Le 13 décembre 2014

Nom, prénom: Louis ESCALLE
Adresse: Aix en Provence (13)
Lien: Lors du 100ème anniversaire d'Albert PIERSON le 9 novembre 2014, Louis Escalle lui a rendu hommage en faisant l'intervention ci dessous. Cet hommage est d'autant plus fort qu'Albert PIERSON est décédé quelques semaines plus tard. Voir l'avis [adafes.com] .
Délégation de publication: Jean-Pierre Bourdais

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Monsieur,

Monsieur PIERSON, Msieur LBIRT ! , Madame Suzanne !,
Je ne peux pas, je ne veux pas résumer en quelques lignes 100 ans d’une vie bien remplie. Mais je vais vous dire ce qui me rattache à vous.
Vous avez traversé un siècle extraordinaire, un siècle durant lesquels les progrès, l’évolution des techniques, des moyens de communication ont connu un développement explosif. Nous sommes passés du cheval de trait aux tracteurs climatisés, de la carte Michelin au GPS…….et aujourd’hui quand nous tapons Pierson Albert sur Google, nous avons une page entière sur la cérémonie du 21 juillet 2010, au domaine d’ESQUIRE, pour votre élévation au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.

Un sacré parcours pour ce petit enfant, ainé d’une fratrie de 3 garçons, né à ORAN en ce mois de novembre14.Vous êtes né au début de la guerre de 1914 et votre jour de naissance est le jour anniversaire du débarquement des alliés au Maroc, le 09 novembre 1942 !!!!

Le patronyme de PIERSON vient d’un ancien nom de baptême, lui-même dérivé de Petrus qui signifie le rocher ! ; plus jeune je croyais que votre nom était la contraction de « son » ou fils en anglais et de Pierre, soit pour moi « le fils de Pierre ou Pierson ! ».Petrus ou Rocher ou Roc cette étymologie peut vous caractériser ! Nom localisé dans la région champenoise et dans la région wallonne .
Nos familles ont eu peu de contact entre les années 20 et jusqu’à l’indépendance. A cette époque les familles qui venaient s’installer au SAÎS pensaient à défricher leur terre, à mettre en valeur cette belle terre nourricière…..
Au SAÏS vos voisins s’appelaient: Olmedo, Watrigant, Pollet, Dallet, Mazoyet, Bonnet, Galvez…..
A Douïet Bertin, Cariou, Heintz, Linares, Persidussere, Denis, Atge …….

Après l’indépendance, le nombre d’européens ayant chuté, nous nous sommes regroupés, et surtout l’été, autour de pique nique au bord des lacs.Nous nous retrouvions également à « l’aviation » où nous accompagnions, vous Noël et Elisabeth, nous Michèle et Madeleine et Hélène…….qui poursuivaient leurs études en France !
Puis Noël est « tombé » sous le charme de Michèle……et nos familles furent unies à jamais !

Mais, en fait, notre première rencontre eu lieu le lendemain de ma naissance, sur la place du marché, et vous avez été les premiers à qui Papa annonçait sa joie d’avoir enfin un fils !

Aujourd’hui Monsieur Pierson vous êtes le Père que j’ai perdu il y a 14 ans !
Vous êtes mon repère ( RE-PERE !)
Vous êtes un exemple pour notre génération.
Vous êtes ce que je ne serais jamais i.e. un ‘’grand Homme’’, au sens propre comme au sens figuré.
Grand par la taille ; grand par vos faits de guerre ; grand par votre exemplarité ; grand par votre gentillesse, votre rigueur ; grand par votre travail, votre sagesse, votre discrétion, votre respect de votre prochain. Grand par votre humilité !

Quand je vous regarde, je revois « grand-mère ».Vous êtes son clone. Pas ou presque de cheveux blancs. Une voix douce, un sourire franc mais timide. Des rides d’expressions, des rides creusées comme les sillons que vous avez su tracer dans cette terre du Saïs…………

Au décès de votre Papa, à l’âge de 13 ans vous êtes devenu le plus jeune colon du SAIS. (Ce n’est peut-être pas un hasard si aujourd’hui vous êtes le denier survivant).Avec l’aide d’un voisin et l’aide de vos ouvriers Marocains, vous avez su mettre en valeur cette terre et vous avez secondé votre maman pour élever vos deux jeunes frères, Georges & Jean.
Vous êtes un dinosaure (avec tout le respect que j’ai pour vous) !
J’allais oublier eh oui, votre fabuleuse mémoire et vos connaissances encyclopédiques ...

Vous avez construit, vous avez planté, vous avez semé puis récolté pendant des décennies. Je ne vous ai jamais entendu vous plaindre. Même quand vous évoquez des moments difficile, comme la mort prématuré de Monsieur votre Père, vous le faites avec sérieux mais sans exprimer votre tristesse. En fait vous épargnez à votre entourage toutes vos souffrances…..
Cent ans résumé ainsi, c’est un survol de votre vie.
Mais, Monsieur Pierson, que seriez vous devenu sans Suzanne.
Suzanne et Albert deux destins dont les itinéraires devaient se croiser.

Mme Pierson, est aujourd’hui dans son monde à elle……J’aime à imaginer qu’elle pilote un petit Jodel, qu’elle survole la plaine du SAÏS avec ses vergers, ses oliviers, ses vignes, les lacs volcaniques, qu’elle se souvient des parties de pêche,…….Suzanne n’était pas la dernière pour faire des farces, pour taquiner…..

Madame votre parcours sur cette terre est tout aussi brillant que celui de votre mari.
Jeune fille des villes, vous êtes devenus une femme de la campagne qui a su mener avec Madame mère les fermes durant toutes les années de guerre…
Vous auriez pu prétendre devenir une gloire de l’aviation française, comme Hélène Boucher, Maryse Bastié ou jacqueline Auriol….
Vous vous êtes mis dans la peau d’une femme de COLON, à travailler, conduire les hommes au travail ou conduire le tracteur comme un homme. Vous forciez le respect chez les autres colons. De retour en France vous avez continué avec abnégation ce travail de Fourmies.
Vous avez partagé avec Albert la même curiosité pour votre environnement, vous aimiez la photo, vous aimiez la vitesse, les voyages….

Je terminerai en rappelant l’expression de Papa, quand nous descendions d’Immouzer ou d’Ifrane et que Suzanne nous doublait en voiture, Papa vous apostrophez en vous disant : ‘’ INTA KIFKIF TAYARA’’ ce qui veut dire « tu es aussi rapide qu’un avion »
Mille et un bisous affectueux à tous les deux.

Louis le 09 novembre 2014.



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