Date: mer. 16 avril 2014 17:28:50
Il faut savoir être patient !
J'avais acheté sur internet, en mars 2010, quelques photographies (Studio Gurtner rue de La Martinière à Fès) de l'Atelier Moderne d'Eugène Richard, mises en ligne aujourd'hui par JPB.
Dans mon post "81 rue de Savoie" je posais la question "Est ce que parmi les "Atlassiens" certains pourraient nous conter l'histoire de cet atelier?"
Quatre ans après nous avons une réponse grâce à Antoine Ricetti !!
Voici quelques informations en complément de celles données par Antoine.
La "commune libre de l'Atlas" dont il parle est l'héritière du Comité des fêtes de la Place Briand (devenue Place de l'Atlas à partir de 1941).
C'est le 20 juillet 1939 qu'est né le comité des fêtes de la place Briand. Ce comité a été constitué à la suite d'un appel à toutes les bonnes volontés dans le but d'édifier à Immouzer, une pouponnière permettant aux tout jeunes enfants de Fès, de ne pas avoir à souffrir des grosses chaleurs de la saison d'été
Il s'agissait d'organiser des manifestations festives pour recueillir les fonds nécessaires à la création de cet établissement. Dès la première année, deux journées de bienfaisance furent organisées, mais les évènements vinrent contrecarrer les projets du comité dont l'activité fut considérablement ralentie jusqu'en 1945 où il recommença à fonctionner normalement.
Le siège du Comité était le Café de l'Atlas, où était affiché un tableau de service répertoriant les fonctions et charges de chacun dans l'organisation des festivités. Des fêtes étaient traditionnellement organisées en avril, juin et octobre au profit de la pouponnière, celle du 14 juillet conservant son caractère strictement patriotique.
En juin 1950, M.Richard, maire de la Commune libre et M.Allard secrétaire du comité des fêtes pouvaient annoncer que le projet était en bonne voie de réalisation. Une partie des constructions sera réalisée avant l'été 1951 et permettra l'accueil des enfants. A la suite d'une visite médicale, les enfants jusqu'à 3 ou 4 ans , accompagnés de leur maman seront admis pour les 2 ou 3 mois de canicule. La Commune Libre interviendra par l'octroi de bourses pour permettre aux familles nécessiteuses de profiter quand même des bienfaits de la pouponnière.
L'autre action marquante de M.Richard rapporté par Antoine Ricetti est la réalisation du marché de l'Atlas.
J'ai retrouvé le rapport que M. Richard, conseiller municipal du quartier de l'Atlas, a soumis à la commission municipale, début juin 1945, au sujet de l'utilité d'un marché à l'Atlas.
Il rappelle d'abord que la nécessité de cette réalisation avait été reconnue en 1938, à la suite d'une étude préliminaire effectuée sous la direction de M. Maitre et que c'est la guerre qui a empêché la construction du marché.
" Prenons un plan de notre ville, plaçons deux centres, l'un au Marché actuel (Bd Poeymirau), l'autre à l'Atlas, tirons un coup de compas sur chacun de ces centres et faisons l'inventaire de la population comprise dans chaque cercle, alors vous ne serez pas surpris de voir que la population comprise dans le cercle formé, dont le centre serait l'Atlas représente 50% de la population de Fès Ville Nouvelle ".
Pour faire bonne mesure il ajoute les zones excentriques : Dar Mahrès, route d'Aïn Chkeff, les Zouaghas, les lots vivriers, route de Sefrou et Sidi Brahim. On a alors 60% de la population totale de Fès V-N.
A côté de cette démonstration quasi mathématique, Eugène Richard donne, pour emporter la décision, un argument de réalité. "Le temps précieux perdu ": " En effet il ne faut pas moins de deux heures à une ménagère active pour descendre faire son marché et retourner à son foyer. Ces deux heures pourraient être récupérées aux soins du ménage et à la surveillance des enfants ". A cette époque la ménagère … de moins de cinquante ans faisait le ménage … et n'avait pas de temps de cerveau disponible pour la réclame !
" Ce temps perdu et récupéré, est à lui seul suffisant pour imposer l'édification de ce marché … qui doit être prévu pour alimenter plus de 14 000 personnes "
Eugène Richard était un de ces citoyens altruistes et actifs, sensibles aux problèmes sociaux qui oeuvraient pour l'intérêt général de la population tout en donnant de la vie, du mouvement et de la bonne humeur à un quartier tout entier.
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Photographie qui faisait partie du même lot que celle de l'Atelier mais plus petite et de qualité moindre: photo d'amateur ? ou de Gurtner mais non retouchée ? Elle est prise le même jour que celle de la façade de l'atelier, M. et Mme Richard sont habillés de la même façon.