dans "Fès avant le protectorat" qui mentionne ce cimetière juif mais sans préciser qu'il servait aussi aux chrétiens:

" A noter que, si un juif mourait en dehors de la ville, son cadavre ne pouvait y être introduit; transgresser cette règle, c'était exposer le ville aux pires calamités (cette coutume vaut aussi pour la Médina et, selon M. Bensimhon, pour les communautés israélites d'Europe Centrale). Les juifs morts dans ces conditions étaient donc enterrés dans un cimetière spécial, situé sur la colline de Dahar Mahrès, face au mellah"

( Chapitre VIII Les moeurs du Mellah, la mort)

Lors de mon dernier séjour à Fès j'ai rencontré Elie Devico qui m'a fait découvrir ce cimetière ... devant lequel j'étais passé plusieurs fois sans le savoir : en effet il est situé sur la colline de Dahar Mahrès, en face du Mellah et au pied du récent Hôtel Sahrai.


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Sur la photo : au premier plan 4 tombes ; en arrière plan : l'Hôtel Sahrai



1 modifications. Plus récente: 08/06/16 10:41 par georges-michel.

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cimetiere juif et europeen
Envoyé par: georges-michel (Adresse IP journalisée)
Date: jeu. 9 juin 2016 08:42:43

Une autre photo, où l'on peut voir ... derrière les arbres !! le mellah

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Pièces jointes: IMG_4675.jpg (457.6KB)  
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